C’est un matériau emblématique des Trente glorieuses : le Formica, formidable plastique des cuisines modernes. Mais dans le village d’Aude où se trouvait l’usine, formol et phénol, des produits toxiques pas du tout fantastiques, ont laissé des traces dans les corps des ouvrier·es et les rivières de la région. Récit d’un débordement industriel méconnu au royaume des truites fario.
Si toute l’architecture est une architecture de l’Holocène, comment inventer l’architecture de l’Anthropocène ? Pour répondre à cette question, la philosophe australienne McKenzie Wark effectue un étonnant détour par… les plages du débarquement de Normandie. Auprès de Bernal, un scientifique aussi singulier qu’inventif, on apprend que les accidents expérimentaux seraient peut-être la clé pour concevoir les bâtiments des temps troublés à venir.
L’OFB, agence chargée de faire appliquer les règlementations environnementales, est l’objet d’attaques violentes et répétées de la part des agriculteurs et du gouvernement. Un effet du contexte actuel de grand recul écologique ? Le problème est plus vaste, expliquent la sociologue Yannick Sencébé et l’historien François Jarrige : la politique agricole française contribue à la production systémique de l’impunité environnementale.
Il n’y a pas « une » mais « des » pensées décoloniales. Selon les auteurices du livre « Critique de la raison décoloniale », un courant en particulier, né dans les universités étasuniennes et influent sur le continent américain, s’accapare toutefois le domaine. La sortie de l’ouvrage en français est l’occasion pour l’historien Jérôme Baschet d’identifier les nœuds de cette controverse et d’appeler à un débat plus ample.
Quand on pense « pollution plastique », on pense aux océans, aux bords de route… mais pas vraiment aux potagers. Pourtant, les sols sont gorgés de plastiques, plus ou moins toxiques et microscopiques. Comment les cultiver malgré tout ? Extrait d’un ouvrage complet et audacieux sur les pollutions de nos jardins, qui apprend à faire avec en luttant contre !
Peut-on vraiment sauver la « wilderness » en associant les expériences des esclaves fugitifs à une théorie marxiste de la nature sauvage ? C’était le pari d’Andreas Malm dans un texte de 2018, que nous avions traduit et publié. C’est manquer, lui répond ici Malcom Ferdinand, que ce n’est pas la wilderness qui fut émancipatrice, mais la relation des Marrons avec ces terres, sources de leur quête du monde.
La presse s’en est régulièrement moqué : « des écolos s’opposent au train ! ». Mais les écolos ont d’excellentes raisons de contester le Lyon-Turin, et les auteurs de cet article les exposent mieux que personne. Alors qu’un réchauffement de 4°C menace les montagnes, est-ce le moment de les saccager avec une méga-infrastructure ? Et si on utilisait ce qui existe déjà ?
Trois photos. Trois photos de corps brisés par la douleur parmi toutes celles qui témoignent de l’horreur à Gaza. Alors qu’elles attestent de la campagne d’annihilation, ces images n’ont abouti à aucune action pour protéger les Palestinien·nes ou infléchir le déchaînement de violence. L’autrice de ce texte fort et personnel tente de sauver ces corps d'une politique de déshumanisation radicale.