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Depuis deux ans, nous luttons dans le collectif STopMicro contre l’accaparement des ressources par les industries locales et contre les nuisances de l’industrie de la microélectronique autour de Grenoble, en nous opposant notamment à deux projets d’extension d’usines de puces électroniques, STMicroelectronics et Soitec. Plus largement, c’est un véritable front contre la numérisation du monde que nous voyons s’ouvrir et que nous nous efforçons de tenir. Avec ce texte, nous voulons partager quelques observations sur l’émergence de cette opposition à l’emballement technologique, qui a surtout brillé par son absence du champ de l’écologie politique depuis une décennie.

Le modèle grenoblois : ériger des technopoles

Cette opposition à la numérisation du monde ne surgit pas sur n’importe quel territoire. Grenoble est l’un des principaux « pôles de la microélectronique » européen, le premier en France. Nous sommes de fait aux prises avec tout un « écosystème de la tech », dont les industriels de la microélectronique, avec leurs immenses usines, sont une composante particulièrement visible et puissante. Ce système, appelé par la technocratie le modèle grenoblois, repose sur trois piliers : l’enseignement supérieur, la recherche et l’industrie. Le tout accompagné avec ferveur et enthousiasme par les élu·es de tous bords et les collectivités publiques depuis plus de 70 ans.

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Ce modèle se structure autour du Commissariat à l’Énergie Atomique (CEA), puissant centre de recherche public. Si cinq de ses neufs centres sont dédiés aux applications militaires, l’antenne grenobloise est dite civile, ce qui ne l’empêche pas de participer au business de la guerre1. S’étant progressivement détournée du nucléaire (transféré en grande partie sur le site de Cadarache dans les Bouches-du-Rhône), l’antenne grenobloise du CEA s’est spécialisée dans les micro et nanotechnologies. Ses 4500 ingénieurs s’affairent à « développer » le monde de demain en partenariat avec une multitude d’entreprises et de laboratoires. Lorsque leurs recherches donnent des résultats commercialisables et industrialisables, ce qui est l’objectif, celles-ci sont transférées vers le secteur privé sous forme de brevets ou de « spin-off » (start-up créée à partir des connaissances et technologies issues de la recherche publique).

Collectif STopMicro.

Ce fut le cas pour STMicroelectronics2 en 1972 et pour Soitec3 en 1992, mais elles sont loin d’être les seules : depuis sa création, le CEA de Grenoble a créé plus de 70 start-up, rien que dans le domaine de la microélectronique4.

Une myriade de structures et d’entreprises s’agglomèrent autour de cet écosystème de la tech : centres de recherches publics ou privés en microélectronique et en informatique, PME sous-traitantes pour les gros industriels, entreprises d’entretien et de construction de salles blanches (dans lesquelles sont produites les puces), etc. Tout cela se fait en étroit lien avec l’enseignement supérieur, fournisseur de matière grise et créateur de filières spécialement dimensionnées pour les besoins de l’industrie locale. Le tout adossé à de puissants « outils » de recherche européens tels que le Synchrotron, un accélérateur de particules, sorte de petit CERN, et l’Institut Laue Langevin, un réacteur nucléaire en pleine agglomération (!)5 produisant un flux continu de neutrons alimentant moult appareils de recherche uniques en France. Cet environnement dynamique attire à son tour de nouvelles entreprises. Ainsi va l’emballement infernal de « l’innovation ».

« Oui, ce modèle grenoblois est à dupliquer car c’est le seul bon modèle. Vous avez des ouvriers, des salariés, des ingénieurs. Vous avez du savoir, vous avez de la science, des laboratoires publics et privés, des entreprises privées avec du soutien public de l’État comme de l’Union Européenne. Plutôt que de se diviser, quand vous mettez tout le monde ensemble ça donne des résultats spectaculaires. Et c’est peut-être la leçon politique qu’il faut tirer de cela. »

Bruno Le Maire, Juillet 2022

Ainsi, la cuvette grenobloise s’affuble, à juste titre, du pompeux surnom de « Silicon Valley à la française », Silicon signifiant silicium en français, le matériau sur lequel sont gravées les puces électroniques. Inspirées par la Silicon Valley étasunienne, les technopoles sont présentes dans le monde entier, de Tel-Aviv (Silicon Wadi) à Pékin (Zhongguancun) en passant par Ontario (Canada’s Technology Triangle). En France, ce modèle ayant fait ses preuves, il se répand sur tout le territoire au cours des années 1990 : à Rennes, Nice, Toulouse, Poitiers, Metz ou encore Lille. Dans leur sillage apparaissent en 2004 les pôles de compétitivité, plus petits et plus nombreux, la mécanique à l’œuvre restant identique (recherche, enseignement supérieur, au service de l’industrie) et les mêmes acteurs s’y retrouvant, mondialisation oblige.

Le terme technopole se fait remplacer en 2004 par celui de « pôle de compétitivité ». En retraçant les liens et interdépendances entre tous ces « pôles » et multinationales de la tech, c’est une carte du pouvoir qui se dessine, où le CEA et ses ramifications rayonnent.

Collectif STopMicro.

À Grenoble, l’opposition aux nanos c’est pas nouveau

Depuis une vingtaine d’années, un précieux travail d’enquête est mené pour décortiquer la technopole grenobloise, révéler ses principaux instigateurs (industries, laboratoires publics, technocrates, etc.), les liens qui les unissent mais aussi la manière dont ils ont dessiné le monde d’aujourd’hui et dont ils contribuent à façonner celui de demain : intelligence artificielle, 6G, « smart city », biotechnologies, internet des objets, etc.

Mené par le groupe Pièces et Main d’Œuvre, ce travail d’enquête critique a donné lieu en 2006 à une importante mobilisation contre l’ouverture de Minatec, le premier pôle européen de recherche en micro et nanotechnologies. Depuis, la technopole grenobloise n’a eu de cesse de s’étendre et de se renforcer, les faibles forces d’opposition se cantonnant à documenter la catastrophe. À rebours du discours politique et allant jusqu’à sa négation même par son absence de revendications, n’oublions pas les impressionnantes attaques incendiaires qui depuis plus de sept ans visent avec brio les acteurs clés de la technopole grenobloise, les impactant parfois sévèrement6.

Les puces électroniques sont à la base de tout système électronique : automobile truffée de capteurs, smartphone, électroménager, tondeuse à gazon autonome… elles sont partout. Et sont devenues un enjeu géopolitique majeur.

En 2022, un nouvel acteur apparaît dans le paysage contestataire local : le collectif STopMicro. Il naît en réaction au projet d’extension de la méga usine de puces STMicroelectronics (ST) et de sa consommation d’eau potable pharamineuse. Cet agrandissement, qui vise à doubler la production de semi-conducteurs, et par conséquent son lot de nuisances, est fait avec la bénédiction de l’État français qui lui verse 2,9 milliards d’euros, « le plus grand investissement industriel des dernières décennies, hors nucléaire » vantera Bruno Le Maire7. On ne rigole pas avec ces investissements : ST étant l’unique fabricant de puces sur le sol national, c’est un « acteur stratégique ».  Une partie de la production ira alimenter la fabrication d’armes françaises, l’industrie de l’armement étant, en plus d’en être une grande usagère, à l’origine même du développement des composants microélectroniques8. Mais surtout, ces composants représentent un marché colossal en pleine expansion – la demande globale de semi-conducteurs augmente de 15 % par an9 – et dont dépendent de nombreux secteurs industriels, l’automobile notamment.

Les puces électroniques, composées de matériaux dit « semi-conducteurs », sont à la base de tout système électronique. De l’automobile truffée de capteurs, au smartphone, à l’électroménager, en passant par la tondeuse à gazon autonome, elles sont présentes dans la quasi-totalité des productions actuelles. Véritable goulot d’étranglement de l’industrie moderne de plus en plus robotisée, cette production est devenue un enjeu géopolitique majeur, les difficultés d’approvisionnement lors de la pandémie de Covid ayant rendues manifestes les dépendances européennes au marché asiatique.

Alors, quand l’État dit soutenir les extensions d’usines de puces, ce n’est pas en l’air10.

De l’eau, pas des puces

Avec nos enquêtes et nos actions, nous cherchons à mettre en lumière les nuisances industrielles souvent invisibles (on ne voit pas l’eau qui est pompée, on ne voit pas toutes les pollutions, on ne voit pas la consommation électrique, etc.), à analyser la responsabilité de ces entreprises dans la catastrophe en cours, à décortiquer les choix politiques dont elle résulte.

Nous sommes partis de la consommation d’eau potable astronomique de ces deux usines (16000 m3/jours pour ST et Soitec). Cette consommation pose la question de la répartition des usages en eau, d’autant plus qu’en pleine sécheresse les agriculteurs et agricultrices étaient rationné·es au profit des industriels qui ne s’arrêtaient, eux, ni de produire, ni de pomper.

Nous en sommes vite venu·es à la question de la pollution de l’eau lorsque celle-ci est rejetée dans la rivière Isère. Si les usines de semi-conducteurs consomment autant d’eau, c’est que lors du processus de gravure des puces sur les plaques de silicium, elles doivent rincer abondamment celles-ci entre chaque étape (allant d’une centaine à près de trois cents). Or, du fait des différents métaux et éléments chimiques utilisés pour graver les puces (ammoniac, chlore, hexafluorure, azote, phosphore, etc.)11, l’eau en ressort fortement polluée. Malgré son passage en station de traitement, de nombreuses substances nocives sont rejetées dans l’Isère12, avec des rejets particulièrement élevés pour le cuivre, le phosphore et l’azote et pour lesquels ST bénéficie de dérogations. Sans parler des rejets alarmants de polluants éternels13.

La numérisation qu’on nous vend comme une décarbonation et un verdissement des activités humaines est avant tout une manière de relancer la production industrielle.

Nuisances obligent, il a également fallu se renseigner sur la production : concrètement, à quoi et à qui sont destinées ces puces dont les pouvoirs publics jugent la production si indispensable ? Comme on l’a vu, une partie est dédiée à l’armement français, mais pas que… En 2023, l’équivalent de 94 millions de dollars de composants électronique produits par ST et vendus à la Russie se sont retrouvés sur les champs de batailles ukrainiens14. L’industrie de la mort retient notre attention car elle est immorale en tous points, mais cela reste une petite partie de la production. La majorité étant destinée aux véhicules électriques, à l’internet des objets et à la téléphonie mobile – à la numérisation du monde15.

La numérisation qu’on nous vend comme étant la décarbonation et le verdissement des activités humaines est avant tout une manière de relancer la production industrielle, ouvrant pléthore de nouveaux marchés où chaque objet et secteur d’activité devient connecté : voitures « intelligentes », villes et produits boostés à l’IA, agriculture numérique, développement de la 6G…

Collectif STopMicro.

L’illusion technosolutionniste et les luttes écologistes

On pourrait ajouter une spécificité au modèle grenoblois, qui se répand sur tout l’hexagone, c’est que celui-ci se veut écolo. Nos ingénieurs sont cools, ils vont au travail en vélo, ils mangent bio, et depuis 10 ans ils ne votent plus PS mais Les Écologistes. Ils ne bossent pas pour fabriquer des gadgets nuisibles ou inutiles, ils travaillent à la décarbonation du parc automobile et de l’industrie. Ils suivent la dernière saison des Soulèvements de la Terre sur les réseaux, écoutent attentivement Jean-Marc Jancovici et ont été bouleversé·es en regardant Don’t look up sur Netflix. Nous en avons même aperçu certain·es lors des « marches pour le climat ». Penser lutter contre le réchauffement climatique et concevoir les nuisances de demain – schizophrénie des temps moderne.

Une partie importante du champ de l’écologie refuse de remettre en cause le développement technologique, y voyant parfois une solution. L’extrême rapidité avec laquelle internet a changé nos méthodes d’organisation, d’information et de politisation, s’insérant dans tous les pans de notre existence, couplé au profond sentiment d’impuissance face au rouleau compresseur du progrès y est assurément pour beaucoup. Depuis STopMicro, en recentrant le débat sur la matérialité des infrastructures technologiques, des lignes commencent à bouger. Une frange pseudo-écologiste (jusque dans les rangs des Verts) commence à plier sous le poids de ses contradictions, allant jusqu’à questionner le Saint Progrès. 

La critique de l’industrie, prolongement des luttes sociales

Ces dernières années, on a pu opposer les luttes sociales, dites d’émancipation, et la critique de l’industrie et des technologies. Certain·es, d’un côté comme de l’autre, passent leur temps à conforter cette opposition : cette impasse nous désespère.

Ce que l’on observe à Grenoble, c’est que la lutte très concrète contre des extensions d’usines de microélectronique, et plus largement contre le système techno-capitaliste qui les accompagne, est justement au croisement de nombreuses luttes pour la justice sociale et l’émancipation. Parler des puces produites ici, c’est parler de leurs usages, c’est donc parler du capitalisme et des faux besoins qu’il crée et impose, mais aussi de la numérisation de toutes les activités humaines, des technologies de contrôle et de surveillance, des conflits armés, etc.

Dévoiler la matérialité du numérique en partant de ses impacts locaux c’est aussi exposer toutes les nuisances mondiales qu’on ne voit pas : l’extractivisme minier et colonial, les chaînes de production et d’approvisionnement aux quatre coins du globe, ou encore la question des déchets électroniques et des décharges à ciel ouvert où ils finissent.

Parler des puces produites ici, c’est parler du capitalisme et des faux besoins qu’il crée et impose, de la numérisation de toutes les activités humaines, des technologies de contrôle et de surveillance, des conflits armés…

S’opposer à la numérisation du monde, c’est se situer à l’intersection d’une critique radicale de l’aliénation marchande, de l’impérialisme des États, de l’accaparement des ressources et des nuisances industrielles, des choix de société imposés et de l’illusion démocratique sous l’empire techno-industriel. Parler du déferlement numérique, c’est aussi donner à voir la manière dont les algorithmes et la collecte de données permettent la marchandisation de nombreux pans de nos existences qui échappaient jusqu’à présent aux rouages du marché. Avec nos prothèses numériques, ce sont jusqu’à nos manières d’être au monde et d’être aux autres qui sont affectées. C’est ce basculement anthropologique si brutal au sein duquel nous nous débattons péniblement, qu’il nous faut combattre.

Contre la résignation, l’action

La lutte que nous menons avec STopMicro conforte notre intuition : nous pouvons nous organiser face à ces mastodontes, (re)trouver prise sur le monde et sortir de la contemplation du désastre. En luttant contre les agrandissements des usines STMicroelectronics et Soitec, nous parvenons à perturber un développement industriel qui se faisait jusqu’ici sans encombre.

Si nous ne considérons pas comme des victoires les ralentissements et suspensions de travaux16, les pertes financières17 et les dommages réputationnels qui poussent les deux industriels à quantité d’effets d’annonce18, nous constatons que depuis deux ans, ce sont tout autant de chicanes que ST et Soitec rencontrent sur le boulevard dont elles disposaient jusqu’alors.

Collectif STopMicro.

Aujourd’hui, Soitec, voisine de STMicroelectronics, prévoit de s’agrandir une énième fois. En avril 2024, juste après notre manifestation contre les extensions ayant réuni 2000 personnes, nous avions révélé son discret abandon de l’acquisition de 8 hectares jouxtant son usine, au prétexte d’un marché des semi-conducteurs en berne. Aujourd’hui, Soitec revient sur son projet d’acquisition foncière mais avance masquée derrière une simple extension de ZAE (Zone d’Activités Économiques) portée non plus par elle mais par un organisme public, Isère Aménagement. Ce grossier changement de stratégie indique que les industriels ont une certaine appréhension face à la contestation grandissante.

Autre indicateur : au cœur de nos montagnes, nous avons la chance d’avoir une boussole unique en son genre pour nous guider. Petite particularité, elle n’indique que le Sud. Son nom ? André. André Vallini, ancien sous-ministre PS et actuel conseiller départemental, fervent promoteurdu modèle grenoblois. Fin avril 2024, dans Le Dauphiné libéré, celui-ci ne cachait pas son inquiétude face aux contestations grandissantes :

« Il serait incompréhensible et inacceptable que des postures idéologiques et rétrogrades viennent remettre en cause ces acquis que beaucoup de régions nous envient, en France comme en Europe […]. L’attractivité d’un bassin économique n’est en effet pas un acquis immuable, elle se mérite et elle doit être une préoccupation permanente. »

André Vallini19

En effet, ce modèle de société n’est pas immuable. Face à la résignation du « on n’arrête pas le progrès », le collectif STopMicro espère élargir ce front naissant contre la numérisation du monde. Depuis Grenoble et partout ailleurs, (re)trouvons-nous, organisons-nous !

Le collectif STopMicro donne rendez-vous à Grenoble les 28, 29 et 30 mars pour son prochain grand weekend de mobilisation contre l’accaparement des ressources par les industriels de l’électronique et la « vie connectée » ! Avec notamment le colloque international « Semi-conducteurs, l’impossible relocalisation » (vendredi 28 et samedi 29 mars à Grenoble) et la manifestation « Des terres, de l’eau, pas des puces ! » (dimanche 30 mars à Bernin).

Informations à retrouver ici.


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Notes

  1. Pour plus de précisions sur le modèle grenoblois et notamment les liens entre la recherche et l’industrie de l’armement, voir l’ouvrage du Groupe Grothendieck, L’université désintégrée : la recherche grenobloise au service du complexe militaro-industriel, Éditions Le monde à l’envers, 2021.[]
  2. STMicroelectronics est une multinationale franco-italienne, cotée au CAC 40, qui produit des puces électroniques. Aux abords de Grenoble, dans son usine de production de Crolles, elle grave (à l’échelle nanométrique) des circuits électroniques sur des plaques de silicium. Les puces produites dans la région grenobloises serviront principalement pour l’automobile, le objets connectés (Iot) et la téléphonie mobile, voir cette enquête (document pdf).[]
  3. Soitec est une entreprise française qui produit des plaques de silicium (wafers) spéciales sur lesquelles seront ensuite gravées des puces. Sa technologie phare, la technologie SOI pour silicium sur isolant, est le fruit de la collaboration du CEA et de la Direction des Applications Militaires. Cette technologie permet de concevoir des wafers qui résistent aux radiations ionisantes et servent notamment pour la dissuasion nucléaire. Aujourd’hui, le principal marché de Soitec est la téléphonie mobile – voir cette enquête (document pdf).[]
  4. « Le laboratoire du CEA à l’origine de la création de plus de 70 sociétés », site de la Fondation MMA des entrepreneurs.[]
  5. En 2011, le journal grenoblois Le Postillon publia un très bon article rappelant l’un des accidents du site nucléaire du CENG (démantelé depuis), lui aussi situé sur le polygone scientifique. À cette occasion, l’article rappelait la présence du réacteur voisin de Laue Langevin. « Les “Eaux chaudes de Grenoble”, fuites nucléaires sur la presqu’île dans les années 1970 », Le Postillon n°12, octobre 2011.[]
  6. « Grenoble ou “la mini Silicon Valley” : point de départ de la lutte anti-technologie », Marianne, avril 2020 ; « La “Silicon Valley” grenobloise touchée par des incendies criminels », Les Échos, avril 2022.[]
  7. « Semi-conducteurs : l’État apportera une aide de 2,9 milliards d’euros pour l’usine de Crolles », Le Monde, juin 2023.[]
  8. Les liens entre le développement de l’industrie microélectronique et les besoins militaires est très bien expliqué dans l’essai de Chris Miller, La Guerre des semi-conducteurs, l’enjeu stratégique mondial, Éditions L’Artilleur, 2024. Mentionnons par exemple qu’en 1965, aux États-Unis, la défense achetait 72 % de tous les circuits intégrés.[]
  9. « Le taïwanais TSMC s’implante en Allemagne », Le Monde, août 2023.[]
  10. L’État a par exemple sauvé Soitec, la petite sœur stratégique et voisine d’ST, lors de sa dégringolade sur le marché du solaire en 2014 et 2018.[]
  11. Rappelons d’ailleurs que ST et Soitec sont toutes deux des usines classées Seveso.[]
  12. « Pourquoi l’industrie électronique prend l’eau », brochure STopMicro (document pdf).[]
  13. « ST nous empoisonne éternellement », tract STopMicro (document pdf).[]
  14. « Challenges of export controls enforcement. How russia continues to import components for its military production », rapport par Olena Bilousova, Benjamin Hilgenstock, Elina Ribakova, Nataliia Shapoval, Anna Vlasyuk, et Vladyslav Vlasiuk pour le KSE Institute, et Yermak-McFaul International Working Group on Russian Sanctions (document pdf).[]
  15. « Life. Augmented. Death. Augmented. À quoi servent les puces fabriquées par STMicroelectronics et Soitec ? », brochure STopMicro, 2024 (document pdf).[]
  16. « Recette pour construire une méga-usine », STopMicro, 2024.[]
  17. Par exemple, jusqu’en juillet 2023, ST et Soitec payaient l’eau potable issue du réseau public, dont elles consomment la plus grosse partie, moins cher que les usagers, la communauté de commune compensant la différence. Voir « STMicro et Soitec vont payer l’eau au même prix que les usagers », Le Dauphiné libéré, juin 2023.[]
  18. Citons à ce titre des annonces quant à la mise en place d’infrastructures de « recyclage de l’eau » (« REUTE » chez Soitec, « Reuse » pour ST).[]
  19. « André Vallini : “Je suis inquiet pour le développement de Grenoble et de son écosystème” », Le Dauphiné libéré, avril 2024.[]