Récits

TGV Lyon-Turin : quand l’alibi écologique cache un projet ravageur

La presse s’en est régulièrement moqué : « des écolos s’opposent au train ! ». Mais les écolos ont d’excellentes raisons de contester le Lyon-Turin, et les auteurs de cet article les exposent mieux que personne. Alors qu’un réchauffement de 4°C menace les montagnes, est-ce le moment de les saccager avec une méga-infrastructure ? Et si on utilisait ce qui existe déjà ?

Le soulèvement de la forêt

Alyte est un crapaud survivant. Il était sur le dos de son père qu'une voiture a écrasé. « Léthalyte » : c’est ainsi que les vivants de la forêt nomment la route qui déchire leur monde et menace son tissu de symbioses et de prédations. Sous les arbres, un soulèvement se prépare… Extrait d’une bande dessinée sublime et puissante, entièrement non-humaine.

Démembrer et pulvériser les corps : sur la guerre d’anéantissement à Gaza

Trois photos. Trois photos de corps brisés par la douleur parmi toutes celles qui témoignent de l’horreur à Gaza. Alors qu’elles attestent de la campagne d’annihilation, ces images n’ont abouti à aucune action pour protéger les Palestinien·nes ou infléchir le déchaînement de violence. L’autrice de ce texte fort et personnel tente de sauver ces corps d'une politique de déshumanisation radicale.

« Le remembrement agricole, c’est tout un monde qui est bouleversé »

À l’occasion de la parution de « Champs de bataille », la BD qui raconte l’histoire enfouie du remembrement, Terrestres a interrogé deux historiens des modernisations agricoles. À rebours des récits dominants, ils reviennent sur le contexte politique d’un processus autoritaire visant à adapter le paysage aux machines. Un entretien incontournable pour saisir les mutations de la vie paysanne depuis 1945.

Les conseils des Terrestres #1

Enfin un format court dans Terrestres ! Tous les quinze jours dans l’infolettre, un·e membre de la rédaction partage une lecture, un film, une expo… Découvertes récentes ou coups de cœur durables, ces brèves de comptoir au café des Terrestres se lisent aussi vite qu'on avale un expresso. Voici les quatre premières chroniques.

Journal de bord de Gaza

Rami Abou Jamous ne voulait pas être journaliste. Il est pourtant devenu l’un des témoins essentiels de la guerre à Gaza. Dans le journal de bord qu’il tient sur OrientXXI, il raconte l’horreur, le quotidien éprouvant et les rares moments de grâce arrachés à une situation de cauchemar. Le journal est désormais un livre, salué dès sa parution. Extraits.

Cuisine et politique : les recettes d’une anthropologue

Des recettes de cuisine dans Terrestres ? Oui, mais pas n’importe lesquelles : des recettes pratiques et politiques, collectées par l’anthropologue Gaëlle Ronsin au fil de ses enquêtes sur les relations à la nature. Dégainer du poisson en montagne ou cuire du riz pour 100 personnes ? Suivez la guide !

Savane en sursis sur l’île de La Réunion

Des savanes sur l’île de La Réunion ? Beaucoup apprennent l’existence de ce paysage méconnu en même temps que celle du projet d’urbanisation qui les menace. Deux historiens enquêtent sur ce territoire bio-culturel complexe et témoignent de la contestation qui s’amplifie. En route pour Plateau Caillou !

Le Ministère du futur

Alors que la France semble plongée dans la tourmente politique, l'Inde vit une canicule mortelle. Que se passerait-il si, au gré d'une puissante et longue canicule, les conditions climatiques devenaient littéralement suffocantes ? C'est sur ce scénario effroyable que s'ouvre le roman d'anticipation climatique de Kim Stanley Robinson. Extrait.

Au-delà du capitalisme, la décroissance comme abondance partagée

Nées dans les années 1970, les pensées de la décroissance font l'objet depuis une dizaine d'années de travaux académiques de plus en plus nombreux. Une récente synthèse permet de dessiner les principales critiques que ce courant d'idées et de recherche adresse au système capitaliste.

La violence environnementale de l’économie fossile

A partir de 1945, la conversion des sociétés contemporaines aux énergies fossiles a constitué une mutation globale. Cette métamorphose productive de quantités de territoires et paysages porte un nom : la pétrolisation. Comprendre ces pollutions comme des « violences lentes » permet d'éclairer les relations entre industrie, santé et écosystèmes.

Enquêter, s’émerveiller et se révolter avec Élisée Reclus

Bonnes feuilles – En 1869 et 1880, le géographe et militant anarchiste Élisée Reclus publie deux livres qui seront les plus réédités et traduits du grand savant. Avec Histoire d’un ruisseau et Histoire d’une montagne, Reclus s'adresse au plus grand nombre dans une langue vivante pour décrire la complexité et la beauté de la nature. Cent-cinquante ans plus tard, ces deux textes résonnent aussi comme des récits écologiques. Nous publions la préface de cette réédition.

Descente énergétique ou salut par la fusion nucléaire ?

Drogué et perfusé aux énergies fossiles, le capitalisme va-t-il trouver son salut grâce à la fusion nucléaire ? Quelle direction prendrait la société industrielle si une improbable énergie nucléaire à très haut rendement voyait le jour ? Au lieu de croire qu'elle ouvrirait une période d'abondance heureuse, le spécialiste de permaculture David Holmgren invite à imaginer une descente énergétique frugale. Seule voie raisonnable pour briser la mythologie de la croissance.

Dissolution : le nouveau roman de Gérald Darmanin

Il y a un mois, le gouvernement publiait finalement son décret de dissolution des Soulèvements de la Terre. D’un trait de plume, le pouvoir espère avoir fait disparaître ses opposants politiques. Quelle est la nature de ce texte porté par Darmanin ? Yves Citton a mené l’enquête et jette une lumière inédite et pleine d'humour sur la signification de ce décret romanesque. Il apparaît que les griefs formulés à l’encontre du mouvement peuvent être lus comme autant d’éloges.

Désirer après le capitalisme

Le néolibéralisme a réussi un véritable hold-up sur nos désirs. Contre la consommation jouissive de marchandises, il est urgent de faire naître des pratiques et des imaginaires alternatifs. Le philosophe Mark Fisher réfléchit au futur de l'émancipation en revenant sur la contre-culture des années 1960-1970, où s’invente une "abondance rouge". Comment libérer le désir dans une perspective écologiste ?

Se soulever pour trouver l’air

Bonnes feuilles – Comment saisir ce qui se joue depuis des années sur le plan social, politique et écologique ? Le livre choral "On ne dissout pas un soulèvement, 40 voix pour Les Soulèvements de la Terre" propose une lecture polyphonique des multiples enjeux que portent ce mouvement. Dans ce texte extrait du recueil, la romancière Virginie Despentes brosse le portrait d'une fuite en avant économique et politique.

« Les Soulèvements proposent un ancrage terrestre au mouvement pour le climat » 

A l'initiative d’Emmanuel Macron, la dissolution des Soulèvements de la Terre est relancée. Derrière les agitations politiques, quel est le sens de cette coalition inédite de paysans, syndicats, mouvements climat et activistes, désormais portée par 170 comités locaux ? Dans cet entretien, deux compagnons de route du mouvement éclairent son origine, sa dynamique et sa solidité politique après deux années et demie d’existence. Ce dialogue est suivi d’un éclairage, “Pourquoi désarmer l’agro-industrie nantaise ?”, complexifiant la lecture dominante qui a accompagné l’action des Soulèvements le 11 juin dernier.

Penser et agir depuis la subsistance : une perspective écoféministe

L’écoféminisme est une proposition théorique et politique élaborée depuis près de cinquante ans. Dès les années 1970, Maria Mies et Veronika Bennholdt-Thomsen analysent l'industrialisation comme un vaste processus de destruction de la subsistance. A partir de l’attention à l’ensemble des activités vitales du quotidien, elles relient colonialisme, domination de la nature et des femmes. Ce faisant, elles nous aident à mieux comprendre la domination capitaliste et patriarcale et ouvrent des voies politiques fécondes.

Quand le monde polaire se disloque

Avec cette BD, Jérémie Moreau nous plonge de façon concrète au cœur des désordres de l'Anthropocène. A travers le changement de vie de Nathan et ses jeunes frère et sœur qui quittent Paris pour l'Alaska, on découvre la vie dans ces forêts pleinement touchées par les changements globaux. Comment habiter ces temps de débâcle, de perte des repères et des cycles saisonniers ? Observer les êtres vivants qui évoluent face aux conditions changeantes nous fait entrer dans le temps des métamorphoses et le temps du mythe.

La tentation écofasciste

Relocalisation de la production, critique des nuisances provoquées par les éoliennes, défense du nucléaire comme énergie bas carbone… depuis peu, l’extrême droite se réapproprie à sa façon les enjeux écologiques. Cette tendance participe-t-elle d’un mouvement plus large, qu’on aurait tort de ne pas prendre au sérieux sur les plans intellectuel et politique ?

Un vent de fronde écologique se lève #1

Mauvais perdant face aux Soulèvements de la Terre, Darmanin tente de changer les règles à son profit par des mesures liberticides. Mais depuis cette annonce, 100 000 personnes se sont déclarées membres de ce "groupement de fait" et des comités locaux fleurissent dans tout le pays. Pour notre part, nous avons demandé l'avis à une série d'intellectuel·les ce qu'ils et elles pensaient de cette menace de dissolution. Cet article sera suivi d'un second dans quelques jours avec d'autres contributions.

Pacifique comme la foudre

Comment se déclarer pacifiste sans être suspecté d’être du côté de Poutine ? Influencé par les avant-gardes du 20ème siècle, mais se situant au bord de la parodie, ce tract à poser sur les murs répond en exigeant l’impossible : le transfert du budget des armées vers des causes justes. Car plus les budgets militaires augmentent, plus s’estompent nos chances de survie écologique, sociale et psychique.

Séminaire du 14 février 2023 : Quelles reprises de savoirs ?

Dans le cadre du séminaire terrestres du 19 janvier à 19h30, nous ferons une présentation de l’expérience de la vingtaine de chantiers-pluriversités organisés en 2022 et un bilan et perspectives pour l'avenir. Attention : en raison de la grève de jeudi 19 janvier, la séance est reportée le 14 février à 19H.

Podcast – La Sauvagière de Corinne Morel-Darleux

Virginie Maris s'entretient avec Corinne Morel-Darleux, à l'occasion de la sortie de son roman, la Sauvagière, paru aux éditions Dalva en août 2022. On y parle des relations entre politique et littérature, de mystère, de nature et de joie.

Sorcières, vénères, et antinucléaires !

Longtemps occultée, une tradition de lutte féministe contre le nucléaire ressurgit peu à peu. A Bure, où 270 km de galeries doivent être construites pour enfouir nos déchets radioactifs, le collectif des Bombes Atomiques organisait il y a trois ans un weekend antinucléaire sans homme cisgenre. Une participante exhume aujourd'hui son journal de bord de l'époque.

Voir la nature comme un·e naturaliste : une contre-histoire de la modernité

Le geste inaugural de la Modernité résiderait dans l’instauration d’un divorce définitif entre la nature et la culture, d’où aurait découlé une franche distinction entre art et science. Ce diagnostic est-il si sûr ? Dans ce riche entretien, l'ethnologue V. Manceron et l'historien R. Bertrand invitent à la nuance. Des scientifiques du XIXe siècle aux amateurs d’aujourd’hui, ils convoquent ces naturalistes qui n'ont jamais cessé de décrire le monde dans sa pluralité.

Race et histoire environnementale

Racistes, les précurseur·es américain·nes de la pensée écologiste ? Dans cet article classique, l’historienne américaine Carolyn Merchant montre qu’il n’existe pas de réponse simple à cette question. Si certain·es, comme John Muir, ont brillé par leur préjugés raciaux et leur indifférence aux injustices qui en découlent, d’autres comme Thoreau ou Mary Austin se sont en revanche engagé·es en faveur de l’abolition de l’esclavage ou de la reconnaissance des peuples autochtones.

L’éco-anxiété n’est pas une maladie, mais une mèche incandescente

Vous reprendrez bien un peu d’anxiolytique en ce jour de pic d’éco-anxiété ? Tandis que la chaleur nous empêche de dormir et que les forêts brûlent, les mots qui piègent nous assaillent. L’éco-anxiété est un leurre : l’expérience d’un monde étouffant et indéfendable ne peut être laissée à une caractérisation médicale. Ne faudrait-il pas plutôt politiser notre sueur, c'est-à-dire : stopper le désastre en métamorphosant nos impuissances en actions ?

Jouir et posséder. Environnement et propriété dans l’histoire

Bonnes feuilles - Y-a-t-il un lien de causalité entre le saccage de la nature et la propriété privée, individuelle et exclusive ? À l'examen des causes du désastre, la propriété privée doit être placée au centre de l'enquête. Cette institution centrale fait l'objet d'une investigation précise dans le riche recueil d’articles traduits par les Éditions Amsterdam. L’introduction proposée ici permet de dévoiler une partie des enjeux et des textes écrits sous un angle historique.

Les Lentillères : construire et défendre la Zone d’Ecologies Communale

À Dijon, 8 hectares de terres ont été préservés de l'urbanisation par l'occupation et les formes d'organisation collectives qui s'y inventent depuis douze ans. Depuis une récente annonce de la mairie, le "Quartier Libre des Lentillères" reste menacé de normalisation et de bétonnisation de deux hectares. Ce texte collectif, écrit en soutien à ce lieu de lutte, rappelle la nécessité de réinventer notre rapport à l’urbanisme et d’expérimenter d’autres formes d’habitat.

Microcosmos, 4 milliards d’années de symbiose terrestre

La microbiologiste Lynn Margulis a connu, comme de nombreuses femmes scientifiques, une longue traversée du désert. Par son attention constante aux interactions symbiotiques à toutes les échelles, elle a contribué à nuancer très fortement le bellicisme compétitif de la biologie dominante. Dans ce texte coécrit avec Dorian Sagan, elle revient sur l’importance de la symbiose et sur la centralité du microcosme pour les vivants — y compris nous-mêmes.

Pour des reprises de savoirs, appel à des chantiers Pluri·versités

Issus des alternatives, des luttes ou du monde universitaire, et suite aux rencontres "reprise de terres" de l'été 2021, des chantiers-pluriversités s'organisent cet été 2022 à travers toute la France. Il s'agit de mettre à l'ouvrage simultanément nos têtes, nos cœurs et nos mains pour habiter des communs terrestres.

S’engager et désobéir : une histoire personnelle de Youth For Climate Paris

Avant d’être brutalement stoppées en 2020 par le Covid, les luttes écologistes et sociales connaissaient depuis 2018 un élan sans précèdent. Un mouvement inédit de politisation a alors touché une part importante de la jeunesse éduquée et urbaine : grèves pour le climat, actions de désobéissance civile, médiatisation hors-norme… Ce récit personnel propose une histoire de ces années de bouillonnement depuis l’intérieur de Youth For Climate Paris.

Partout le feu

Bonnes feuilles – Hélène Laurain, dans un premier roman en vers libres, puissant et dénudé, nous emporte dans le flot d’un récit des temps nucléaires, avec Laetitia, née le jour de l’explosion de Tchernobyl, entourée de ses ami.e.s activistes du Grand Est français. Voix qui disent la joie d’agir, la beauté et l’incandescence de l’action, la peur, l’expérience du deuil, en même temps que celle du trou noir, réceptacle des déchets nucléaires et des désastres écologiques.

Pourquoi Bayer-Monsanto valait bien un Soulèvement

La tragique actualité ukrainienne a contribué à lever un voile sur les flux de matières et d’énergies indispensables au maintien de nos vies en régime industriel : gaz, pétrole, engrais. Ne sommes-nous pas reliés par mille fils toxiques à un monde indéfendable ? C’est cette même intuition qui anime depuis deux ans les Soulèvements de la terre. Le 5 mars dernier, une action était menée près de Lyon contre le leader mondial de l’agrochimie, Bayer-Monsanto. Récit.

Imaginer, expérimenter, bifurquer : les enseignements du passé

La représentation commune de l’Histoire reste structurée par un grand récit : l’humanité aurait vécu une odyssée la conduisant des chasseurs-cueilleurs jusqu’à la société industrielle. Cette grande fresque d’une humanité allant du simple au complexe vole en éclat à la lecture du livre de Graeber et Wengrow. Les audacieuses inventions du passé peuvent-elles féconder notre imaginaire contemporain ?

Sauvages, naturelles, vivantes, en libre évolution… quels mots pour déprendre la terre ?

Lors d’un débat mouvant, des personnes issues des mondes de la paysannerie, du militantisme et de la recherche s’interrogent sur les avantages et les inconvénients d’une série de formules pour désigner, au sein de collectifs de lutte plus larges, des terres qui seraient retirées de tout rapport productif et largement soustraites à l’emprise humaine.

À mes ami·es blanc·hes

Dans cette lettre adressée à ses frères et sœurs blanc.hes, le philosophe nigérian Báyò Akómoláfé analyse les impasses et les potentialités du présent. Que faire de l’héritage occidental ? Quelles existences inventer qui ne soient pas une vague consolation pour conjurer les troubles, un bricolage identitaire illusoire ? L’auteur médite sur la notion d'indigène et invite à habiter un monde de relations.

Changer d’échelle : penser et vivre depuis les maisonnées

Et s’il fallait partir de l’espace domestique, du quotidien et de la maisonnée pour (re)penser toutes les dimensions de la catastrophe écologique ? Plusieurs mouvements féministes des années 1960 ont insisté sur la nécessité de considérer le privé et le personnel comme politique. Geneviève Pruvost renouvelle ce champ d’interrogations en articulant perspectives féministes, subsistance et reprises de terres.

Brûler le reste ?

Que peut la fiction face aux ravages ? « Viendra le temps du feu » s’interroge sur les formes de subversion et de révolte possibles dans un monde dystopique. Dans le sillage de Monique Wittig, l'autrice imagine des communautés autonomes où sororité, féminisme et détermination se mêlent pour sortir de la sidération.

Là où le feu et l’ours

Bonnes feuilles - Corinne Morel-Darleux publie « Là où le feu et l'ours », un conte envoûtant dans lequel « Tout est vrai ». Sa richesse poétique et politique se reflète dans son annexe « Glossaire, symbolique et coulisses » : des reflets dystopiques du climat à la fabrique ursine en passant par les « rituels, mythes et métamorphoses ». Destiné aux jeunes comme aux moins jeunes, un roman terrestre en diable, à mettre entre toutes les mains !

Raconter le chaos climatique : une perspective postcoloniale

Que dit l'absence de la catastrophe climatique dans la trame de la fiction littéraire moderne, alors que la destinée de la Terre, de l’habitat des humains et des autres qu’humains est en jeu ? C'est ce qu'interroge Amitav Gosh dans « Le grand dérangement ». Quand la catastrophe devient réelle, quels récits pour changer de monde ?

Né·es de la Terre. Un nouveau mythe pour les terrestres

Que nous dit le malaise ressenti lorsque nous évoquons la « Terre - Mère » ? Émilie Hache retrace l’histoire de cette expression ambiguë, et exhume des récits négligés par la modernité chrétienne. Derrière l’analogie dévalorisante entre la Terre nourricière et les femmes fécondes, on trouve des mythes d’enfants qui viennent du fond de la Terre : l’affirmation, transformatrice, d’un lien de génération entre la Terre et les humains.

Imaginer la suite du monde, grâce à la fiction

Bifurcations de l'imaginaire : les Printemps arabes ont partout essaimé après 2011, l’ordre étatique et capitaliste s’est peu à peu effondré. En 2021, des sociétés anti-autoritaires ont émergé. C’est cette uchronie qu'un collectif d’écriture explore dans un recueil de nouvelles qui questionne notre capacité à imaginer et à vivre l’autonomie.

La buveuse d’ombres

Pour échapper au vacarme des aliénés de toute sorte et à leur fureur destructrice, suivons Ana Minski sur le chemin qui nous conduit à l' entre-vivant, à sa rumeur et aux liens multiples noués par ses nombreux habitants, humains et autres-qu'humains. Du corbeau à l'homme, la différence n'est que de degrés, même si l'autrice reconnaît au dernier le privilège du « chant » et du symbole.

Hors des décombres, typologie des lignes de fuite

De dystopies en utopies, la puissance émotionnelle de la science-fiction ne concerne pas que les galaxies lointaines mais aussi notre présent, comme passé d'un monde à venir. C'est cette pluralité que Yannick Rumpala nous invite à découvrir dans « Hors des décombres du monde - Écologie, science-fiction et éthique du futur ».

Les furtifs

Dans son nouveau roman, Alain Damasio offre un puissant contrepoint aux dystopies glaçantes dans la figure incarnée des furtifs, où les mouvements insurrectionnels qui traversent le roman vont trouver à la fois un modèle et une pratique, inaugurant des ZAG (zone auto-gouvernée) qui annoncent le dépassement possible de l'anthropocène. En voici un extrait en avant-première.

Rayonnons comme des putains d’anges

Dans son roman d'anticipation situé au sein d'une nouvelle ère glaciaire, Jenni Fagan nous invite à faire des réserves de lumière avec un géant barbu et tatoué, une cireuse de lune, une gamine transsexuelle à la langue déliée, et à "rayonner comme des putains d'ange" même par vents contraires.

Que m’arrive-t-il ?

La Terre fait événement. La moindre des choses est l'occasion d'une métamorphose, d'une expérience renouvelée de notre participation sensible à ses soubresauts, tressaillements et variations imperceptibles.

La théorie de la Fiction-Panier

En mobilisant toutes les ressources de l’imaginaire et à rebours d'un storytelling dominant qui glorifie le Héros, l’écrivaine féministe Ursula K. Le Guin explore, dans cette traduction inédite d’un texte de 1986, d’autres possibles narratifs pour cueilleur·se·s d’histoires et d'avoine sauvage.

Rouges ou cramoisis (Le démon de l’analogie)

Adam Losange est-il méchant ? Non, il n'est que vengeance. Ses fictions opèrent une vengeance bien particulière. Elles rendent dent pour dent au futur désastreux qui nous est programmé, et hante déjà notre présent... et par là même amorcent une politique ajustée à ces temps de folie.

L’effondrement comme métamorphose

Que se passe-t-il après un effondrement systémique ? Confrontées au déclin du monde, deux héroïnes réinventent leur vie en composant de nouveaux rapports avec une forêt polyphonique. Dystopie faisant appel à notre imaginaire, Dans la forêt de Jean Hegland nous propose une nouvelle façon d'envisager le monde d'après.

Écologie : l’obsession des origines

Trois livres récents s’intéressent à l’histoire des idées et politiques environnementales au 19ème siècle. Entre quête des origines, exhumation des dimensions environnementales des pensées émancipatrices et historicité des réflexivités environnementales, quelles perspectives ces ouvrages ouvrent-ils ?

En finir avec l’épopée

Depuis presque vingt ans, des scientifiques affirment que les activités humaines provoquent un changement d'époque géologique. Mais le récit de ce passage de l'Holocène à l'Anthropocène occulte pourtant des enjeux historiques et politiques dont on ne peut faire l'économie.

Gravity ou comment revenir sur Terre ?

Il faut « rapatrier sur Terre l’esthétique de Matt Kowalsky », le personnage incarné par George Clooney dans le film Gravity : si « Kowalsky est la force sublimée de l’Anthropocène », alors « c’est ici, en chaque lieu, qu’il nous faut faire fructifier la prise de conscience d’une écosphère fragile et dynamique ».