Le capitalisme exploite le travail des humains... et des non-humains. Une transformation radicale du travail est donc nécessaire, soutient le philosophe Paul Guillibert, qui appelle à une alliance entre anticapitalistes, antiracistes et écologistes pour un « communisme du vivant ». Comment faire communauté autour de l’autonomie et de la subsistance dans un monde désormais majoritairement urbain ?
Terrestres organise une conférence publique à Paris le 1 février avec le spécialiste américain du néolibéralisme Quinn Slobodian, auteur du livre "Le capitalisme de l’apocalypse". Alors que le retour de Trump s'annonce comme une radicalisation des pathologies du néolibéralisme, de quelle idéologie est-il porteur ? Sommes-nous déjà entrés dans une ère post-néolibérale ?
Derrière la vraie détresse agricole, une fausse unité paysanne ? À travers le cas de l’actuel président de la FNSEA, Tanguy Martin dresse un argumentaire implacable sur les inégalités vertigineuses qui minent le monde agricole. L’agri-bourgeoisie doit cesser de se réclamer d’une condition paysanne dont elle exploite précisément le travail. Aux champs, la lutte des classes !
Vous avez probablement croisé son livre « Moins ! » : le Japonais Kohei Saito voit chez Marx des prémisses de la pensée écologique, et s’en sert pour défendre un « communisme décroissant ». Pas si simple, explique le philosophe Michael Löwy dans cette note critique : nulle prophétie chez Marx, mais une pensée qui reste cruciale pour affronter l’Anthropocène.
Alors que la conquête spatiale est techniquement invraisemblable et moralement obscène, ses promoteurs ne cessent de proclamer son triomphe imminent. Pourquoi ? Éléments de réponse dans « Une histoire de la conquête spatiale », qui met à nu les discours de propagande, depuis ses origines nazies jusqu’à son destin militaire et capitaliste. L’espace, une colonie à vendre… pour mieux détruire la Terre ?
« La publicité est contre la personne, car elle empêche le choix », écrivait Bernard Charbonneau en… 1935. Que dirait-il aujourd’hui s’il savait que le monde est encore convaincu du contraire ? « La publicité », une archive rare et toujours aussi pertinente, par un fondateur de l’écologie politique.
À l’occasion de la parution du livre à succès de Kohei Saito, « Moins ! La décroissance est une philosophie », Terrestres publie un extrait de ce manifeste décroissant à destination du grand public, qui défend un marxisme débarrassé de son héritage productiviste et repensé pour faire face aux catastrophes socio-écologiques.
La grande majorité de la population occidentale est privée d'accès à ses moyens de subsistance, séparée de la terre et de ses fruits : notre dépendance au capitalisme est extrême. L’ouvrage de Tanguy Martin « Cultiver les communs. Sortir du capitalisme par la terre » propose un chemin pour repenser radicalement la propriété de la terre, entre agriculture paysanne et émancipation.
Depuis trop longtemps, rien ne semble ralentir la course infernale de l'ogre Vincent Bolloré. Rachetant médias et maisons d'éditions, ce milliardaire réactionnaire assoie lentement mais sûrement un contrôle sur les paroles et les esprits. Des dizaines de collectifs et d'associations appellent à la riposte.
Dubaï, Ōsaka, Arabie Saoudite et maintenant Paris… les voitures volantes sont annoncées partout mais elles ne volent nulle part. Obstacles techniques ? Contestation sociale ? Si ce symbole du futur ne prend pas, c’est tout simplement parce qu’il est une figure du passé, dont la fonction est d’alimenter les projets capitalistes et leurs chantiers. Décollage immédiat pour le Japon !
Ces dernières années, une série de débats remue le courant écosocialiste. Deux tendances du mouvement, la décroissance et l'écomodernisme de gauche, sont traversées par des divergences de fond à propos du capitalisme et de son nécessaire dépassement. En finir avec le capitalisme, certes : mais comment ?
Jason W. Moore est un penseur majeur, mais exigeant, des liens entre écologie politique et critique du capitalisme. Entre « cheap nature » et critique du dualisme, le philosophe Paul Guillibert propose ici une introduction limpide à cette œuvre fondamentale de la pensée écologique contemporaine.
Depuis leur émergence dans les années 1970 à Hong Kong, les zones économiques spéciales se multiplient : on en compte désormais 5 400. Ces territoires maximisant la logique économique nécessitent une main d'oeuvre bon marché ayant le minimum de droits politiques. Quelle est la nature de cette nouvelle utopie capitaliste, appelée sécessionnisme ou zonification ?
En analysant rigoureusement l'opposition entre liberté économique et liberté politique, le philosophe Pierre Crétois entend défaire les mirages de l'ordre propriétaire pour envisager une société fondée sur la « copossession ». Un retour synthétique sur les arguments de son dernier ouvrage.
Dans « Le Grand Mythe », les historiens Naomi Oreskes et Erik Conway proposent un récit édifiant des efforts déployés par le patronat américain, tout au long du XXe siècle, pour faire triompher une idéologie anti-État et pro-marché. Mais si la thèse est ambitieuse, sa démonstration demeure insuffisante.
Comment définir les activités agricoles et industrielles introduites au XVIe siècle, devenues désormais hégémoniques ? L'ère des plantations : une simplification radicale des milieux vivants et la généralisation du travail forcé. Dans cet entretien passionnant, deux figures majeures de la pensée écologique ouvrent leur boite à outils pour éclairer notre époque.
Courant théorique d'écologie politique, l'éco-marxisme connaît un large succès populaire et universitaire. Pourtant sa radicalité s'exprime parfois par une disqualification d'approches, comme le nouveau matérialisme, qui pourraient en réalité se révéler complémentaires, si elles n'étaient pas caricaturées.
Nées dans les années 1970, les pensées de la décroissance font l'objet depuis une dizaine d'années de travaux académiques de plus en plus nombreux. Une récente synthèse permet de dessiner les principales critiques que ce courant d'idées et de recherche adresse au système capitaliste.
Chaque jour, par l'usage de centaines d'objets et notre appétit de technologie, nous dévorons la terre : cuivre, argent, lithium... Saviez-vous qu'aux États-Unis on recense 500 000 mines abandonnées ? Que la pollution minière est irréversible ? Il est urgent de saisir les effets désastreux de l’extractivisme. Nous publions des extraits du remarquable livre-enquête de Celia Izoard.
Au nom de la transition vers les énergies vertes, les pays les plus riches ont accentué leur course aux métaux critiques. Cette croissance des besoins amplifie l'extractivisme dans le Sud Global. A rebours de cette orientation mortifère, ce court manifeste appelle à une transition énergétique écosociale.
Au tournant des années 2000, le mouvement de libération animale lance une campagne massive contre le plus grand laboratoire d’expérimentation animale d’Europe. La mobilisation s’organise autour de la stratégie SHAC, encore utilisée aujourd’hui. L’objectif est de provoquer la faillite d’une entreprise qui collabore à des projets toxiques.
A partir de 1945, la conversion des sociétés contemporaines aux énergies fossiles a constitué une mutation globale. Cette métamorphose productive de quantités de territoires et paysages porte un nom : la pétrolisation. Comprendre ces pollutions comme des « violences lentes » permet d'éclairer les relations entre industrie, santé et écosystèmes.
Dans quel monde vivons-nous ? Une société façonnée par les lois de l'économie qui donne au capital la souveraineté pour décider de ce qu'il faut produire, à quelles conditions sociales et écologiques. Rappelant la folie et la cruauté d'un monde organisé sur l'expansion et l'accumulation économique, J. Hickel esquisse une autre voie.
Rarement évoquée, l’industrie du tourisme contribue pourtant largement à la catastrophe écologique et pèse près de 10 % du PIB mondial. Fondée sur l’énergie carbonée et accélérant la marchandisation du monde, cette industrie doit faire l’objet d’une révision en profondeur. Une société écologique postcapitaliste devrait-elle mettre un terme au tourisme ?
Le néolibéralisme a réussi un véritable hold-up sur nos désirs. Contre la consommation jouissive de marchandises, il est urgent de faire naître des pratiques et des imaginaires alternatifs. Le philosophe Mark Fisher réfléchit au futur de l'émancipation en revenant sur la contre-culture des années 1960-1970, où s’invente une "abondance rouge". Comment libérer le désir dans une perspective écologiste ?
Bonnes feuilles – Comment saisir ce qui se joue depuis des années sur le plan social, politique et écologique ? Le livre choral "On ne dissout pas un soulèvement, 40 voix pour Les Soulèvements de la Terre" propose une lecture polyphonique des multiples enjeux que portent ce mouvement. Dans ce texte extrait du recueil, la romancière Virginie Despentes brosse le portrait d'une fuite en avant économique et politique.
Alors que plusieurs livres récents mettent en garde contre une tentation écofasciste à venir, le philosophe Fabrice Flipo estime que les fascismes d’aujourd’hui et de demain n’ont rien à voir avec l’écologie politique. Selon lui, la notion d'écofascime repose principalement sur l'analyse de groupuscules sans envergure et dont l'écologisme n'est qu'apparent.
L’écoféminisme est une proposition théorique et politique élaborée depuis près de cinquante ans. Dès les années 1970, Maria Mies et Veronika Bennholdt-Thomsen analysent l'industrialisation comme un vaste processus de destruction de la subsistance. A partir de l’attention à l’ensemble des activités vitales du quotidien, elles relient colonialisme, domination de la nature et des femmes. Ce faisant, elles nous aident à mieux comprendre la domination capitaliste et patriarcale et ouvrent des voies politiques fécondes.
Lorsqu’en 1867 Marx publie à Hambourg le livre I du Capital, cinq longues années sont nécessaires pour écouler le tirage de 1 000 exemplaires. Cent-cinquante ans plus tard, un universitaire japonais publie « Le Capital dans l’anthropocène » qui se vend à 500 000 exemplaires… Kōhei Saitō y propose une relecture écologiste du philosophe allemand, alliant décroissance et communisme. Le « redoutable missile » que Marx croyait avoir « lancé à la tête de la bourgeoisie » vient-il d’être à nouveau mis en orbite depuis le Japon ? Éléments de réponse dans cet entretien avec l’auteur.
Le néo-libéralisme sera-t-il enseveli par le ravage écologique ? Loin d’y voir une nécessité, le philosophe Federico Luisetti analyse comment le capitalisme se renouvelle face aux bouleversements du monde, adaptant ses techniques de gouvernement des vivants et des conditions de vie sur Terre. Reste le pouvoir des forces terrestres elles-mêmes, peut-être à même de le déborder.
Comment le capitalisme maintient-il son emprise à l’échelle planétaire, sans qu’on ne doute jamais de sa capacité à faire face aux crises engendrées par son propre fonctionnement ? Sur quels dispositifs de pouvoir s’appuie-t-il ? Alf Hornborg aborde ces questions avec les outils de l’anthropologie culturelle, et tente de dessiner une porte de sortie monétaire au désordre global généré par ce système.
Derrière chaque éolienne, chaque panneau photovoltaïque, chaque voiture électrique, chaque data center se trouve une exploitation minière qui bouleverse les conditions sociales et écologiques des êtres peuplant le territoire où celle-ci s’établit. Le cas de la mine Skouriès, en Grèce, nous montre que les dommages infligés par la mine sont rendus indispensables par une politique promouvant certaines formes de vie au détriment d’autres.
Le capitalisme et une partie de sa critique se sont construits sur l'idée de production, séparant ainsi le travail (masculin, blanc) qui a une valeur - du travail invisible, socialement dévalorisé et non rémunéré. Une perspective féministe ne peut se contenter de simplement revaloriser le travail reproductif. Elle invite plutôt à considérer toutes les activités humaines sous l'angle de la reproduction matérielle et à passer de la rétribution à la restitution.
Grand pays lancé dans la course à la modernisation, l'Inde se conforme, elle-aussi, à une logique d'appropriation et d'exploitation implacable de ses terres et de leurs habitant·es. Ce texte décrit le cas des Adivasis, peuple du sous-continent luttant contre les ravages du progrès indien.
Comment imaginer et inventer les institutions politiques capables de répondre aux défis de la catastrophe écologique ? Comment prendre soin des mondes et des milieux que nous habitons en réinventant les formes du vivre ensemble dans une perspective multispécifique, décoloniale et écoféministe ?
Bonnes feuilles - Dans les débats publics, la protection sociale est souvent considérée comme une mission de l’État providence sans cesse dévaluée par des politiques néo-libérales. Une autre perspective ancrée dans la longue durée invite à y voir une opposition entre l’État social et la Sociale : celle-ci symbolise la protection sociale auto-organisée par les travailleures·ses que l’État tente de détricoter et de contrôler jusqu’à en changer sa nature.
Bonnes feuilles - Les institutions politiques modernes sont en crise et semblent incapables de répondre à la catastrophe écologique. En partant de différentes luttes menées à travers le monde, les auteurs font apparaître d’autres manières de faire politique depuis les milieux de vie. Prenant acte des critiques décoloniales et écoféministes, ils dessinent les contours d’une cosmopolitique qui tienne compte des différentes manières d’habiter la Terre.
Contrairement à une idée souvent avancée, le transhumanisme ne constitue pas une révolution. Cette utopie approfondit et radicalise le projet moderne d'arrachement à la nature et de maîtrise techno-scientifique du monde. Si ses promoteurs annoncent régénérer l'être humain ou même réduire la taille des individus pour faire face aux contraintes écologiques, leur objectif fondamental est de rendre intouchable la norme de vie capitaliste et industrielle.
Transition, bifurcation ou révolution écologique : l'époque se cherche une nouvelle direction, comme en atteste la prolifération de tous ces mots. Quelle alternative imaginer face à cet ordre économique et politique mortifère ? En huit courtes thèses, les auteurs de cet article résument les raisons pour lesquelles une décroissance écosocialiste est souhaitable.
L'hiver dernier, les éditions du Seuil publiaient un Manifeste conspirationniste anonyme, suscitant alors de vives polémiques. Dans cette lecture, Bernard Aspe interroge les thèses principales de ce texte sur l’âme, le style, la biopolitique de la COVID-19 et les présupposés politiques de la lutte. Au fond, quelles tensions existe-t-il entre le souhait de défaire ce monde et l’impératif de construire une communauté de lutte ?
Bonnes feuilles - La technologie pourrait devenir un lieu central de la lutte politique. Chaque jour davantage, des dispositifs de surveillance colonisent les rues, la navigation internet ou les collectifs en luttes. Tandis que l'activisme des pouvoirs économiques et politiques accentue la fuite en avant dans le numérique et la course à l'innovation, les initiatives se multiplient pour contrer cette surenchère et imaginer d'autres manières de s'y opposer.
Au fil de ses ouvrages et de ses interventions, Andreas Malm s'est imposé comme une figure majeure de la pensée éco-marxiste. Cependant, comment comprendre certaines équivocités ? Qui sont les oublié·es de ses analyses ? Son léninisme politique est-il pertinent pour notre époque ? Qu'en est-il de sa confiance en certaines technologies réputées salvatrices ? Ce long article mène l’enquête en revenant sur l’œuvre du penseur suédois.
Quel est le sujet politique de la bifurcation écologiste ? Le Mémo sur la nouvelle classe écologique de Bruno Latour et Nikolaj Schultz part d’un constat de plus en plus partagé : maintenir les conditions d’habitabilité de la Terre nécessite de rompre avec le développement irrésistible de la production. Mais à l'heure de cette nécessaire redéfinition écologique des classes, les écologistes sont-ils voués à devenir la nouvelle classe dominante ou bien doivent-ils lutter avec les autres dominé·es pour abolir les classes ?
En 1950, 31 % de la population active française était alors agriculteur.rice. En 2020, ce chiffre est tombé à … 2,5%. Cette spirale sans fin est le produit d’une politique qui a délibérément reposé sur l’industrialisation, le productivisme, la production et la consommation de masse, la concentration des terres et la disparition des paysan.es. Après 70 ans de modernisation agricole, l’impasse écologique se double d’une impasse économique et sociale.
Bonnes feuilles - Y-a-t-il un lien de causalité entre le saccage de la nature et la propriété privée, individuelle et exclusive ? À l'examen des causes du désastre, la propriété privée doit être placée au centre de l'enquête. Cette institution centrale fait l'objet d'une investigation précise dans le riche recueil d’articles traduits par les Éditions Amsterdam. L’introduction proposée ici permet de dévoiler une partie des enjeux et des textes écrits sous un angle historique.
La pénurie de masques, au début de la pandémie de COVID-19, a offert une illustration supplémentaire de l'incapacité du marché à fournir les biens essentiels. Mais par-delà cet épisode désastreux, qu’en est-il des relations entre objets jetables et pandémies ? Et si les épidémies avaient participé à construire la jetabilité ordinaire des objets du quotidien ? Dans cet article, l'auteure explore cette hypothèse en s’intéressant à trois objets emblématiques.
Les milliardaires de la Silicon Valley nous sauveront-ils du désastre en cours ? Réaliseront-ils ainsi la mythologie du capitalisme selon laquelle l'humanité peut compter sur quelques individus audacieux, une sorte d'avant-garde au service du bien commun ? Dans cet article, Nikolaj Schultz revient sur l'idéologie sécessionniste et mortifère qui semble régner chez les maîtres du monde.
Avant d’être brutalement stoppées en 2020 par le Covid, les luttes écologistes et sociales connaissaient depuis 2018 un élan sans précèdent. Un mouvement inédit de politisation a alors touché une part importante de la jeunesse éduquée et urbaine : grèves pour le climat, actions de désobéissance civile, médiatisation hors-norme… Ce récit personnel propose une histoire de ces années de bouillonnement depuis l’intérieur de Youth For Climate Paris.
Peu avant la guerre en Ukraine paraît une enquête réalisée par Mickaël Correia : Criminels climatiques. Enquête sur les multinationales qui brûlent notre planète (La Découverte, 2022). Trois multinationales de l’énergie y sont minutieusement analysées. Parmi elles, le géant gazier russe Gazprom, entreprise proche de Poutine. L’auteur revient avec nous sur notre dépendance croissante à son égard et les défis géopolitiques qu’elle soulève.
Bonnes Feuilles - Le greenwashing est souvent vu comme une manière de donner l'illusion de responsabilité écologique. Qu'elle concerne des biens ou des services, cette illusion ne serait qu'un argument marketing en plus. Et si le greenwashing relevait en réalité d'une dynamique plus profonde de l'histoire des sociétés industrielles ?
Au déluge de bombes sur l’Ukraine a répondu une avalanche de boycotts économiques et sportifs de la Russie. Alors que l’industrie du sport a permis à bien des dictatures de s’offrir une vitrine et une réputation, sa toxicité est désormais questionnée. Vivons-nous la fin de l’âge d’or du « sportwashing » ? Peut-être, à en croire ce communiqué écrit par l’équipe de France qui annonce qu’elle ne participera pas à la Coupe du monde de football 2022 au Qatar !
Près de 50 000 hectares de forêt ont déjà brûlé en France en 2022, un chiffre jamais atteint depuis 2006, alors que la saison sèche est loin d’être achevée. L’état des forêts suscite une inquiétude croissante : la monoculture de résineux comme le productivisme sont mis en cause. Cette triste actualité est l’occasion de (re)lire cet article écrit dans le sillage de "l’Appel pour des forêts vivantes" qui a eu lieu à l’automne 2021.
La tragique actualité ukrainienne a contribué à lever un voile sur les flux de matières et d’énergies indispensables au maintien de nos vies en régime industriel : gaz, pétrole, engrais. Ne sommes-nous pas reliés par mille fils toxiques à un monde indéfendable ? C’est cette même intuition qui anime depuis deux ans les Soulèvements de la terre. Le 5 mars dernier, une action était menée près de Lyon contre le leader mondial de l’agrochimie, Bayer-Monsanto. Récit.
Alors que paraît en ce début d’année 2022 l’essai de Bruno Latour et Nicolaj Schultz qui tente d’explorer « comment faire émerger une classe écologique consciente et fière d’elle-même », leur éditeur Philippe Pignarre nous transmet cette lettre ouverte à ses ami·es marxistes, les enjoignant à prendre au sérieux les propositions qui y sont faites.
Cette première séance du séminaire Devenirs Terrestres pour cette année réunira plusieurs membres et ami.e.s de la revue Terrestres, pour introduire une discussion collective...
Que peut la fiction face aux ravages ? « Viendra le temps du feu » s’interroge sur les formes de subversion et de révolte possibles dans un monde dystopique. Dans le sillage de Monique Wittig, l'autrice imagine des communautés autonomes où sororité, féminisme et détermination se mêlent pour sortir de la sidération.
Enquête parmi les enquêtes en vue des rencontres « Reprise de Terre », qui se tiennent cet été à Notre-Dame des Landes, ce texte propose une lecture de la « modernisation agricole » des années 1940-1970 en France comme un processus, assez brusque et massif, de prise de terres.
Les émissions de CO2 associées aux importations en France ont doublé en vingt ans. Que conclure de ce fait tenace ? Qu’une écologie technicienne des limites planétaires détournant le regard des échanges écologiques inégaux ne peut accoucher que d’un capitalisme vert pâle ? Que la mondialisation décuple les dégâts du capitalisme dont il faudra bien se défaire ?
Alors que la numérisation de la vie s’intensifie au temps des confinements, il est urgent de penser comment la « Révolution numérique » façonne un nouvel ordre économique qui étend l’emprise destructrice du capitalisme industriel sur la nature et la société. Deux ouvrages récents, discutés ici par l’économiste Hélène Tordjman, nous aident à avancer sur ce chemin.
« L’âge des désordres » est devant nous et « voir l’avenir en prolongeant les courbes passées pourrait constituer votre plus grave erreur ». Telle est la vision du monde d’un acteur majeur du capitalisme financier, révélée par la fuite d’un rapport privé de la Deutsche Bank à l’usage de ses principaux « clients ». Un parcours éclairant en forme de dystopie pour les possédants.
Le samedi 30 janvier 2021, nous étions plus d'un millier à nous rassembler dans un champ de Fournès (Gard), pour protester contre l'implantation d'un hangar Amazon géant (40 000 m2 pour 18 m de hauteur) à l'invitation d'un collectif d'associations (Attac, Les amis de la Terre, Extinction rebellion, ANV-Cop21, Adere, la Conf', etc).
Que nous arrive-t-il politiquement ? Un vent mauvais souffle et les jours heureux ne reviennent pas. A l'horizon, les promesses d'auto-gouvernement, d'un quotidien qui s'améliore, de l'émancipation des dominations, de la jouissance du présent s'estompent dans le brouillard. Après le temps de l'indignation, de la colère, voici celui de la peur. Mais inévitablement reviendra le temps de la colère politique.
Les mesures de confinement sont profondément ambigües. Remettant en cause la responsabilité individuelle et collective, elles sont dans le même temps critiquées pour leur insuffisance, en particulier à l'endroit des lieux de travail, de consommation et d'enseignement. En revenant sur la logique à l'origine la pandémie, ne pourrait-on pas plutôt interroger la mise au travail généralisée ?
L'économie peut-elle se réconcilier avec l'écologie ? En août dernier, le festival Agir pour le vivant a spéculé sur cette réinvention. Le décryptage méticuleux qui est proposé ici l'interprète comme une nouvelle étape dans la dépolitisation des enjeux écologiques. Autant de confusions qui aboutissent au contraire de l'objectif affiché : mettre un terme au ravage du vivant
Les chercheurs éco-marxistes ont en commun d'avoir exploré le lien entre capitalisme et dérèglement climatique. Cependant, ils divergent sur une question cruciale : la nature et le climat sont-ils extérieurs au capitalisme, nécessitant donc une révolution anti-capitaliste pour être sauvés, ou bien constituent-t-ils une contradiction interne à celui-ci, le menant structurellement à son effondrement ?
Que peut nous dire Walter Benjamin sur la situation contemporaine, sur la montée simultanée des eaux et de l’éco-fascisme ? C’est à cette question que le livre de Michael Löwy, auteur indispensable pour comprendre la philosophie de Benjamin, nous aide à répondre. L’enjeu est de taille : reformuler le concept de révolution.
« Nous avons besoin d'une population pleinement connectée et d'une infrastructure ultra-rapide » : alors que le coronavirus continue de tuer des milliers de personnes chaque jour, les entreprises technologiques saisissent l'opportunité du choc sanitaire afin d'étendre leur portée et leur pouvoir.
Plutôt que messager de la nature, le coronavirus qui nous affecte doit son existence à un vaste réseau de relations : grandes places financières mondiales, marchés aux animaux, néo-libéralisation des politiques de santé publique, confinement des travailleurs et industrialisation de l’élevage animal. Faire face à la pandémie, ce pourrait être alors penser un projet de « désaliénation ».
JP Morgan est le plus grand financier des combustibles fossiles au monde. JP Morgan vient de publier une étude où il admet la catastrophe écologique : « Quelque chose devra changer à un moment donné si la race humaine veut survivre. » JP Morgan a vu son cours boursier flamber de 230% en 10 ans. Et nous, collectivement, que faisons-nous ? On a commencé par lui écrire une lettre.
Tandis que les riches font sécession, deux livres nous aident à reprendre le chemin de l’égalité. Mais comment articuler la nécessaire révolution égalitaire écologique ? Resocialiser les patrimoines monétaires des riches est essentiel, mais pas pour faire de chacun un petit capitaliste. Des politiques de sobriété juste et d’enrichissement des communs sont urgentes !
Le 5 octobre 2019, près de 2 000 de personnes ont occupé le centre commercial d’Italie 2 à Paris, pendant 17 heures. Portée par un groupe d’Extinction Rebellion, cette action a ouvert des possibilités nouvelles. Voici un retour d’expérience, pour tenter de comprendre la position charnière d’XR dans le champ de l’activisme, et la nouveauté d’une écologie qui gagne en influence sur les imaginaires et les affects politiques.
La pensée socialiste s'est-elle, dès ses débuts au 19e s., laissée contaminer par l'idéologie productiviste, expliquant ainsi les ravages écologiques du soviétisme ? L'enquête de Serge Audier sur les origines de la pensée écologique dévoile une réalité plus complexe : malgré sa tendance au productivisme, c'est dans les marges du socialisme que s'est inventée l'écologie sociale qui ressurgit aujourd'hui.
Une avalanche de boue médiatique a récemment déferlé sur l'activiste Greta Thunberg. Ces attaques d'éditorialistes et de polémistes sont l'occasion de revenir sur la nature des disqualifications portées contre l'écologie depuis le début des années 1990 et de mettre en perspective les enjeux écologiques contemporains. Nous publions la version longue d'un récent entretien donné par les auteurs à l'Obs.
Pour cette première émission « Points de rupture » avec Mediapart, nous échangeons autour de 3 livres marquants : Devant l'effondrement d'Yves Cochet, Le champignon de la fin du monde d'Anna Tsing et La société ingouvernable de Grégoire Chamayou. Où il est question à la fois de prophétie, du capitalisme et de la gestion de ses contestations.
Si la réflexion sur l’entrée des démocraties occidentales dans un régime d’état d’exception permanent est avancée, comment ce dernier va-t-il se combiner avec le réchauffement climatique ? Dans cette recension de l’incontournable Climate Leviathan, Alyssa Battistoni propose un questionnement inquiet sur les formes de la souveraineté politique planétaire et sur ses contestations.
[Bonnes feuilles] Quel temps politique traversons-nous ? Dans Le capital déteste tout le monde, Maurizio Lazzarato propose de repartir des années 1960 pour éclairer une série de phénomènes et notamment les liens entre néolibéralisme et néofascisme. Et porte un diagnostic sur l'état des forces qui pourraient s'opposer à la logique du capital.
Le succès mondial des livres de Harari mérite réflexion. Derrière la synthèse scientifique qui déroule une histoire de l’humanité « vue du ciel » d'une stupéfiante clarté, se dessine une pensée dont la neutralité et le détachement épousent finalement de près les intérêts du capitalisme tardif. À l'horizon : l’asservissement d'une humanité surnuméraire à une élite de cyber-humains « augmentés ».
À l'heure où le mouvement des gilets jaunes combat la grande braderie des vies, l'ouvrage Comment notre monde est devenu cheap de Moore et Patel tombe à pic. Croisant marxisme et écologie il met au jour les mécanismes d'appropriation de la nature et d'exploitation des humains, et dessine les voies d'une contre-attaque.
[Bonnes feuilles] Extrait du dernier livre de Serge Audier, l’Âge productiviste, ce texte participe à clarifier les relations historiques entre l'écologie politique et les deux grandes idéologies de l’industrialisation : le capitalisme et le socialisme.
Fabian Scheidler, journaliste et dramaturge allemand, a publié en 2015 La fin de la mégamachine, un ouvrage important qui retrace l’histoire et les apories de la civilisation industrielle et sa logique d’accumulation sans fin. Terrestres propose ici pour la première fois des extraits en français.
S’appuyant sur une abondante littérature produite par le management d’entreprise depuis un demi-siècle, Grégoire Chamayou montre l’ampleur de l’offensive menée par une élite économique qui a cru, dans les années 1960-70, sa dernière heure arrivée. Le capitalisme est redevenu directement politique : il a privatisé les fonctions de gouvernement, remplacé partout la vie démocratique par un libéralisme autoritaire.
En s’interrogeant sur les nouvelles formes du conflit politique, le livre de Josep Rafanell i Orra prolonge et renouvelle les réflexions développées dans le contexte du mouvement autonome. Contre le processus d’unification et d’expropriation globalisant à l’oeuvre dans le capitalisme, il s’agit d’opposer des manières d’habiter multiples et différenciées, capables d’articuler et de donner consistance à un commun partageable.
Y-a-t-il un « fondement absolu » auquel raccrocher nos valeurs ? Non, répond Frédéric Lordon : nous sommes voué.e.s à la « condition anarchique », condition ardue à admettre et comprendre alors que tout concourt à la faire oublier. Est-ce là un aveu de scepticisme radical que nous livre Lordon ou bien une leçon de sagesse, certes éprouvante, mais salutaire ?
À mesure que notre horizon écologique et politique se durcit, la discorde entre les écologies s'aggrave. Pour ceux qui ne se résignent pas à couper les ponts, le dernier livre de Cyril Dion doit être l'occasion d'interpeler l'écologie majoritaire sur ses angles morts, et de réfléchir aux voies d'une radicalisation politique des résistances.
« L’écologie est inconciliable avec le capitalisme », telle est la thèse de Fred Magdoff et John Bellamy Foster. Pour eux, seul un État socialiste est à même de faire adopter des mesures contraignantes. Mais loin de la « révolution écologique » promise, c'est davantage un catalogue de propositions de type « capitalisme vert » que déroule l'ouvrage.
Comment rouvrir l'horizon émancipateur de la révolution à une époque où l'expérience du temps s'est refermée sur un présent sans avenir ? C'est à cette question que s’attaque Jérôme Baschet qui, à travers un détour par l'expérience Zapatiste, nous propose une réflexion profonde sur le temps et sur notre rapport à l'histoire.