Fictions

Les enfants de l’apocalypse : libérer et politiser l’enfance

Que disent nos fictions post-apocalyptiques de la domination adulte ? Mêlant cinéma, sociologie et bande dessinée, Claire Dietrich s’interroge sur la production de plus en plus abondante de dystopies mettant en scène des enfants.

Partout le feu

Bonnes feuilles – Hélène Laurain, dans un premier roman en vers libres, puissant et dénudé, nous emporte dans le flot d’un récit des temps nucléaires, avec Laetitia, née le jour de l’explosion de Tchernobyl, entourée de ses ami.e.s activistes du Grand Est français. Voix qui disent la joie d’agir, la beauté et l’incandescence de l’action, la peur, l’expérience du deuil, en même temps que celle du trou noir, réceptacle des déchets nucléaires et des désastres écologiques.

Brûler le reste ?

Que peut la fiction face aux ravages ? « Viendra le temps du feu » s’interroge sur les formes de subversion et de révolte possibles dans un monde dystopique. Dans le sillage de Monique Wittig, l'autrice imagine des communautés autonomes où sororité, féminisme et détermination se mêlent pour sortir de la sidération.

Là où le feu et l’ours

Bonnes feuilles - Corinne Morel-Darleux publie « Là où le feu et l'ours », un conte envoûtant dans lequel « Tout est vrai ». Sa richesse poétique et politique se reflète dans son annexe « Glossaire, symbolique et coulisses » : des reflets dystopiques du climat à la fabrique ursine en passant par les « rituels, mythes et métamorphoses ». Destiné aux jeunes comme aux moins jeunes, un roman terrestre en diable, à mettre entre toutes les mains !

La buveuse d’ombres

Pour échapper au vacarme des aliénés de toute sorte et à leur fureur destructrice, suivons Ana Minski sur le chemin qui nous conduit à l' entre-vivant, à sa rumeur et aux liens multiples noués par ses nombreux habitants, humains et autres-qu'humains. Du corbeau à l'homme, la différence n'est que de degrés, même si l'autrice reconnaît au dernier le privilège du « chant » et du symbole.

Rayonnons comme des putains d’anges

Dans son roman d'anticipation situé au sein d'une nouvelle ère glaciaire, Jenni Fagan nous invite à faire des réserves de lumière avec un géant barbu et tatoué, une cireuse de lune, une gamine transsexuelle à la langue déliée, et à "rayonner comme des putains d'ange" même par vents contraires.

Que m’arrive-t-il ?

La Terre fait événement. La moindre des choses est l'occasion d'une métamorphose, d'une expérience renouvelée de notre participation sensible à ses soubresauts, tressaillements et variations imperceptibles.