« La publicité est contre la personne, car elle empêche le choix », écrivait Bernard Charbonneau en… 1935. Que dirait-il aujourd’hui s’il savait que le monde est encore convaincu du contraire ? « La publicité », une archive rare et toujours aussi pertinente, par un fondateur de l’écologie politique.
Trente ans après avoir été enterré dans la montagne colombienne, un manuscrit est exhumé et publié en 1971. C’est le testament politique et spirituel d’un acteur central des luttes autochtones d’Amérique latine, Manuel Quintín Lame, décédé quelques années plus tôt. Contre la dépossession foncière, économique et politique, une décolonisation ambitieuse reste à mener. Retour sur un livre, une philosophie et un parcours subversifs.
Dans Les formes du visible, Philippe Descola réfléchit aux différents modes de figuration, soit la manière dont les humains rendent visible toutes sortes d’êtres (divinité, animal, mort) au moyen d’un objet matériel. Célèbre pour avoir mis au jour quatre ontologies qui structurent l’expérience de la vie et du monde des humains à travers le globe, l’anthropologue montre ici comment les images tissent les mondes vécus. Dans la modernité, les représentations de la nature ont-elles pour fonction de la réduire à un arrière-plan inerte, ou au contraire de lui donner la force d’une loi ?
Reprendre des terres pour laisser la place aux dynamiques spontanées du vivant : voilà qui peut paraître séduisant. Pourtant, la volonté de conserver une nature intacte plonge ses racines… dans la colonisation et le développement capitaliste et industriel lui-même ! Les chercheurs Büscher et Fletcher proposent des outils pour une authentique révolution de la conservation, qui aurait pour horizon une convivialité politique et post-capitaliste entre vivants.
Le geste inaugural de la Modernité résiderait dans l’instauration d’un divorce définitif entre la nature et la culture, d’où aurait découlé une franche distinction entre art et science. Ce diagnostic est-il si sûr ? Dans ce riche entretien, l'ethnologue V. Manceron et l'historien R. Bertrand invitent à la nuance. Des scientifiques du XIXe siècle aux amateurs d’aujourd’hui, ils convoquent ces naturalistes qui n'ont jamais cessé de décrire le monde dans sa pluralité.
Bonnes feuilles – Quel rapport à la Terre est révélé par le ravage écologique ? Afin d’éclairer cette question, Pierre Madelin examine la tradition philosophique occidentale dans un ouvrage paraissant aux éditions Dehors. Nous publions ici la conclusion de l’ouvrage appelant, à rebours de cette tradition, à une relation à la nature fondée sur la reconnaissance de la finitude et de la mort.
Enquête parmi les enquêtes en vue des rencontres « Reprise de Terre », qui se tiennent cet été à Notre-Dame des Landes, ce texte propose une lecture de la « modernisation agricole » des années 1940-1970 en France comme un processus, assez brusque et massif, de prise de terres.
{Podcast} Nous vivons un temps de « débâcle ». C'est ainsi que la philosophe Isabelle Stengers a caractérisé ce qui nous arrive dans son dernier livre : Réactiver le sens commun (La Découverte 2020). Quel type de relations entre les sciences et le sens commun a contribué à rendre possible cette situation ? Comment penser une autre façon de faire sens commun ?
Les géants du numériques ont aboli la « vie privée », face visible de la liberté des Modernes. C’est au contraire à l’autre versant de cette conception de la liberté qu’il faudrait renoncer : être délivrés des nécessités de la vie, rendue possible par l’instauration de dispositifs lointains et aliénants. Il s’agit alors de reconquérir la liberté de subvenir à nos vies.
Pour cette deuxième émission « Points de rupture » avec Mediapart, nous échangeons autour de deux livres marquants : Une écologie décoloniale, Penser l'écologie depuis le monde caribéen de Malcom Ferdinand (Seuil 2019) et Politique des multiplicités. Pierre Clastres face à l'État d'Eduardo Viveiros de Casto (Dehors, 2019). Où il est question de la manière de décentrer l'écologie de ses logiques de domination.