Autoroute A69 : du goudron et des thunes

Après-guerre, au nom de la modernisation capitaliste, l’État a imposé un violent et destructeur remembrement des campagnes. Depuis une vingtaine d’années, c’est le désenclavement qui a pris le relais et justifie les grands projets d’artificialisation et d’appropriation des terres. L’autoroute A69 illustre la toxicité de cet héritage modernisateur et colonial.

Aménager, c’est assurer la continuité de l’exploitation économique et technique entre des parcelles de terre pour le remembrement et des parcelles de territoires pour le désenclavement.

Lutter contre un projet soutenu par l'État, c'est faire l'expérience quotidienne de sa violence. Sur le chantier de l'A69, cette répression policière a été tellement brurale qu'elle a entraîné l'intervention du rapporteur spécial de l'ONU sur les défenseurs de l'environnement en février 2024. Dans ce reportage photographique au long cours, Alexis Pichot témoigne de la ténacité des militant·es contre l'autoroute mais aussi de la beauté de leur lutte. No macadam !

J’ai pu voir ressurgir, se soulever de la terre, cet élan de vie, cette résilience qui permet de ne pas baisser les bras en prenant soin des un·es des autres, en s’apportant l’amour nécessaire pour tenir et continuer de résister.

Alors qu'une mobilisation d'ampleur se préparait du 7 au 9 juin 2024 contre l'A69, le pouvoir politique a cherché à l'interdire. Cette tribune de soutien rappelle la nécessité de poursuivre un mouvement d'opposition créatif et massif contre un projet écocidaire qui détruirait 400 hectares de terres agricoles.

L’A69 est typiquement un projet zombi : un vieux projet en sursis, maintes fois enterré, un équipement voué à disparaître à l’heure des crises sociales et écologiques, et qui ressort pourtant, en accélérant encore la course aux infrastructures meurtrières qui détruisent les vivants.

Le lundi 9 décembre 2024, le Tribunal administratif de Toulouse a décidé, contre toute attente, de rouvrir l'instruction dans le dossier emblématique de l'autoroute A69 entre Castres et Toulouse. Au lieu des travaux, c'est le droit de l'environnement qui a été suspendu. L'occasion de s'intéresser à ce champ de bataille des luttes écologistes, pour interroger ses puissances et ses limites, à travers une prise de position de Geneviève Azam et un entretien avec Samuel Delalande, avocat spécialisé en droit de l'environnement.

Il faut toujours remettre le droit de l’environnement dans le contexte de lutte dans lequel on l’utilise. C’est seulement un des moyens dont nous disposons.