Venant s’intégrer dans une succession d’émergences touchant les mondes végétaux (pyrale du buis), les mondes animaux (peste porcine africaine, grippes aviaires) et les mondes humains (Ebola, zika), l’apparition de l’infection humaine au virus SARS-CoV-2 a mis en lumière ces phénomènes d’émergences et nos vulnérabilités au sein d’un monde globalisé. Le mode de résolution de la crise a été dominé par une gestion sanitaire et autoritaire en parallèle du lancement d’une course au développement vaccinal. La pandémie de COVID-19 a ainsi été la scène du déploiement des approches sanitaire et biosécuritaire, et de la perpétuation du solutionnisme technoscientifique. Ces approches réactives et court-termistes peuvent être regroupées sous la notion de conception « anti-biotique » des émergences (littéralement contraire à la vie) : « opposant la vie humaine au reste du vivant »1. Les politiques sanitaires plébiscitées favorisent en effet une tentative de retrait de l’humain loin du vivant et de protection de l’individu face aux risques encourus par la fréquentation de la communauté biotique. « Les démocraties européennes […] du XIXe siècle construisent l’idéal de l’individu moderne […] comme un corps immunisé, radicalement séparé, qui ne doit rien à la communauté »2.
Comment, dès lors, prendre sérieusement en considération les appels à un altruisme d’appartenance à une communauté humaine ou nationale ? Pour tenter de comprendre et de répondre à l’événement, une approche purement biologique, a été adoptée : focalisée sur la dimension pathologique du virus et sur la nécessité de son contrôle, sans réellement envisager les conditions de survenue de la maladie elle-même, les vulnérabilités préalables impliquées. Les formes graves de la maladie à COVID-19 surviennent en effet préférentiellement dans le cadre de contextes propices : contextes médicaux individuels avec conditions pathologiques sous-jacentes (diabète, obésité, etc.) et contextes socio-économiques ou populationnels favorisants (promiscuité, métiers exposés, périphéries des grandes villes, etc.). Les formes d’interventionnisme caractéristiques de la biopolitique mises en place sont paradoxalement révélatrices de négligences multiples, négligences des inégalités sociales économiques et des inégalités de santé, terreau des formes graves et des conséquences de la COVID-19. Les approches de santé publique de long terme (renfort des systèmes de santé, des capacités d’accueil des hôpitaux, atténuation des inégalités sociales) paraissent quelque peu sacrifiées devant les approches biologiques de court terme : diagnostics, séquençage, vaccination, etc. La pandémie met ainsi en évidence un triomphe plus général de la biologie sur la santé publique.
À travers cette focalisation sur le virus au détriment de l’identification des milieux propices au déploiement des potentialités virales, cette émergence est interprétée sous l’angle d’un récit unique et totalisant : approche réductrice des conditions d’émergence, mesures biopolitiques présentées comme inévitables, repositionnement de la technoscience en condition essentielle du retour à la normale. Ces orientations majoritaires font obstacle à une autre lecture et à d’autres propositions d’actions sur le long terme. Resituer cette crise sanitaire au sein des crises écologiques et sociales qui en ont fait le lit permet de s’interroger sur ce qui est révélé par ces émergences : est-ce la pathogénicité de l’agent ou celle des milieux écologiques et sociaux impliqués ?
Syndémies
Dans une perspective historique, cette approche anti-biotique se trouve notamment révélée sous la forme d’un hygiénisme poussé, ayant préalablement mené au dépassement de seuils de contre-productivité3. Si l’hygiène a permis les plus importants progrès en matière de santé publique, plus encore que la vaccination ou les antibiotiques, ses impacts sanitaires sont désormais rappelés par l’explosion des allergies et des maladies auto-immunes. La découverte du lien entre ces états pathologiques chroniques sous-jacents, caractéristiques des modes de vie occidentaux et les formes graves de COVID-19 a mis en évidence la nature « syndémique » de la crise4 :
Une syndémie caractérise un entrelacement de maladies, de facteurs biologiques et environnementaux qui, par leur synergie, aggravent les conséquences de ces maladies sur une population.
De plus, ces regroupements de maladies dans des populations disparates sont fortement influencés par les inégalités socio-économiques qui contribuent de manière significative à la charge de morbidité, mettant en évidence des syndémies sociales.
En complète contradiction avec ces constats, la mise en place de mesures barrières strictes face à la pandémie (distanciation physique, port continu de masque, restriction des contacts au cercle familial, réduction des voyages), pourrait entraîner un renforcement de l’appauvrissement des microbiotes qui peuplent nos corps. Une étude comparative de la composition des communautés microbiennes des microbiotes, étudiée avant et après la première vague de la pandémie à Hong Kong, relie la baisse constatée de la richesse en espèces d’Actinobactéries (bactéries synonymes de diversité et limitant la colonisation du microbiote par des bactéries porteuses de résistances), à la réduction des activités récréatives de plein air5. Ce qui finalement à long terme et dans une perspective évolutive pourrait potentiellement aggraver encore les déséquilibres concourant aux conditions pathogènes inhérentes à l’occidentalisation. Cette nature syndémique strictement humaine de la crise traversée semble également s’accompagner de ce qu’on pourrait nommer une syndémie multispécifique : certains évoquent ainsi la responsabilité d’une importante épidémie de peste porcine africaine en Chine dans l’émergence de l’épidémie de COVID-196. En effet, suite à l’abattage massif des cochons d’élevage en Chine pour contrôler cette épidémie, l’effondrement du marché du porc a pu mener à une augmentation de la consommation d’autres sources de protéines animales (viande de brousse), quelques mois avant la survenue des premiers cas d’infection au SARS-CoV-2. Ainsi loin de l’évènement inattendu et imprévisible évoqué par certains, c’est la nature syndémique et structurelle de ce que nous traversons qui doit être mise en évidence et rappeler l’urgence et l’importance d’un changement radical dans nos rapports à nos milieux de vie, dans nos relations interhumaines et au sein du tissu des vivants.
L’âge des environnements pathogènes
Les plantations industrielles de soja ou d’huile de palme, les zones déforestées, les élevages intensifs, les aires périurbaines artificialisées sont autant d’expressions de la généralisation « d’environnements pathogènes », favorables aux émergences de maladies infectieuses. Cette homogénéisation des écosystèmes se traduit par la perte d’habitat et l’extinction massive des espèces, aboutissant à la destruction des chaînes trophiques (ensemble des relations proie-prédateur entre organismes). Cette simplification des écosystèmes et des relations et la disparition des grands prédateurs se traduisent notamment par la prolifération d’espèces généralistes, opportunistes et commensales comme les rongeurs, plus fréquemment à l’origine de passages de pathogènes de l’animal à l’humain. Cette seconde nature proliférant dans nos interstices, se nourrissant de nos déchets, va jusqu’à induire des changements de cycles de transmission des pathogènes. En effet, les zoonoses, bien que fréquemment associées dans leurs représentations aux espaces naturels, à la faune sauvage, et à des cycles de transmission ruraux ou forestiers, apparaissent de plus en plus en lien avec des cycles de transmission urbains/périurbains. Cette synanthropisation (adaptation des vies animales ou végétales à l’anthropisation), en créant de nouvelles interfaces dans les écosystèmes périurbains, aboutit à une augmentation des transferts inter-espèces.
De la même façon, les phénomènes naturels sont aisément rendus responsables des mécanismes d’émergence de zoonoses ou de maladies vectorielles : les migrations d’oiseaux sauvages sont par exemple mises en cause dans la survenue d’épidémies de grippes aviaires avant les élevages intensifs avicoles, qui sont pourtant de véritables incubateurs de virus, et alors même que les voies de dissémination des épidémies se superposent avec les routes commerciales anthropiques, et non avec les voies de migrations sauvages. Dans les épidémies de peste porcine africaine – maladie n’engendrant pas de risques sanitaires humains mais des pertes économiques pour la filière porcine –, la responsabilité de la contamination des élevages de porcs domestiques est portée uniquement sur les sangliers, en omettant de mentionner l’importance des déséquilibres des chaînes trophiques et des méthodes cynégétiques (importation d’animaux vivants, nourrissage) dans la dissémination de cette maladie. De plus, la solution envisagée face à la dispersion géographique de cette épizootie est la construction d’un mur de 1200 km entre la Pologne et la Biélorussie pour contrer la migration des sangliers infectés. Alors même que les rejets de restes de jambon blanc des sandwichs des camionneurs sillonnant l’Europe de part en part représentent un risque majeur de contamination des populations animales autochtones. Les émergences apparaissent ainsi comme un devenir inexorable, tant elles ont partie liée avec la généralisation de pratiques agro-industrielles intensives, et avec la haute connectivité mondiale. Loin d’être un aléa naturel imprévisible, elles s’intègrent au sein d’un Anthropocène global, systémique, irréversible.
À l’inverse de cette conception anti-biotique, sanitaire et biosécuritaire des émergences, renforçant les déséquilibres causaux, la visibilisation récente des impacts sanitaires de la dégradation des écosystèmes met sur le devant de la scène le caractère essentiel d’une conception écologique. Une approche pro-active et écologique des émergences dans leur complexité apparaît nécessaire, non seulement en réaffirmant l’implication majeure des environnements pathogènes, mais également en éclairant la nécessité d’une approche évolutive et écologique des déséquilibres une fois survenus. Envisager les « maladies moins comme la conséquence de l’intrusion d’un agent pathogène que comme celle d’une perturbation écologique »7 revient à comprendre que ce sont les environnements socio-écologiques pathogènes qui ont fait émerger ce virus, et les sociétés et les agencements pathologiques qui ont favorisé une pandémie mondiale. Cela induirait en réponse de chercher des moyens d’inverser ces états pathologiques plutôt que d’envisager uniquement de traquer l’agent « pathogène » lui-même8. Est-ce l’agent infectieux, ou bien les milieux qui sont pathogènes ?
Technosciences et guerre au vivant
Face à ces émergences structurellement vouées à se répéter, l’approche réactive mise sur le progrès technoscientifique pour nous sortir de ces mauvais pas successifs. Les visées éradicatives et guerrières déployées face au virus SARS-CoV-2 ne sont pas sans rappeler certaines approches de santé publique de la période coloniale. L’éradication est mobilisée comme un objectif inquestionné, qu’il s’agisse de microbes ou de vecteurs en santé publique, de « nuisibles » et de prédateurs en « gestion » de l’environnement. Dans une visée anticipatrice s’éloignant de toute tentative de prévention, les programmes de recherche sont axés sur le séquençage de l’ensemble des virus présents dans chaque potentiel réservoir animal (chauves-souris, rongeurs etc.), en pensant pouvoir anticiper les émergences et les réponses à y apporter par la seule connaissance des agents. Cela revient toutefois à négliger la complexité des écologies et des agencements multispécifiques, celle des relations qui permettent les passages d’espèces dessinant les émergences, relations qui pourraient faire l’objet de démarches préventives. Paradoxalement, les crises successives, loin d’être un rappel de l’échec des approches passées et de la nécessité de sortir de la direction mortifère empruntée par la partie dominante de l’humanité, semblent au contraire renforcer l’idée de toute puissance et la confiance en la technoscience et le progrès. Les solutions atomisées continuent d’être privilégiées, venant révéler le besoin de simplification et de contrôle, et l’absence de prise en compte de la complexité des phénomènes d’émergence.
En parallèle des objectifs d’élimination des microbes, des « nuisibles » et des prédateurs, et dans un même mouvement de maîtrise du vivant, on assiste à un processus de « sauvetage biologique » et à la mise en conservation de ce qui est voué à disparaître du fait de la disparition des écosystèmes et des mondes qui leurs étaient adaptés : conservation d’espèces « sauvages », conservation de races rustiques, etc. Mais également mise en conservation de microbiotes de pygmées ou d’indiens d’Amazonie, dont la diversité est devenue exceptionnelle dans un monde d’alimentation homogénéisée et réductrice. Ces collections « vivantes » devraient prochainement être conservées dans des bio-banques dans le but de pouvoir réensemencer à terme des occidentaux malades de l’appauvrissement généralisé des microbiotes. Ces « collections vivantes » s’intègrent pleinement au sein de la méthode analytique classique en recherche, qui reste centrée sur l’étude des objets après extraction de leur environnement, sans appréhension des dynamiques du système d’appartenance, et des relations et interactions inhérentes.
De la même façon, les principes actifs des plantes sont extraits de leur environnement pour être purifiés et synthétisés, les animaux en voie d’extinction sont conservés dans des zoos, et les microbiotes sont isolés de leurs conditions d’émergence. Mais cela revient à oublier « que leur richesse provient précisément de la continuité entre eux [ces peuples] et leurs environnements » 9. Ce qui amène finalement à se demander comment constituer des collections « vivantes » dont la richesse est issue d’un processus évolutif symbiotique en dehors de leur symbiote. Comment imaginer conserver la diversité d’un microbiote sans la diversité écologique et sociale ayant permis son avènement ? Comment penser des collections « vivantes » sans préservation des environnements sociaux et écologiques ayant permis leur émergence et leur sélection/agencement ? Et plus largement comment envisager la survie des vivants sans un monde vivable pour eux ?
« Les réserves naturelles, les zones protégées, les sanctuaires de semences (comme la Réserve mondiale de semences du Svalbard inaugurée en 2008) sont bon an mal an des formes gestionnaires du vivant, non des formes vivantes de la Terre. Un peu comme si, d’une manière troublante, les moyens d’arrêter la ‘maladie du monde’ étaient semblables, dans leurs principes, à ce qui le rend malade. »10
La vie reliée
La prise en compte de ces différents enjeux vient réaffirmer la nécessité de s’éloigner de cette façon de « faire monde », pour se tourner vers de nouvelles formes d’attention et d’attitudes rendant possibles le maintien de nos conditions de vie sur Terre, au sein de mondes compatibles avec la vie. Cette irruption du virus dans nos vies pourrait ainsi être l’occasion d’une mise en lumière du « tournant microbien » ou « tournant probiotique », qui affirme « la nature profondément relationnelle et systémique de nos modes d’existence avec le reste du vivant »11. Les découvertes du concept d’holobionte12 et de l’hypothèse du réensauvagement microbien amènent à envisager les corps non plus comme des entités individuelles mais comme des écosystèmes, et plus précisément comme des « écosystèmes menacés »13.
Pour guérir les maux des sociétés urbaines, pour restaurer des écologies perturbées, les microbes sont redécouverts comme de potentiels alliés, dans un véritable renversement résultant en un appel aux « réensauvagements » de nos corps et de nos vies en tant que stratégie écologique de santé à plusieurs échelles : depuis l’intimité du corps humain jusqu’à la globalité de la planète14. L’enjeu est d’envisager simultanément ces situations parallèles et réciproques : notre époque étant caractérisée à la fois par le déséquilibre de la macrobiodiversité extérieure (sixième extinction des espèces) et le déséquilibre de la microbiodiversité intérieure (dysbioses) issus des mêmes homogénéisations, et symbolisés par la double perte simultanée des prédateurs et de nos « vieux compagnons » microbiens15.
Devant des états de santé pathologiques reconnus comme des troubles écologiques, les stratégies basées sur les rebioses (rebiosis) passent par la réintroduction de « prédateurs » du microbiote intestinal : amibes, bactériophages et autres bactéries prédatrices16. Fondée sur l’acceptation de leur rôle ambivalent, permettant depuis des centaines d’années de coévolution la stimulation durable et adéquate de nos systèmes immunitaires, une forme de vivre avec les microbes fait son chemin au sein du milieu médical. Cependant, l’ensemencement de notre microbiote se faisant à partir de nos milieux de vie selon une continuité entre extérieur et intérieur, intervenir uniquement de manière réactive au stade du déséquilibre installé (la dysbiose) par réintroduction de nos « vieux compagnons » ne revient-il pas à médicaliser entièrement la santé ? A l’inverse, une approche proactive propose d’agir en préventif, sur la préservation de la biodiversité de nos milieux de vie : biodiversité sauvage, mais également domestique, et culturelle, pour permettre des développements sains et variés de nos microbiotes.
En effet, la préservation de petits patchs de terres ne peut s’envisager en parallèle de la poursuite de la dégradation du reste de la planète, la préservation des dernières espèces sauvages ne peut s’envisager dans d’infimes espaces clos, en dehors de la préservation des mondes compatibles avec ces vies : les mondes écologiques et sociaux, mais aussi les mondes culturels, la variété des langues et des poésies inventées pour les décrire et y prêter attention. Face à la domestication de l’ensemble des milieux et des formes de vie, il semble notamment fondamental de repenser le continuum et les potentielles relations entre les mondes agricoles et les mondes sauvages, suivant les multiples pistes d’une agriculture en soutien au naturel privilégiant les pratiques plurispécifiques de plein air, ou des formes de réensauvagement agricole (agricultural rewilding), passant par une agriculture régénérative, la réattribution des rôles de grands mammifères herbivores sauvages (bisons, cervidés), le déplacement libre des animaux, le volontaire ré-enfrichement de certaines zones, la restauration d’étangs, etc.
Réapprendre le vivre avec se jouerait ainsi dans un double mouvement : vivre avec les pathogènes, et avec les prédateurs, dans la complexité et l’ambivalence des relations déployées au sein d’un même milieu. En effet, si les vieux compagnons tels que les helminthes (vers « parasites » notamment intestinaux) jouent un rôle important au sein de nos co-évolutions, les processus essentiels délivrés par les prédateurs ou charognards ont également été recensés. Ces derniers participent à dégrader nos déchets, à diminuer les risques de contamination par la rage, la fièvre Q ou l’anthrax17, ou encore à augmenter le rendement des cultures agricoles suite au travail de prédation de rongeurs, par les chouettes effraies, les milans royaux ou les faucons. Les proliférations de rongeurs induisant à la fois des risques agricoles et sanitaires, il semble intéressant de rappeler le rôle joué par les renards dans la régulation des populations de petits mammifères, premiers réservoirs des tiques porteuses de la maladie de Lyme18. Aux États-Unis, le déclin des renards est spatialement corrélé avec les épidémies de maladie de Lyme19. Et pour reprendre l’exemple de la peste porcine africaine : en Slovaquie, les zones soumises aux prédations par les loups sont quasiment indemnes de cette épizootie/maladie.
Le mécanisme explicatif sous-jacent repose sur la sélection naturelle effectuée par les populations lupines sur les individus malades, tant dans la faune sauvage que dans la faune domestique. Si le rôle des charognards dans l’élimination des carcasses est reconnu et bien accepté, ce rôle essentiel des prédateurs dans la régulation de maladies zoonotiques apparaît peu connu pour l’instant. Et si après les vautours comme alliés des paysan·nes en nettoyeurs de carcasses, les prédateurs tels les loups, les lynx ou les renards, apparaissaient essentiels à la santé non seulement de la vie sauvage, mais également des vies domestiques et in fine des vies humaines ? D’autres prédateurs moins évidents jouent également un rôle prépondérant dans la régulation de maladies vectorielles, comme les larves d’amphibiens (Polypedates cruciger, Bufo melanostictus) dévorant les larves de moustiques vecteurs de la dengue (Aedes aegypti). Rendre visibles les rôles cruciaux de ces espèces en déclin permettrait d’envisager les prédateurs comme alliés de certains usages humains, et inciter à protéger ces relations et interdépendances20. Ces pistes amènent de nombreuses interrogations : si ces prédateurs jouent un important rôle de régulateur dans des écosystèmes relativement intacts, qu’en est-il dans des écosystèmes préalablement détruits et domestiqués ? Quelles capacités à inverser les dynamiques en cours, et dans quels délais ? De plus, face aux conflits fréquents provoqués par la réapparition de certains prédateurs, quelles « communautés d’intérêts partagés »21 mobiliser pour trouver des formes de cohabitation possibles ?
Barrières
A priori paradoxal, penser le vivre avec en prenant en considération les zoonoses comme des maladies du franchissement amène également à repenser l’idée de frontières, en valorisant le renforcement de barrières écologiques et éthologiques22. Il s’agirait dans un même mouvement de renforcer la conscience de nos interdépendances et de la porosité de nos mondes, tout en renforçant des barrières de respect et d’égards. Dans son ouvrage Zoonoses : Le hantement du monde, Gil Bartholeyns « ne demande pas d’ériger des barrières, mais plutôt de remettre en place celle que les activités humaines ont disloquées. [Cela] peut passer par le fait de revendiquer pour eux une distance, de restituer du territoire, des espaces propres à l’accomplissement de leur nature ». Ce d’autant plus que certaines maladies, nommées rétrozoonoses, sont également transmissibles depuis l’humain vers les animaux, mettant en péril un grand nombre d’espèces notamment celles déjà menacées d’extinction (comme au Brésil, où des épidémies de fièvre jaune se traduisent par des épizooties avec une forte mortalité des singes hurleurs).
Cette appréhension des maladies et de la santé dans une perspective écologique et évolutive, dans le temps long, amène ainsi à constater le rôle nocif de l’anthropisation massive du monde et à revendiquer une garantie d’espaces pour tous les vivants au sein d’une tentative de cohabitation, indispensable à la vie en bonne santé et à la santé des milieux de vie dans leur entière complexité. Par le réensauvagement, on dessine ainsi les pistes de lutte contre la disparition des mondes écologiques, sociaux et culturels permettant la diversité de la vie sur Terre. Par « réensauvagement », on entend la sortie d’un rapport gestionnaire au vivant, et la restauration non de certaines espèces mais des processus écologiques naturels et spontanés, laissant s’exprimer les potentialités du vivant par atténuation des contraintes anthropiques, et laissant advenir des paysages sauvages favorisant concrètement l’inversion du déclin de la biodiversité. C’est aussi l’exploration à petits pas de processus de « dédomestication » : par la reprise en main de l’ensemencement de nos écosystèmes internes (microbiotes) et de nos conditions de vie sur Terre. Par réensauvagement, on entend également l’acceptation de nos vulnérabilités en tant que membres de la communauté biotique terrestre. Enfin, devant l’urgence sanitaire et écologique, opposer le temps long du réensauvagement semble particulièrement fécond et en résonance avec les enjeux de restauration écologique et les défis sanitaires de long terme. La restauration des milieux, l’amélioration de la connectivité des écosystèmes naturels et la présence des prédateurs peuvent-elles contribuer à réduire les risques de transmission (ou la facilité de transmission) des maladies ? Et plus encore, à réverser des environnements socio-écologiques pathogènes menant aux syndémies actuelles ? Peuvent-elles faire émerger ce qui pourrait être nommée une « landscape immunity », une immunité environnementale, définie par « les conditions écologiques qui réduisent le risque de passages de pathogènes depuis les hôtes réservoirs »23 ?
Santé relationnelle et communautaire
Ces déplacements ainsi amorcés invitent à veiller à ne pas verser dans ce qui pourrait ressembler à des formes de privatisation ou de replis individualistes. Éviter d’une part les formes de privatisation de la conservation, dans la mesure où la « non gestion » inhérente à certaines formes de réensauvagement est en effet économiquement compatible avec le capitalisme néolibéral24 ; éviter d’autre part la privatisation du « reworming » interne, face au risque d’appropriation de processus « naturels » écologiques par les firmes pharmaceutiques. Cela passe également par la prise de distance avec les approches primitivistes et les initiatives individuelles, l’éloignement d’avec les promesses de pouvoir revivre comme un Homme de Cro-Magnon en plein centre d’une métropole25, ou les « wild therapy » et autres perspectives de soin centrées sur l’individu et le bien-être, comme le néolibéralisme sait particulièrement en faire fleurir.
À l’inverse, il s’agirait d’envisager justement les thérapies microbiennes ou les thérapies phagiques (virus de bactéries notamment engagés pour traiter les infections bactériennes multirésistantes) à travers leur accessibilité radicale, leurs possibilités de réappropriation liées à leur caractère vivant, et leur difficulté à répondre aux exigences de contrôle et de sécurité nécessaires à leur captation par l’industrialisation des processus pharmaceutiques26. En d’autres termes, il s’agit d’explorer le « caractère communautaire des thérapies basées sur les helminthes », dans le sillage des mouvements en cours de réappropriation des usages, pour envisager une réappropriation collective de la santé faisant advenir une santé relationnelle27 et communautaire. Dans les suites de l’éthique du care et du prendre soin, il serait question de faire s’épanouir cet « instinct communautaire en gestation » dont parlait l’écologue Aldo Leopold28.
Un instinct communautaire à réveiller déjà entre humains : la pandémie étant venue nous rappeler de façon concrète nos interdépendances, devant la menace pour toutes et tous que représente l’émergence d’un virus dans un endroit du monde ; et plus encore, que les inégalités sociales d’accès aux traitements ou aux vaccins entraînent la sélection de variants porteurs de mutations d’échappement, remettant en cause l’efficacité des mesures de contrôle prises localement et aboutissant à la continuité de la pandémie partout dans le monde. La persistance dans la durée de l’infection au SARS-CoV-2 chez les patients atteints du SIDA ne bénéficiant pas d’un traitement antirétroviral en Afrique du sud a en effet favorisé l’émergence de variants – le virus ayant pu rester plus longtemps dans les corps, lui donnant du temps pour muter29. Comment mettre en pratique en même temps un tournant non humain et un tournant social, en nous engageant à nous considérer d’une part en tant qu’holobionte et d’autre part en tant que communauté ? Comment aboutir à un sentiment d’appartenance incitant à la protection d’une communauté élargie ?
Cette prise de conscience des interdépendances entre humains pourrait ensuite aider à penser les interdépendances entre la santé d’une chauve-souris dans sa grotte ou sa forêt d’Asie du Sud-Est, la santé d’un vison dans un élevage de fourrure en Chine ou en Lombardie30, celle d’un patient atteint du SIDA dans un bidonville d’Afrique du Sud et notre propre état de santé, nous amenant à prendre conscience de cette santé partagée pour envisager de la défendre. Le continuum entre les infections des animaux sauvages, domestiques et humains vient rappeler de manière aiguë et concrète les inter-relations dont nous ne pouvons nous extirper malgré les nombreuses médiations et séparations que nous avons tenté d’instaurer. Plus largement, l’enjeu serait de retisser les relations sociales et écologiques entre humains et autres qu’humains pour tenter d’éviter les émergences et les pandémies, pour envisager ce que pourraient être des manières de vivre veillant à préserver des conditions de vie élémentaires sans passer par notre extraction des mondes écologiques ayant permis la diversité des formes de vies.
Santé écologique et multispécifique
La prise de conscience des liens étroits entre la santé humaine, celle des animaux et l’état écologique global a été l’occasion de l’institutionnalisation du concept One Health (« Une seule santé ») au début du XIXème siècle. Celui-ci vise à promouvoir une approche pluridisciplinaire et globale des enjeux sanitaires. Pour faire rupture avec deux décennies dominées par cette approche One Health finalement essentiellement centrée sur la santé vétérinaire des élevages intensifs et permettant la perpétuation de l’intensification de l’agriculture en parallèle de la poursuite de la défaunation31, il s’agirait de se placer au niveau de la communauté biotique élargie pour prolonger et pousser plus loin ce concept, pour aller vers une véritable « santé multispécifique »32.
Fondée sur le continuum sanitaire et épidémiologique formé par les vivants, [la santé multispécifique] cherche la préservation d’écologies diversifiées et sauvages impliquées dans toute santé humaine. Car la santé n’est que le témoin de la qualité de notre relation à un milieu lui-même relationnel33.
Cette santé multispécifique s’envisage comme une santé intégrée des vivants au sein des écosystèmes et à l’intérieur des limites planétaires. C’est une approche basée sur la santé des écosystèmes socio-écologiques à travers la préservation et la restauration des conditions minimales permettant au vivant d’exprimer ses propres capacités régénératives et évolutives, associée au renforcement des politiques sociales et de santé publique. Car « un cadre de santé publique plus qu’humain nous sensibilise aux relations dynamiques, encore mal comprises, de l’interdépendance à long terme des espèces »34. Cette perspective explore le concept de « prophylaxies écologiques » (Leblan Vincent) et recouvre des gestes centraux : envisager la préservation des mondes, des écologies nécessaires à la santé de l’ensemble des vivants ; prêter attention au réseau de relations que les altérités vivantes expérimentent au sein de leurs environnements partagés ; partir des connaissances « autres » sur les épidémies, continuellement invisibilisées dans les siècles précédents, qu’il s’agisse de savoirs émanant des populations locales, d’épistémologies indigènes ou de connaissances développées par des non humains, en explorant les perspectives relationnelles apportées par l’ethnographie multi-espèces35 ; trouver les termes qui font sens localement : quelles représentations de ce qui est considéré pour les occidentaux comme une maladie, une épidémie, quelles significations des termes « biodiversité », « pathogènes », « frontières inter-espèces » ?
Par extension, il s’agirait par exemple de reconnaître les capacités des animaux à construire des connaissances médicales propres en trouvant dans leur environnement les substances dont ils ont besoin36. Des figures de diplomates en santé apparaissent alors utiles : des êtres cherchant à rendre visible ou à établir les ponts entre des communautés interdépendantes. C’est ce que propose Sabrina Krief, primatologue en Ouganda, dont les résultats mettent en évidence la co-production de connaissances médicales partagées entre les primates et les humains. De façon déroutante, ses travaux évoquent également la perpétuation par les primates de pratiques d’usage de plantes médicinales auparavant humaines, dans des zones désormais interdites d’accès aux communautés humaines autochtones (suite aux politiques de conservation). Donner une importance prioritaire aux connaissances locales anciennes et ancrées apparaît pourtant essentiel pour réduire les risques environnementaux et de santé globale. Les forêts d’Ardèche sont également le lieu d’une expérimentation au sein des groupements forestiers, pour déterminer depuis cet ancrage local et cette connaissance spécifique des milieux et de leurs évolutions les signes avant-coureurs de changement brutaux et irrémédiables dans les écosystèmes, laissant présager des déstabilisations et par extension de potentielles émergences 37. Face à l’homogénéisation et à l’intensification des relations humains-animaux dans un monde gouverné par la sur-domestication, cette perspective multispécifique de la santé engage à opérer un changement épistémologique en prêtant attention aux relations spécifiques et singulières encore vivaces et persistantes entre individus d’espèces différentes, « pour construire de précieuses solidarités écologiques qui pourraient aider à prévenir les prochaines pandémies »38.
Cet objectif de solidarité, rendu actuel par le contexte pandémique, pourrait ainsi être saisi comme occasion pour impliquer les individus et les communautés à agir préventivement et à réagir ensemble face aux crises, qu’elles soient sanitaires, écologiques ou climatiques. La perte de connaissance des milieux et le manque de rapport concret à la terre pouvant en partie expliquer l’inertie collective face à la dégradation accélérée de nos milieux de vie, il s’agit de :
rendre à nouveau largement partageables ces questions de santé et de préservation des milieux à travers leur repolitisation : relocalisation, réappropriation collective, liaison avec d’autres problématiques sociétales (telles que les usages soutenables, ou l’autonomie) et organiser la vie autour de communs qui ne soient pas seulement conçus par et pour les humains, mais qui prennent en compte tous les êtres qui font et habitent un lieu39.
De façon pratique, privilégier la connaissance de nos milieux de vie et des espèces qui les composent, à travers l’acquisition de savoirs situés, favorise l’implication de toutes et tous dans la préservation des biotopes d’un territoire. En reliant ainsi la connaissance scientifique générale et des anecdotes personnelles, des récits de vie, elle permet de dérouler le fil de compréhension de nos milieux à partir d’une première prise sur le monde, à partir de l’identification et de la reconnaissance d’une espèce bio-indicatrice par exemple. L’association « Le champ des possibles » développe ces approches de sciences participatives à travers la co-construction de connaissances sur les lichens du genre Lobaria, comme marqueur potentiel de foyer de dispersion de biodiversité et de régénération forestière. Ces prémisses d’implication des communautés locales pourraient s’étoffer par le co-développement de réseaux locaux de biodiversité et de santé au sein de bio-régions pertinentes d’un point de vue écologique, social et sanitaire. Cela déboucherait dans le cadre de la crise sanitaire, et plus largement, sur la nécessité de l’adaptation des mesures de santé publique aux spécificités éco-épidémiologiques des zones concernées, pourrait passer par la mise en avant de solidarités territoriales, en parallèle du renforcement du système de santé publique.
Dans un même mouvement, il s’agirait de tendre vers des manières de vivre permettant à la fois une préservation des milieux et de la santé depuis les communautés habitantes, alliant la connaissance et le soin de son environnement socio-écologique au sein de territoires de santé partagée. Des déplacements pourraient survenir à travers l’application des paradigmes de la santé et du soin dans les questions environnementales et l’utilisation d’approches écologiques et évolutives en matière de santé. De la même façon, la prise en compte des risques infectieux émergents dans l’accompagnement de l’évolution des milieux, amenant à introduire les préoccupations de santé dans les politiques de préservation de l’environnement, et les préoccupations écologiques dans les politiques de santé publique, produiraient des réciprocités fécondes. Ces déplacements tenteraient ainsi de donner naissance à une éthique et une politique de la communauté biotique40 sur des territoires réellement partagés.
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Notes
- De Vaulx G., « COVID 19 ou la révocation du vivant », Blog Médiapart, 17 novembre 2020 – https://blogs.mediapart.fr/de-vaulx/blog/171120/covid-19-ou-la-revocation-du-vivant[↩]
- Preciado P.B., « Les leçons du virus », Mediapart, 13 avril 2020 – https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/110420/les-lecons-du-virus?onglet=full[↩]
- Illich I., Némésis médicale. L’expropriation de la santé, Éditions du Seuil, coll. Points, 1981 ; Velasquez-Manoff M., An Epidemic of Absence: A New Way to Understand Allergies and Auto Immunes Diseases. Unabridge Edition, 2017[↩]
- Horton R., “COVID 19 is not a pandemic”, The Lancet, vol. 396. 10255, p. 874, 26 septembre 2020[↩]
- Peng Y., Zhang D., Chen T. et al., “Gut microbiome and resistome changes during the first wave of the COVID-19 pandemic in comparison with pre-pandemic travel-related changes”, Journal of Travel Medicine, 2021. taab067, https://doi.org/10.1093/jtm/taab067[↩]
- Xia W., Hughes, J. Robertson D. and Jiang X., “How one pandemic led to another: Asfv, the disruption contributing to Sars-Cov-2 emergence in Wuhan”, Preprints 2021020590, 2021 – doi: 10.20944/preprints202102.0590.v1[↩]
- Zimmer A., « Collecter, conserver, cultiver des microbiotes intestinaux : une biologie du sauvetage », Écologie et politique, vol. 58, 2019[↩]
- Illich, Op. cit.[↩]
- Zimmer, Op. cit.[↩]
- Bartholeyns G., Zoonoses : Le hantement du monde. Editions Dehors. 2021[↩]
- Zimmer A & Brives C., « Un tournant microbien ? » Open Editions. A paraître – https://journals.openedition.org/rac/4781 ; Lorimer J., “Probiotic Environmentalities: Rewilding with Wolves and Worms”. Theory, Culture & Society, vol 34.4, pp. 27-48, 2017[↩]
- Gilbert S.F., Sapp J. and Tauber A.I., “A symbiotic view of life : we never been individuals”, The Quarterly Review of Biology, vol 87.4, pp. 325-341, 2012[↩]
- Leiper C., “The Paleo paradox: Re-wilding as a health strategy across scales in the anthropocene”, Geoforum, vol. 105, pp. 122-130, 2019[↩]
- Ibid.[↩]
- Lorimer, Op. cit.[↩]
- Mosca A., Leclerc M. and Hugot J.P., “Gut Microbiota Diversity and Human Diseases: Should We Reintroduce Key Predators in Our Ecosystem?”, Frontiers in Microbiology, vol. 7:455, 2016[↩]
- Gléonec A., « Un médicament toxique menace la survie des vautours », Reporterre, 17 juillet 2021 – https://reporterre.net/Un-medicament-toxique-menace-la-survie-des-vautours-en-France[↩]
- Levi T., Kilpatrick A.M., Mangel M. and Wilmers C.C., “Deer, predators, and the emergence of Lyme disease”, Proceedings of the national academy of science, vol. 109.27, pp. 10942-10947, 2012[↩]
- O’Bryan C.J., Braczkowski A.R., Beyer H.L. et al., “The contribution of predators and scavengers to human well-being”, Nature Evolution and Ecology, vol. 2, pp. 229–236, 2018[↩]
- Ibid.[↩]
- Lagarde F., Association « Le champ des possibles »[↩]
- Bartholeyns, Op. cit.[↩]
- Plowright R.K., Reaser J.K., Locke H. et al., “Land use-induced spillover: a call to action to safeguard environmental, animal, and human health ”, Lancet Planet Health, vol. 5.4, pp. e237-e245, 2015[↩]
- Beau R. & Maris V., « Le retour du sauvage – une question de nature et de temps », Revue Forestière Française, à paraître 2021[↩]
- Leiper, Op. cit.[↩]
- Brives C., « Quel(s) modèle(s) de développement pour la thérapie phagique ? », 10e colloque d’économie de la santé : Contre la résistance aux antibiotiques, des virus tueurs de bactéries ?, MTRL, Association Charles-Gide, Oct 2020, Lyon, France[↩]
- Rupprecht C.D.D. et al., “Multispecies sustainability”, Global Sustainability, vol. 3.e34, pp. 1–12, 2020[↩]
- Leopold A., L’éthique de la Terre : Penser comme une montagne, Payot, coll. Petite Bibliothèque Payot, 2019[↩]
- Gozlan R., « COVID 19 infection par le SARS-Cov-2 durant 7 mois chez une patiente porteuse du VIH », Le Monde, Blog Réalités Biomédicales. 14 juin 2021[↩]
- Sciama Y. & Faure Y., « Les élevages de visons en Chine à l’origine du Covid-19 – Les indices s’accumulent », Reporterre, 8 janvier 2021 – https://reporterre.net/Les-elevages-de-visons-en-Chine-a-l-origine-du-Covid-19-Les-indices-s-accumulent[↩]
- Morand S., Guégan J.-F. et Laurans Y., « De One Health à Ecohealth, cartographie du chantier inachevé de l’intégration des santés humaine, animale et environnementale », IDDRI, Décryptage N°04/20, 2020[↩]
- Chopot A. & Balaud L., Nous ne sommes pas seuls : politique des soulèvements terrestres. Éditions Seuil, collection Anthropocène, 2021; Kehr, J., “For a more-than-human public health”, BioSocieties, vol. 15, pp. 650–663, 2020[↩]
- Chopot & Balaud, Op. cit.[↩]
- Kehr, Op. cit.[↩]
- Lainé N. & Morand S., “Linking humans, their animals, and the environment again: a decolonized and more-than-human approach to “One Health””, Parasite, vol. 27, art. 55, 2020[↩]
- Woods A., Bresalier M., Cassidy A. et Mason Dentinger R., Animals and the Shaping of Modern Medicine, Palgrave Macmillan, 2018[↩]
- FRAPNA-Ardèche, programme ECOSYS : https://www.fne-aura.org/actualites/ardeche/webinaire-dintroduction-au-programme-ecosys/[↩]
- Lainé & Morand, Op. cit.[↩]
- « Reprise de terres », dans ce numéro[↩]
- Leopold, Op.cit.[↩]