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C’est l’histoire d’un homme qui tombe d’un immeuble de 50 étages. Le mec au fur et à mesure de sa chute, il se répète sans cesse pour se rassurer : « Jusqu’ici, tout va bien. Jusqu’ici, tout va bien. Jusqu’ici, tout va bien. » Mais l’important, c’est pas la chute. C’est l’atterrissage…
Hubert dans La Haine, 1995
L’Anthropocène et les récits d’effondrement contemporains pourraient s’écrire comme la somme d’une suite de chiffres, eux-mêmes issus d’une suite de rapports, à leur tour issus d’une suite de conférences et de sommets internationaux. L’Anthropocène, c’est aussi l’histoire d’une quantité de quantités décrivant que tout va très mal et que ce sera bientôt pire. Les organisations comme la FAO, le GIEC, le WWF et l’UICN nous informent régulièrement sur « l’état » de la Terre et sur sa « trajectoire ». Les grands journaux scientifiques participent à cette accumulation par des synthèses, des modèles ou des observations inédites et « avertissent l’humanité » de la gravité de la situation générale1.
Les observations satellites et les technologies dites « embarquées » permettent d’établir des cartographies précises du moindre recoin de la Terre et de nos productions multiples qu’il s’agisse de gaz, de particules fines, de lumière, de bruit, de routes, d’huile de palme ou de bois issu de la déforestation.
Cette actualité de chiffres et ces images d’une terre « en observation » aussi grandiose que difficile à se représenter sont saisissantes, révoltantes, ou démotivantes. C’est selon.
Mais qui ou quoi observe la chute ? Et la chute de quoi et de qui au juste ? Et pour dire quoi ?
Un inventaire à la pervers
Chacun peut, à la rubrique nécrologie des récits sur l’Anthropocène, faire sa propre composition. Voici l’une d’entre elle, construite en juxtaposant des chiffres glanés dans les rapports et les publications de hauts rangs. Chaque chiffre pétrifie (littéralement « change en pierre » ou pourrait-on dire « change en Terre ») et renvoie à d’autres chiffres, qui malgré la prudence avec laquelle il faut les mobiliser au regard de la difficulté technique de leur établissement2, sont toujours plus sidérants :
Les trois quart des terres sont profondément affectés par les activités humaines3. La conquête spatiale de la terre ne ralentit pas, elle s’emballe. Rien que depuis 1990 un dixième des habitats intacts de la terre a été définitivement détruit4. À ce rythme, c’est 90% de la surface des terres qui sera sous influence humaine directe en 2050. Et c’est un carnage : 72% des espèces menacées ou quasi-menacées d’extinction le sont sous l’effet de la surexploitation, du commerce et de l’agriculture intensive qui causent et résultent de cette transformation des terres 5. Cette conversion s’accompagne d’un dopage chimique et hydrique : une hausse de 700% de l’utilisation globale d’engrais en 40 ans et de 70% de l’irrigation6. Entendons-nous. La conséquence de cette conversion massive n’est pas la disparition de quelque espèces déjà rares.C’est l’hécatombe : on a mesuré le déclin de 60% d’un indice qui reflète l’effectif des populations de vertébrés sauvages en 40 ans7. Au bilan, seulement 4% de la biomasse de vertébrés terrestres est encore représenté par des espèces sauvages. 60% de cette biomasse correspond aux animaux d’élevage et 36% à la biomasse de la seule espèce humaine. Désormais, le poulet à lui seul représente 70% de la biomasse des oiseaux8.
En dehors des vertébrés c’est le même tableau. On parle d’une « apocalypse » pour les insectes de certaines régions : en Allemagne on observe par exemple une chute de plus de 75% de la biomasse des insectes ces 30 dernières années. Et encore, ce sont dans les zones dites « protégées ». A l’échelle globale, le déclin des insectes se généralise9.
L’état des mers est tout aussi éloquent avec une dégradation massive des récifs coralliens (-40% depuis 1990) ou des mangroves (-20%)10. Quant aux poissons, nous les pêchons trop et trop vite. La plupart sont largement surexploités depuis plusieurs décennies11. Le changement climatique vient s’ajouter aux causes de cette mortification de l’océan12 déjà saturée par le trafic maritime.
Les scientifiques qui synthétisent ces chiffres au niveau global ont d’ores et déjà qualifié la situation de « défaunation »14 ou d’ « annihilation »15. Pour le déclin des insectes c’est un « Armageddon écologique » qui est employé pour qualifier le phénomène16.
Les humains, certains plus que d’autres, ne sont pas épargnés : les maladies provoquées par les pollutions ont causé environ 9 millions de décès en 2015. C’est bien plus que l’alcool, les accidents de la route, la malnutrition infantile et maternelle. C’est trois fois plus que les décès attribués au SIDA, la tuberculose et le paludisme combinés. C’est près de 15 fois plus de morts que la guerre et toutes les formes de violence17.
Trop c’est trop. Cette fois « le compte est bon ».
Et pourtant, ces chiffres ont ceci de pervers qu’ils nourrissent – au lieu de questionner – deux antichambres de l’Anthropocène. Deux lieux d’attente contemplative d’une quelconque transformation profonde des causes de la situation et d’une décision politique miracle. L’une de ces chambres fait figure de chambre froide, l’autre de bouillon de culture de l’Anthropocène.
Les deux antichambres de l’Anthropocène
La première antichambre, froide, est « l’entrepôt » de l’Anthropocène. Entrepôt dans lequel nouveaux rapports, nouveaux chiffres, nouvelles cartes, s’accumulent depuis près d’un demi-siècle. Il y a quelque chose de glacial dans cette accumulation de chiffres qui pointent tous dans la même direction depuis des décennies. Étrange situation que de créer de l’oubli et de l’ignorance en accumulant un savoir. Savoir auquel nous avons du mal à croire. Cela fait au moins 40 ans que les alertes sur le changement climatique, les pesticides et la destruction d’habitat sont formulées, chiffres à l’appui18. Les chercheurs Français qui ont signalé que le printemps 2018 était bel et bien silencieux tant le chant des oiseaux communs se faisait rare19 n’ont fait que réactualiser, plus de 50 ans plus tard, la prophétie de Rachel Carson de 1962.
L’histoire des sciences nous apprend pourtant le rôle déterminant des chiffres comme outil de re-politisation d’un problème. Trust in numbers20. C’est le mot d’ordre que l’on pourrait retenir pour caractériser comment le chiffre a pu servir d’arme de riposte face à l’affaiblissement politique. La création des statistiques et des sondages en fut la conséquence. Pour le meilleur (pour dénoncer une situation) comme pour le pire (pour manipuler une information à des fins de propagande).
Mais les chiffres de notre entrepôt sont devenus autres. Ils nous montrent un état des lieux d’autant plus vertigineux que le diagnostic d’une chute accélérée est émis depuis nulle part et se borne à des analyses quantitatives. Car enfin, quel est ce monde dont la Terre se résume en quelques chiffres ? Ces chiffres sédimentaires laissent en suspens leur sens matériel et politique. Tous les énoncés chiffrés deviennent dès lors possibles : les objectifs de « ralentir [ou stopper] d’ici 2010 la perte de biodiversité » ; « de baisser la température de la terre ».
Avec de telles formules, l’échec est contenu dans l’énoncé pourtant censé fixer un cap. Ces mêmes chiffres peuvent être utilisés avec la même force pour dire à peu près n’importe quoi. Par exemple « la protection de la nature est un succès avec un doublement du nombre d’aires protégées depuis 1990 ». À ce titre, le terme même de biodiversité est convoqué pour désigner un vivant vague, des objectifs abstraits et invérifiables. Un signifiant devenu insignifiant. À ce compte-là, il y aura toujours quelque chose de pourri au royaume de l’Anthropocène : son chiffrage contribue à nous faire rater son déchiffrage.
Une manière de re-politiser la question consiste à se demander qui « entrepose » ces chiffres et dans quel but ? Quel est l’agenda implicite de ces quantifications ?
Dans le dernier rapport du WWF, comme dans les précédents, les choses sont claires. Ce rapport « informe sur la dégradation grandissante de nos écosystèmes et indique la marche à suivre pour rendre notre planète durable ». Sauf que. La marche à suivre est, dans ce même rapport, celle d’un cadrage systématique de la crise de la biodiversité en termes de services écosystémiques et de recherche de bien-être d’une humanité prétendument unifiée21, tournant le dos à l’analyse lucide des injustices, des inégalités et des responsabilités. La remise en question du modèle économique dominant, les approches non instrumentales de la nature, les injustices environnementales ou les relations de pouvoirs, ne font pas parties de la marche à suivre.
Politique de rapports, politique du report. Report dans le temps et report de responsabilités. L’entrepôt est construit sur le mode de la sobriété politique, tout juste destinée à faire les vagues qu’il faut pour que l’on s’imagine que « la terre » et « l’humanité » sont surveillées constamment et correctement.
La deuxième antichambre, bouillonnante, correspond en somme au cabinet des curiosités qui tiennent lieu de « solutions ». Dès lors que je peux quantifier l’état du « système terre », je me donne la possibilité de le traiter en système clos, contrôlable. Cette antichambre fait figure de moteur, de réacteur d’un vaisseau piloté. On y développe les espoirs les plus fous de régler les problèmes par des technologies ou des changements de comportements miraculeux. C’est l’image que l’UICN utilise pour décrire l’utilité d’un « baromètre du vivant ». C’est aussi l’image que le Millenium Ecosystem Assessment utilise pour symboliser le scénario « Technogarden », société de contrôle de la nature à grand renfort de technologies. C’est curieusement la même image que Francis Bacon utilise dans sa Nouvelle Atlantide pour y développer son idéal du progrès en 1627. « Scientia potentia est » disait Francis Bacon pour caractériser le tournant d’une science moderne. Comprendre et mesurer, c’est pouvoir.
Le pouvoir de l’homme mâle et blanc en particulier, qui figure, au passage, toujours aux commandes dans ces tours de contrôle et en surplomb, au-dessus du monde matériel et biologique (comme l’illustre la figure ci-dessous). Autrement dit, les mesures de la démesure que l’on peut piocher dans l’entrepôt appellent machinalement à voir grand et fort lorsqu’il s’agit de chercher des « solutions ».
C’est là que l’esthétique du sublime, telle que la caractérise Jean-Baptiste Fressoz, exprime toutes ses fantaisies23. Car les « solutions », grisantes, s’inscrivent de facto dans la lignée des grands projets de développement qui reconnaissent et investissent le système terre comme une machine à piloter24. C’est cette nouvelle politique des grands nombres qui assure le lien entre les deux antichambres.
Si l’on en croit ce récit et le programme correspondant, nous pouvons et devons « guider la trajectoire de la terre »25 puisque nous sommes devenus à la fois les « navigateurs »26 et les « capitaines du navire » Anthropocène. Climat ou biodiversité se conçoivent comme deux variables à ajuster d’un gigantesque baromètre : « Et 2 degrés de plus pour 2030, 2 ! Qui dit mieux ? 1.5 à droite ? 2.5 à gauche ? ». Rien ne va plus. Nous voici dans la salle de la machine infernale dont il faut reprendre le contrôle. La dimension politique se trouve ici sublimée par ces mêmes chiffres englobants ainsi décrits par Fressoz : « les statistiques globales de consommation et d’émissions compactent les mille manières d’habiter la terre en quelques courbes, effaçant par la même l’immense variation des responsabilités entre les peuples et les classes sociales »23.
Le projet politique n’est plus celui de la sobriété passive mais celui des promesses salvatrices de la géoingénieurie ou de la vertu des « petits gestes » individuels accumulés de recyclage et d’énergie « propre ». Mais pourquoi, justement, tant de promesses, pourrait-on s’écrier en reprenant l’interrogation que provoque tant de récits technophiles27 ?
Sublime, donc, mais aussi ridicule.
Nous voici pris au piège : le chiffrage de l’Anthropocène est absolument nécessaire. La situation écologique, quel que soit son nom, n’est pas qu’une construction sociale proposée par des universitaires alarmistes. Et certaines ONG productrices de ces chiffres ont aussi un rôle d’alertes salutaires sur lequel les médias et la société civile peuvent s’appuyer.
Mais s’ils ont pour vocation de devenir une fin en soi, ces exercices de quantification semblent seulement nous autoriser à regarder la chute en répétant “Jusqu’ici, tout va bien.” “Jusqu’ici, tout va bien.” “Jusqu’ici, tout va bien.” Soit depuis l’entrepôt désincarné qui ne fait qu’accumuler froidement ces chiffres, soit depuis la tour de contrôle d’on ne sait quel destin.
Dans une lecture plus poétique, il devient alors presque doux de contempler la catastrophe…notamment celle des « autres ». Choses, vivants, humains – ou non – sont dans une tourmente qui ne me concerne pas, voir qui me réjouit, tel que Lucrèce nous invite à le méditer dans son De rerum natura…. Suave mari magno… « Il est doux, lorsque les vents troublent les flots sur la grande mer, de regarder depuis la terre les rudes épreuves d’autrui… ».
A l’ombre des nombres
Parlons-en, de ces naufragés. Il y a bel et bien un monde, des mondes, dans lesquels ces myriades de choses en pierre, en air, en eau et ces myriades de vivants en feuille, en chair ou en os ont été détruits, modifiés ou s’accumulent. Les victimes humaines des injustices environnementales ne sont pas non plus épargnées. Les réalités humaines et biophysiques doivent être connues, montrées. Les chiffres globaux devraient faire éclater et non gommer le sens d’une telle réalité.
Ces chiffres devraient donc expliciter leur contenu, ne pas rester à l’état de contenant dépolitisé. Il y a, comme pour les mots, un euphémisme sournois du chiffre, un oubli et un non-dit qui l’accompagne.
Il est facile de réécrire certains mots communs pour expliciter ce qui est implicite dans l’Anthropocène28:
- Déclin de la biodiversité ? Tir, empoisonnement, noyade, étranglement, délits.
- Transformation des terres ? Prédation. Conquête. Profit. Impérialisme.
- Pilotage de la terre ? Arrogance. Domination. Mépris.
- Développement durable ? Hypocrisie. Idéologie capitaliste. Croissance infinie. Technophilie.
Certes, les chiffres se réécrivent moins facilement. Mais comme les mots, ils cachent des choses et des vivants qui ont un lieu et une histoire que leur regroupement en quantité globale laisse de côté. Une copie abstraite purement quantitative du monde s’est ainsi trouvée forgée. Simulacre d’un réel qui brouille les causes du désastre écologique dont nous sommes les témoins mais dont les effets et les responsabilités ne sont pas partagés.
« Déclin de 3% des populations d’oiseaux et impact de l’urbanisation et des pesticides sur les oiseaux ? » comprendre et imaginer « tas de cadavres de milliards d’individus qui s’assomment sur les vitres et s’empoisonnent dans les champs ».
Re-politiser les chiffres peut démarrer par approfondir leurs significations matérielle et biologique. Mais qu’il s’agisse de la construction d’un barrage, d’un aéroport, d’une zone commerciale ou d’un programme politique englobant, demandons-nous quel est l’agenda politique qui motive la destruction ou le dénie qui en résulte ? Il est temps de sortir de l’ombre des nombres. L’analyse des rapports de force, des relations de pouvoir, des lobbys et des idéologies aveuglantes demeurent un rempart à l’objectivisme déclamé et intimidant des chiffres.
Remerciements
Je remercie très chaleureusement Virginie Maris, Maxime Chédin, Pierre de Jouvencourt, Denis Chartier et Aurélien Gabriel Cohen pour leurs précieuses relectures et suggestions
Notes
- Ripple, W.J. et al. (2017) World Scientists’ Warning to Humanity: A Second Notice. Bioscience XX, 1–9[↩]
- Nous n’abordons pas ici les multiples difficultés techniques à l’établissement de ces chiffres, ni les extrapolations et exagérations qui les accompagnent souvent. Il s’agit par exemple non pas « des vertébrés » mais « des vertébrés pour lesquels des données sont disponibles ». Les publications de situations de stabilité ou de croissance de populations sont également bien moins courantes que celles qui concernent les déclins. Certaines de ces études repose sur des quantités de données phénoménales d’autres sur des données parcellaires, les incertitudes varient considérablement et sont rarement discutées. Mais ces nuances n’occultent ni la gravité de la situation, ni la multiplication avérée des extinctions et des déclins de nombreuses espèces. La progression du nombre et de la qualité des observations depuis les années 80 se double d’une confirmation du statut de crise et du déclin de la biodiversité mais aussi des causes anthropogéniques de cette situation. Godet, L. and Devictor, V. (2018) What Conservation Does. Trends Ecol. Evol. In press, [↩]
- IPBES (2018) Summary for policymakers of the thematic assessment report on land degradation and restoration of the Intergovernmental Science-Policy Platform on Biodiversity and ecosystem Services[↩]
- Watson, J.E.M. et al. (2016) Report Catastrophic Declines in Wilderness Areas Undermine Global Environment Targets. Curr. Biol. 26, 2929–2934[↩]
- Maxwell, S. et al. (2001) The ravages of guns, nets and bulldozers. Nature 536, 144–145[↩]
- Foley, J.A. et al. (2005) Global consequences of land use. Science (80-. ). 309, 570–574[↩]
- WWF (2018) WWF. rapport planète vivante 2018[↩]
- Bar-On, Y.M. et al. (2018) The biomass distribution on Earth. Proc. Natl. Acad. Sci. 115, 6506–6511[↩]
- Sánchez-bayo, F. and Wyckhuys, K.A.G. (2019) Worldwide decline of the entomofauna : A review of its drivers. Biol. Conserv. 232, 8–27[↩]
- Mccauley, D.J. et al. (2015) Marine defaunation : Animal loss in the global ocean. Science (80-. ). 347, 247–256[↩]
- Pauly, D. et al. (1998) Fishing Down Marine Food Webs. Science (80-. ). 279, 860–863[↩]
- Cheung, W.W.L. et al. (2013) Signature of ocean warming in global fisheries catch. Nature 497, 365–368[↩]
- Pirotta, V. et al. (2018) Consequences of global shipping traffic for marine giants. Front. Ecol. Environ. DOI: 10.1002/fee.1987[↩]
- Dirzo, R. et al. (2014) Defaunation in the Anthropocene. Science (80-. ). 345, 401–406[↩]
- Ceballos, G. et al. (2017) Biological annihilation via the ongoing sixth mass extinction signaled by vertebrate population losses and declines. Proc. Natl. Acad. Sci. DOI: 10.1073/pnas.1704949114[↩]
- Leather, S.R. (2018) “Ecological Armageddon” – more evidence for the drastic decline in insect numbers : Insect declines. Ann. Appl. Biol. DOI: 10.1111/aab.12410[↩]
- Landrigan, P.J. et al. (2018) The Lancet Commissions The Lancet Commission on pollution and health. Lancet 391, 462–512[↩]
- Santer, B.D. et al. (2019) Celebrating the anniversary of three key events in climate change science. Nat. Clim. Chang. 9, 180–182[↩]
- https://lejournal.cnrs.fr/articles/ou-sont-passes-les-oiseaux-des-champs [↩]
- Porter, T.M. (1996) Trust in Numbers, Princeton University Press.[↩]
- La notion de service écosystémique comme celle de « bien-être » sont devenus les mots clés d’une vision instrumentale et anthropocentrée des problèmes écologiques et de leurs résolution. L’écosystème et ses composantes sont interprétés dans cette approche comme autant de « services » rendus gratuitement aux « sociétés humaines » ou à « l’humanité » dans son ensemble. Cette vision a été proposée dans les années 1990 comme un levier politique par des écologues. Elle a ensuite été largement reprises en écologie scientifique, en économie de l’environnement ou par les décideurs. Le concept de service écosystémique comme celui de « bien-être » ou « d’humanité » impose une approche normative et pose des difficultés éthiques, scientifiques et pratiques majeures rarement explicités. Maris, V. (2014) Nature à vendre, Quae[↩]
- MEA (2005) Ecosystem and Human Well-being: Synthesis, Island Press[↩]
- Fressoz, J.-B. http://mouvements.info/sublime-anthropocene/[↩][↩]
- Griggs, D. et al. (2015) Sustainable development goals for people and planet. Nature 495, 305–307[↩]
- Steffen, W. et al. (2018) Trajectories of the Earth System in the Anthropocene. Proc. Natl. Acad. Sci. United States Am. 115, 8252–8259[↩]
- Biermann, F. et al. (2015) Navigating the Anthropocene : Improving Earth System Governance. DOI: 10.1126/science.1217255[↩]
- Audétat, M. (2015) Sciences et technologies émergentes : pourquoi tant de promesses?, Herman.[↩]
- Johns, D. and DellaSala, D.A. (2017) Caring, killing, euphemism and George Orwell: How language choice undercuts our mission. Biol. Conserv. 211, 174–176[↩]