Sciences

Sortir des labos sans lâcher la recherche

Avec blouses blanches, banderoles et micros, les Scientifiques en rébellion s’enchaînent à des ponts et repeignent des banques afin d’interpeller la société sur les énergies fossiles ou la biodiversité. À l’occasion de la publication de « Sortir des labos pour défendre le vivant », Terrestres s’entretient avec trois membres du collectif sur la posture des scientifiques et le sens de la recherche.

Un regard vers la terre

En 25 ans, plus d'un tiers des vers de terre ont disparu des sols anglais... mais le déclin est mondial. Qu'en aurait pensé Darwin, qui a consacré la fin de sa vie à leur étude ? Retour sur son dernier grand livre, « La Formation de la terre végétale par l’action des vers », avec un texte de Patrick Tort, spécialiste du scientifique anglais.

Polluer, c’est coloniser

Les images de déchets à la dérive dans les eaux marines ou de bouts de plastique extraits de ventres d’oiseaux sont emblématiques de la pollution. Le cœur du problème est pourtant absent du tableau : c’est la colonisation et ses multiples formes, ainsi que l’affirme Max Liboiron dans un livre important, à la fois enquête et manuel.

Dépolluer la Terre ?

La dépollution consiste à nettoyer les sols et les eaux de leurs contaminants. Mais peut-on vraiment dépolluer les souterrains ? On peut en tout cas le prétendre, comme le démontre cette enquête menée depuis l'intérieur, qui dresse l'état des lieux des techniques et analyse les discours du monde de la dépollution, entre science et business.

La bananisation des Antilles, histoire d’une colonisation agricole

9 Antillais·es sur 10 ont du chlordécone dans le sang. Dans « S’aimer la Terre », Malcom Ferdinand raconte l’histoire hautement toxique et profondément coloniale de ce pesticide associé à la culture de la banane. L’extrait que nous publions retrace la mise au pas des humains et des écosystèmes par la France pour la banane d'exportation. La banane, un fruit made in impérialisme.

Qui a tué l’Anthropocène ?

Le 5 mars dernier, le New York Times révélait au monde l’implacable verdict : les géologues ont voté contre l’officialisation de l’Anthropocène. Mais que nous dit vraiment cet évènement ? Le philosophe des sciences Pierre de Jouvancourt revient ici sur les conditions de ce vote et analyse les enjeux à la fois scientifiques et politiques de cette controverse.

Comment le patronat américain a promu le « libre marché »

Dans « Le Grand Mythe », les historiens Naomi Oreskes et Erik Conway proposent un récit édifiant des efforts déployés par le patronat américain, tout au long du XXe siècle, pour faire triompher une idéologie anti-État et pro-marché. Mais si la thèse est ambitieuse, sa démonstration demeure insuffisante.

L’ère de la standardisation : conversation sur la Plantation

Comment définir les activités agricoles et industrielles introduites au XVIe siècle, devenues désormais hégémoniques ? L'ère des plantations : une simplification radicale des milieux vivants et la généralisation du travail forcé. Dans cet entretien passionnant, deux figures majeures de la pensée écologique ouvrent leur boite à outils pour éclairer notre époque.

Vivre à la lisière des glaces

Un nouvel épisode des sons Terrestres dans lequel Virginie Maris explore, avec le glaciologue Jean-Baptiste Bosson, la vie fascinante qui peuple les glaciers, mais aussi celle qui s'installe peu à peu dans les écosystèmes qui succèdent à la fonte des glaces.

Aimer, connaître et défendre le glacier de la Girose

Comment mêler la description scientifique et sensible d'un territoire avec les attachements et les colères qui nourrissent les luttes ? Avec certains outils singuliers de la géographie, cet article explore — en mots, en cartes et en photographies — la possibilité d'un telle rencontre.

Les marqueurs du vivant : génétique et big data

Comment imaginer une pratique scientifique qui résiste aux impératifs de la croissance, du big data et de l'innovation perpétuelle ? Deux chercheuses en génétique des populations réfléchissent ici aux évolutions récentes de leur discipline et à ses devenirs possibles.

Penser et agir avec les microbes

L'utilisation des antibiotiques a sauvé de nombreuses vies. Mais le développement rapide de l'antibiorésistance entraîne le retour d'une létalité de maladies jusqu'ici guérissables. En voulant contrôler les microbes, le paradigme médical a contribué à l'éradication de riches écosystèmes. D'autres formes de thérapie appellent à inventer d'autres rapports et relations aux mondes vivants.

Les pratiques naturalistes au service des luttes

Quand des naturalistes pro et amateurs se retrouvent pour mettre leurs savoirs au service des luttes, c’est toutes leurs pratiques qui se trouvent réinterrogées et réinventées. Lors de leur premier week-end de rencontres, le podcast "Avis de tempête" a recueilli leurs réflexions, et le dessinateur Jean-Alfredo Albert a mis en croquis leurs échanges. Nous sommes heureux de nous faire l’écho de ces regards croisés.

L’appel des Naturalistes des terres

TRIBUNE – « Nous sommes les témoins directs du silence qui progresse. » Les naturalistes qui s'expriment ici, aux premières loges de la guerre menée contre le vivant, sont à la fois en détresse et dans une saine colère. Ils et elles appellent ici à réinventer leur mode d'action et à la mise en place d'une aide aux luttes locales. Voici un appel à s'organiser – et à les rejoindre – pour former de nouvelles alliances contre les extinctions en cours.

Cher·es ami·es archéologues,

Côté pile, le progrès des fouilles archéologiques enrichit comme jamais notre connaissance du passé. Côté face, le pays ne cesse d’artificialiser des terres. Ce progrès et cette catastrophe sont-ils l'avers et le revers d'une même médaille ? Que peuvent entreprendre les archéologues pour dissocier leur propre activité de la croissance du ravage ? A l’image des naturalistes en lutte, une archéologie en lutte pourrait s’inventer, du côté de la défense de la terre et des vivants.

Voir la nature comme un·e naturaliste : une contre-histoire de la modernité

Le geste inaugural de la Modernité résiderait dans l’instauration d’un divorce définitif entre la nature et la culture, d’où aurait découlé une franche distinction entre art et science. Ce diagnostic est-il si sûr ? Dans ce riche entretien, l'ethnologue V. Manceron et l'historien R. Bertrand invitent à la nuance. Des scientifiques du XIXe siècle aux amateurs d’aujourd’hui, ils convoquent ces naturalistes qui n'ont jamais cessé de décrire le monde dans sa pluralité.

Séminaire du 15 décembre 2022 : Comment les scientifiques se soulèvent face au grand ravage

Longtemps relégué·es à leur rôle de d'observateur·rices de la nature ou de sismographes des dommages qui lui sont infligés, certain·es scientifiques se soulèvent. Comment les enjeux climatiques et écologiques les conduisent-ils et elles sur le chemin des luttes ?

La pandémie et le climat

Par leur caractère mondial et systémique, la pandémie de COVID-19 et le réchauffement climatique ont ceci en commun de rebattre les cartes des attentes politiques collectives. Plutôt que d'établir une hiérarchie entre ces deux désastres, cet article analyse leur similitudes et s'interroge sur la manière de tirer certains enseignements de la pandémie pour la crise climatique.

Le concept de neutralité carbone est un piège

Peut-on sérieusement atteindre la neutralité carbone d'ici la fin du siècle ? Dans cet article retentissant, trois économistes du climat reviennent sur les principales étapes qui ont popularisé l'idée de compensation des émissions de CO2 comme moyen de limiter le réchauffement. Analysant les échecs successifs de cette approche pourtant hégémonique, ils montrent qu'elle repose sur des hypothèses technologiques de plus en plus extravagantes

Foucault entre Wuhan et l’Anthropocène

Accentuant les contradictions de notre monde, la pandémie de COVID-19 a suscité de vives polémiques dans le champ intellectuel, surtout à gauche. Dans ce contexte, la pensée de Michel Foucault a suscité des usages particulièrement divergents. Cet article revient sur ces polémiques, en montrant comment le philosophe peut, parmi d’autres, nous aider à sortir de certaines impasses contemporaines.

25 ans après : retours sur les Cosmopolitiques

Ouvrage majeur de philosophie des sciences, les Cosmopolitiques d'Isabelle Stengers ont été réédités en avril 2022 à La Découverte. Terrestres propose à ses lectrices et lecteurs la préface inédite écrite par l'autrice à cette occasion. Elle peut être lue comme une introduction à sa philosophie des sciences.

La niche climatique humaine

Si l’on peut ajouter des couches pour se protéger des grands froids, lorsque la chaleur devient insupportable, nous n’avons que notre peau à retirer. Mais jusqu’où et pour qui le climat peut-il devenir impropre à la vie humaine ? Selon une étude sur les niches climatiques, il est possible qu’en ce siècle plus de 3 milliards de personnes soient exposées à un climat inhabitable.

[Séminaire du 9 mars 2022] Les Terrestres sont aussi des écosystèmes…

… ou ce que les microbes font à la médecine, à la santé publique et à la biologie. Pour cette quatrième séance du séminaire Devenirs Terrestres, Charlotte Brives, anthropologue des sciences au CNRS, et Alexis Zimmer, anthropologue des sciences à l’Université de Strasbourg, présenteront leurs travaux respectifs et communs sur les relations entre humains et microbes.

Le merle et la philosophe

Penser différemment le territoire, grâce aux oiseaux : à rebours de la fascination des scientifiques pour la compétition animale, Vinciane Despret propose une conception du territoire attentive aux assemblages et relations d’interdépendance qui s’y jouent. Le savoir, nous dit-elle, doit devenir l’allié des vivants qu’il étudie.

L’information scientifique comme enjeu politique

Administrateur de l'association « Sciences citoyennes », Jérôme Santolini revient ici sur le projet de création d'une agence gouvernementale de communication scientifique en France, sur le modèle du Science Media Center britannique. Derrière la façade de l'information scientifique, se cache la volonté autoritaire de disqualifier, « au nom de la Science », toute critique des innovations technologiques.

Faire face aux experts. Néolibéralisme et pandémie

Dans cet entretien, la philosophe Barbara Stiegler revient sur les modes du gouvernement néolibéral en temps de pandémie. Règne des experts, mépris de l'intelligence collective et injonctions à l'adaptation perpétuelle, autant de pistes pour comprendre et résister à la sidération des catastrophes.

Pluribiose. Vivre avec les virus. Mais comment ?

Devant l’injonction à « vivre avec le virus », on peut s’interroger sur les modalités de cette cohabitation nouvelle. L’anthropologue Charlotte Brives propose ici la boussole de la pluribiose, d’un vivant affecté par ses relations et ses rencontres, afin d’inventer des politiques alternatives pour « devenir avec » plutôt que de s’obstiner à « vivre malgré ».

Le Covid-19 et les circuits du Capital

Plutôt que messager de la nature, le coronavirus qui nous affecte doit son existence à un vaste réseau de relations : grandes places financières mondiales, marchés aux animaux, néo-libéralisation des politiques de santé publique, confinement des travailleurs et industrialisation de l’élevage animal. Faire face à la pandémie, ce pourrait être alors penser un projet de « désaliénation ».

Réactiver le sens commun – Entretien avec Isabelle Stengers

{Podcast} Nous vivons un temps de « débâcle ». C'est ainsi que la philosophe Isabelle Stengers a caractérisé ce qui nous arrive dans son dernier livre : Réactiver le sens commun (La Découverte 2020). Quel type de relations entre les sciences et le sens commun a contribué à rendre possible cette situation ? Comment penser une autre façon de faire sens commun ?

« Face à la crise écologique, la rébellion est nécessaire »

Devant le désastre écologique, 1 000 scientifiques sortent de leur habituelle réserve et de leur neutralité axiologique. Peut-être vont-ils aussi bientôt sortir de leur laboratoire ? En tout cas, ils appellent à des actions de désobéissance. Après avoir co-publié mardi une autre tribune en soutien à l’action XR contre Black-Rock, Terrestres reproduit ici cet appel.

Le Jour de la Terre et la Crosse de hockey : un singulier message

À l’occasion du 20e anniversaire de la fameuse courbe en forme de crosse de hockey, qui montrait l'évolution de la température sur plusieurs siècles, son auteur, le climatologue américain Michael Mann, revient sur les campagnes de discrédit dont il a été victime et enjoint ses collègues à parler crûment.

Anthropocène, dis-moi, combien tu t’appelles ?

Avec le temps qui passe, les rapports alarmants se succèdent, nourrissant autant tribunes inquiètes et promesses satisfaites. Mais que cache cette volonté de toujours mieux quantifier le ravage écologique en cours ? Quelle politique cette quantification peut-elle servir ?

Pourquoi le paysan argentin a raison de dire que le soja OGM est « méchant »

Depuis quatre décennies, la philosophe Isabelle Stengers a forgé les outils pour développer une approche écologique de la production des connaissances. Elle s'en explique dans cet entretien inédit avec Marin Schaffner, qui paraîtra le 10 mai dans le livre "Un sol commun", pour les dix ans des éditions Wilproject.

L’évolution, du gène égoïste à l’entraide

Comment la biologie de l’évolution est-elle passée d’un paradigme individualiste du gène égoïste et de la sociobiologie des années 1970 à une valorisation de l’entraide et des comportements sociaux dans l’évolution ? Retour sur la trajectoire d’Edward O. Wilson et les travaux contemporains.

Quand la catastrophe planétaire est notre boulot quotidien

Rompant avec la maxime de la froideur objective, la biologiste australienne Lesley Hughes interroge la façon dont le désastre écologique affecte les scientifiques qui travaillent sur le changement climatique. Comment bricoler une existence entre désespoir, sentiment d’impuissance et nécessité de poursuivre la recherche ?

Écologie : l’obsession des origines

Trois livres récents s’intéressent à l’histoire des idées et politiques environnementales au 19ème siècle. Entre quête des origines, exhumation des dimensions environnementales des pensées émancipatrices et historicité des réflexivités environnementales, quelles perspectives ces ouvrages ouvrent-ils ?

En finir avec l’épopée

Depuis presque vingt ans, des scientifiques affirment que les activités humaines provoquent un changement d'époque géologique. Mais le récit de ce passage de l'Holocène à l'Anthropocène occulte pourtant des enjeux historiques et politiques dont on ne peut faire l'économie.