Dans son livre « Pour une politique écoféministe. Comment réussir la révolution écologique », la chercheuse et activiste australienne Ariel Salleh déconstruit le système « productif-reproductif » capitaliste et patriarcal à partir d'un matérialisme incarné, pour déjouer la domination croisée de la Nature et des femmes. Extraits choisis.
A quoi ressemble l'écoféminisme d'Amérique du Sud ? Lina Álvarez-Villarreal revient dans ce texte sur ses spécificités. Parmi celles-ci, se dégagent notamment deux exigences : comprendre les multiples conséquences de ce que la colonisation a produit sur les femmes, les hommes et la Terre et apprendre à habiter librement depuis des histoires, des savoirs et des milieux dont on prend soin.
L’écoféminisme est une proposition théorique et politique élaborée depuis près de cinquante ans. Dès les années 1970, Maria Mies et Veronika Bennholdt-Thomsen analysent l'industrialisation comme un vaste processus de destruction de la subsistance. A partir de l’attention à l’ensemble des activités vitales du quotidien, elles relient colonialisme, domination de la nature et des femmes. Ce faisant, elles nous aident à mieux comprendre la domination capitaliste et patriarcale et ouvrent des voies politiques fécondes.
Quelles formes prennent aujourd’hui les écoféminismes, et comment s’éprouvent-ils dans la quotidienneté ? « Des paillettes sur le compost » explore et esquisse un positionnement écoféministe décolonial, queer, anti-capitaliste, adossé à une réflexion sur l’érotisme tout autant que sur les luttes de terrain. Entretien avec son autrice, Myriam Bahaffou.
Le capitalisme et une partie de sa critique se sont construits sur l'idée de production, séparant ainsi le travail (masculin, blanc) qui a une valeur - du travail invisible, socialement dévalorisé et non rémunéré. Une perspective féministe ne peut se contenter de simplement revaloriser le travail reproductif. Elle invite plutôt à considérer toutes les activités humaines sous l'angle de la reproduction matérielle et à passer de la rétribution à la restitution.
Virginie Maris s'entretient avec Corinne Morel-Darleux, à l'occasion de la sortie de son roman, la Sauvagière, paru aux éditions Dalva en août 2022. On y parle des relations entre politique et littérature, de mystère, de nature et de joie.
Longtemps occultée, une tradition de lutte féministe contre le nucléaire ressurgit peu à peu. A Bure, où 270 km de galeries doivent être construites pour enfouir nos déchets radioactifs, le collectif des Bombes Atomiques organisait il y a trois ans un weekend antinucléaire sans homme cisgenre. Une participante exhume aujourd'hui son journal de bord de l'époque.
Bonnes feuilles - Depuis les années 1970, aux États-Unis puis en Europe, une multitude de terres de femmes ont accueilli des expériences politiques fondamentales, mêlant ruralité, autonomie et subsistance. Ce texte offre le récit de l'une d'entre elles, explorant les effets existentiels et politiques de ces rencontres et communautés, loin des hommes et du patriarcat.
Tributaire de l'invisibilisation du travail reproductif et d'une illusion d’abondance matérielle, la conception moderne de la liberté semble aujourd'hui dépassée. Dès lors, comment tenir ensemble contraintes écologiques, répartition féministe du travail et liberté politique ? Pour cette troisième séance du séminaire, Geneviève Pruvost et Aurélien Berlan discuteront des pratiques de subsistance et de leur portée politique pour esquisser d'autres horizons de la liberté.
Et s’il fallait partir de l’espace domestique, du quotidien et de la maisonnée pour (re)penser toutes les dimensions de la catastrophe écologique ? Plusieurs mouvements féministes des années 1960 ont insisté sur la nécessité de considérer le privé et le personnel comme politique. Geneviève Pruvost renouvelle ce champ d’interrogations en articulant perspectives féministes, subsistance et reprises de terres.
Pionnière de la philosophie écoféministe et des humanités environnementales, Val Plumwood reste encore peu connue hors des milieux académiques. La récente parution de « Dans l'œil du Crocodile » donne désormais accès à un recueil d'essais puissants et de récits poignants, où l'autrice en appelle à une nouvelle spiritualité matérialiste, embrassant notre condition d'animaux humains, tout à la fois reliés et mortels.
Que nous dit le malaise ressenti lorsque nous évoquons la « Terre - Mère » ? Émilie Hache retrace l’histoire de cette expression ambiguë, et exhume des récits négligés par la modernité chrétienne. Derrière l’analogie dévalorisante entre la Terre nourricière et les femmes fécondes, on trouve des mythes d’enfants qui viennent du fond de la Terre : l’affirmation, transformatrice, d’un lien de génération entre la Terre et les humains.
Contre la mémoire sélective du mouvement climat, le dernier livre d’Andreas Malm revient sur le rôle majeur des pratiques de sabotage et d’action directe dans les victoires passées. Son récit alternatif invisibilise pourtant à son tour certaines luttes, notamment écoféministes. Depuis les années 1970, ces dernières contribuent à complexifier les termes souvent binaires du débat violence/non-violence.
Depuis plusieurs années les rencontres sur la Ferme de Lachaud se sont constituées comme un espace de discussion et d'élaboration des « devenirs terrestres ». En Août 2019 avaient lieu « Puissances de l'habiter - Matériaux pour des écoles de la terre » dont voici un passionnant récit s'essayant à rendre sensible et tangible certaines des questions de fond ayant traversées ces rencontres.
Le collectif « Notre Corps, Nous-Mêmes » publie une version entièrement réactualisée du manuel sur la santé et la sexualité féministe « Our Body Ourselves », paru en 1973 aux États Unis. Entretien avec deux membres du collectif, Naïké Desquesnes et Mounia El Kotni, à propos de réappropriation féministe des corps, des liens entre jardinage et auto-gynécologie et de villes sans travail domestique.
Et si la Terre était un immense organisme ? Et si nos propres échanges pouvaient favoriser sa régulation et sa prise de conscience ? Quel sens aurait dès lors le divin ? Le colloque organisé les 6 et 7 février 2020 par le Collège des Bernardins, le Centre Sèvres et l’Institut catholique de Paris est reparti de « l’hypothèse Gaïa » pour initier un tel questionnement.
Dans cette série de textes des années 80, l’écrivaine Ursula K. Le Guin nous livre des réflexions aux échos contemporains, du féminisme à la création littéraire, de l’utopie à la réflexion sur la technologie. Des textes blindés d’humour et de bienveillance, de malice et de simplicité, à lire comme on discute avec une amie chère au coin du feu un soir d’hiver...
Bifurcations de l'imaginaire : les Printemps arabes ont partout essaimé après 2011, l’ordre étatique et capitaliste s’est peu à peu effondré. En 2021, des sociétés anti-autoritaires ont émergé. C’est cette uchronie qu'un collectif d’écriture explore dans un recueil de nouvelles qui questionne notre capacité à imaginer et à vivre l’autonomie.
L’Amazonie brûle aussi en Bolivie. Elizabeth Peredo est le témoin des feux qui ravagent la forêt du Chiquitano. Elle accuse le gouvernement « progressiste » bolivien d’organiser le saccage de la Terre entretenue par les « invisibles », les peuples indigènes, les femmes. Ce texte sensible est un appel écoféministe à la révolte depuis la Terre où nous sommes ancrés corporellement.
La philosophe éco-féministe Val Plumwood raconte sa rencontre presque fatale avec un crocodile en 1985. Qu'est-ce que cela fait d'être ainsi ramenée à son statut de nourriture ? Qu'est-ce que cela dit de notre rapport aux êtres vivants, à notre corps et à notre matérialité ?
En mobilisant toutes les ressources de l’imaginaire et à rebours d'un storytelling dominant qui glorifie le Héros, l’écrivaine féministe Ursula K. Le Guin explore, dans cette traduction inédite d’un texte de 1986, d’autres possibles narratifs pour cueilleur·se·s d’histoires et d'avoine sauvage.