A l’occasion de la parution de « Sans transition. Une nouvelle histoire de l’énergie » de Jean-Baptiste Fressoz, nous republions un entretien détaillé de mai 2023 où il développait les thèses de son livre. Dans la conclusion de son ouvrage, il écrit que « la transition est l’idéologie du capital au XXIème siècle. Grâce à elle, le capital se trouve du bon côté de la lutte climatique. »
Depuis quelques mois, les tenants de la croissance nous abreuvent d'appels à la sobriété : il s'agirait d'un remède nécessaire face aux pénuries d'énergie fossile à venir. Mais cette sobriété est-elle pour autant à la hauteur des enjeux écologiques contemporains ? Ne faudrait-il pas plutôt penser des politiques terrestres à partir de la question de la panne, de la maintenance et du démantèlement des infrastructures néfastes ?
Contrairement aux affirmations médiatiques fréquentes, le spectre des pénuries énergétiques n’a rien de neuf. Depuis deux siècles, les discours de manque et de peur du déclin accompagnent le développement des sociétés industrielles, comme le rappellent les débats qui ont jalonné l’essor de la première économie fossile du monde au XIXe siècle. Dire adieu aux fossiles, c’est abandonner ce système technique et social ainsi que l’imaginaire de puissance qui le justifie.
Peu avant la guerre en Ukraine paraît une enquête réalisée par Mickaël Correia : Criminels climatiques. Enquête sur les multinationales qui brûlent notre planète (La Découverte, 2022). Trois multinationales de l’énergie y sont minutieusement analysées. Parmi elles, le géant gazier russe Gazprom, entreprise proche de Poutine. L’auteur revient avec nous sur notre dépendance croissante à son égard et les défis géopolitiques qu’elle soulève.
Pour la séance d'avril, nous discuterons des imaginaires des solutions aux limites écologiques en présence de l’économiste Hélène Tordjman, enseignante-chercheuse à l’université Sorbonne Paris-Nord et l’historien Jean-Baptiste Fressoz, chargé de recherche au CNRS et rattaché au Centre Alexandre Koyré.
Bonnes Feuilles - A l'heure où les sociétés thermo-industrielles sont sommées de transformer leurs systèmes de production énergétique, François Jarrige et Alexis Vrignon proposent de se défaire de l'histoire de l'énergie dominante. Que nous enseigne un regard attentif aux alternatives énergétiques présentes dès le début de l'industrialisation ?
« Il se passe quelque chose du côté des forêts ». Bâtisseur en pierre sèche et agrégé de philosophie, Jean-Baptiste Vidalou mène une enquête sensible, historique et philosophique, autour de ce « quelque chose » et de ce que sont les forêts, à partir de son expérience cévenole. À la tentative d’imposer une nouvelle gouvernementalité, il oppose l’ingouvernable.
Après la déclaration d’utilité publique du méga transfo sud Aveyron, les autorités préparent l’expulsion d’agriculteurs et la destruction du lieu de résistance « l’Amassada ». Un ami sur place nous a confié ces quelques considérations fragmentaires sur ce qu’implique ce genre de projet d’infrastructure.
Il suffit d'une coupure de courant dans une mégalopole moderne pour que tout se bloque. Plus d'ascenseur, plus d'ordinateur, plus de train, de frigo, de réverbères... Quand chacun est rattaché aux réseaux électriques et numériques comme un embryon à son cordon ombilical, la société devient très vulnérable : une panne, et c'est la pagaïe.