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Contrairement aux milieux du pétrole ou de la mine, où les dégâts sociaux et environnementaux sont assumés – « de toutes façons les gens ont besoin d’énergie » –, le milieu de la dépollution affiche un objectif de réparation des dégâts causés par d’autres. Sa raison d’être : le nettoyage, l’assainissement, la protection. Mais dans ce milieu, la réparation de l’environnement côtoie la logique de profit économique, et cela engendre de nombreuses contradictions. Pour qui a l’ambition naïve de contribuer à résoudre des problèmes de société aussi importants que la hausse des cancers et l’effondrement du vivant, c’est pour le moins perturbant. D’un autre côté, les contorsions rhétoriques des experts de ce milieu, qui se considèrent comme des modèles de rationalité, revêtent un côté fascinant.

Le milieu de la dépollution auquel je fais référence ici est une communauté technico-scientifique, largement composée d’acteurs privés – industriels, bureaux d’études, consultants – qui développent, commercialisent et implémentent des solutions techniques de dépollution pour les sols et les nappes pollués. Les pouvoirs publics et établissements au statut intermédiaire public-privé1 y occupent des rôles variables selon les pays (financement, expertise, parfois les deux). Enfin, une minorité d’acteurs académiques y est également intégrée.

Au sein de cette nébuleuse, bon nombre d’acteurs considèrent les problèmes de pollution comme étant avant tout une opportunité d’obtenir des subventions ou de faire du profit, dans ce qu’on pourrait appeler le monde du « business-dépollution ». L’enjeu de cet article n’est pas de reprocher à ces acteurs leur positionnement, somme toute assez logique dans une société capitaliste, mais plutôt d’exposer les dysfonctionnements qui en découlent, afin de nourrir une réflexion sur les autres voies possibles et désirables.

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Moi c’est Léa, ingénieure de formation et actuellement enseignante-chercheuse en géosciences à l’université de Lund en Suède. Je travaille depuis cinq ans sur la contamination des eaux souterraines et sur la surveillance des effets de la dépollution, notamment par l’imagerie géophysique. Lasse de constater que l’heure de la dépollution n’est pas près d’arriver et que mon travail n’y changerait rien, j’ai commencé à décortiquer les discours et éléments de langage des expert·es au sein du business-dépollution.

Mes observations sont restituées en deux épisodes. L’épisode 1 expose les enjeux actuels de la pollution souterraine et présente les principales techniques de dépollution. Dans l’épisode 2, on entre dans le monde des colloques sur les sites et sols pollués, où j’analyse une série de contorsions rhétoriques2.

Un glossaire des principaux sigles et concepts utilisés, marqués d’un astérisque*, se trouve à la fin de l’article.

Épisode 1 – Les pollutions souterraines et leurs « solutions » techniques

La pollution souterraine

Alors que l’impact de la pollution sur l’habitabilité des écosystèmes est clairement établi par l’IPBES3, il est aussi largement sous-estimé4. La pollution souterraine, dans les sols ou les nappes d’eau, transforme les écosystèmes sur le temps long (10-100 ans) car les processus de transfert sont plus lents que pour les eaux de surface (rivières, mers) ou l’atmosphère.

Du fait de cette inertie, mais également de l’invisibilité du souterrain, l’impact de la pollution souterraine sur les écosystèmes est difficile à quantifier, et est donc souvent sous-estimé. Il n’en reste pas moins que les eaux souterraines sont physiquement connectées aux eaux de surface – rivières, lacs, mers, zones humides… À terme, les écoulements font ainsi émerger les pollutions souterraines en surface. 

Parmi les principaux contaminants du milieu souterrain, on trouve en premier lieu des composés organiques comme (i) les hydrocarbures pétroliers, dont le quatuor benzène-toluène-ethylbenzène-xylène (BTEX*)5, (ii) les dérivés chlorés (synthétiques) d’hydrocarbure, dont deux sous-familles sont les pesticides comme le dichloro-diphényl-trichloroéthane (DDT) ou la chlordécone6 et les solvants chlorés comme le perchloroéthylène (PCE*)7 ou le chlorure de vinyle, et (iii) les per- and poly-fluoroalkyl substances (PFAS*)8. L’autre grande famille de contaminants souterrains comporte les métaux lourds comme le plomb ou le cadmium9, les métalloïdes comme l’arsenic ou l’antimoine10, et les radionucléides, comme l’uranium, le plutonium, ou le technétium11.

En France, la base de données BASOL répertorie 4 142 sites et sols pollués appelant une action des pouvoirs publics (données 2013). Parmi ces sites, 30 % sont pollués par des hydrocarbures simples, 20% par des métaux et métalloïdes, 15 % par des hydrocarbures chlorés, 13 % par des hydrocarbures aromatiques polycycliques, et 10 % par des composés organiques volatiles (BTEX)12, sachant que plusieurs de ces pollutions peuvent être présentes sur un même site.

Les PFAS étant à l’heure actuelle considérés comme des contaminants émergents, ils ne font pas partie de ces statistiques. Cependant, un récent travail journalistique pan-européen a permis de répertorier en Europe 23.000 sites contaminés, 21.500 sites présumés contaminés et 232 utilisateurs industriels13. Aux États-Unis, des statistiques indiquent qu’avec 70.000 sites contaminés aux PFAS répertoriés, la fréquence de contamination aux PFAS est similaire à celle aux hydrocarbures chlorés14.

Les eaux souterraines sont physiquement connectées aux eaux de surface – rivières, lacs, mers, zones humides. À terme, les écoulements font ainsi émerger les pollutions souterraines.

Les principales activités responsables de la contamination par des composés organiques sont la production et la distribution d’énergie fossile, l’agriculture15 et la chimie de synthèse16. Les bases militaires comptent par ailleurs parmi les principales sources de PFAS, notamment du fait de l’utilisation de mousses anti-incendie17. La contamination souterraine par des métaux, métalloïdes et radionucléides est quant à elle principalement due à l’extraction minière18, au traitement industriel des métaux19, et à diverses activités militaires, notamment nucléaires11.

USGS sur Unsplash

Enfin, les anciennes décharges, où sont accumulés entre autres des déchets ménagers et industriels, sont une source de contaminants variés20. En 2007, la production industrielle et les activités commerciales étaient à l’origine de la pollution de plus de 40 % des sites et sols pollués en Europe, tandis que le traitement des déchets municipaux et l’industrie pétrolière représentaient chacun environ 15 % des activités à l’origine de la pollution21.

La source initiale de pollution est généralement à la surface ou à faible profondeur : résidus miniers, accidents de camion-citerne, déversement de déchets industriels, utilisation d’équipement militaire, décharges, etc.22 Ces structures sont au cœur du cycle hydrologique : les eaux pluviales qui s’infiltrent interagissent avec les déchets et forment des fluides très concentrés en contaminants23. Ces fluides s’insèrent dans les écoulements souterrains, qui les transportent verticalement (par gravité) et latéralement (par des différences latérales de pression) vers les profondeurs et/ou vers les « exutoires » : rivières, mers, lacs et zones humides. Les vitesses caractéristiques de transport sont de l’ordre de 0.1 à 1 m/an, ce qui donne lieu à des temps de résidence de plusieurs dizaines d’années, qui, comme on le verra, ont un impact sur les temps caractéristiques de dépollution.

Les techniques de dépollution

Des solutions techniques de dépollution des sous-sols contaminés existent. Le traitement dit in situ, directement dans le souterrain, consiste à injecter un agent actif qui va réagir pour transformer la molécule ou modifier sa mobilité. Il peut s’agir de dégrader les molécules toxiques (par une réaction chimique qui les transforme en sous-composés considérés comme moins problématiques, voire « inoffensifs »), soit de les immobiliser (par l’incorporation dans une phase solide), soit de les retenir (par une liaison chimique de faible intensité à certaines interfaces : eau-air, eau-solide, eau-huile).

Mais on peut aussi pratiquer la dépollution en extrayant le sol ou les fluides contaminés pour les amener ensuite ailleurs. L’extraction des sédiments se fait par excavation, et celle des fluides par pompage (pump & treat) ou par évaporation (soil vapor extraction). Un traitement dit ex situ des sédiments ou des fluides extraits peut alors se faire, dans une usine sur site ou dans un centre de traitement indépendant, avec des techniques telles que l’incinération, le traitement chimique ou différents procédés physico-chimiques de destruction.

En 2007, la production industrielle et les activités commerciales étaient à l’origine de la pollution de plus de 40 % des sites et sols pollués en Europe.

Enfin, une autre manière de procéder existe, qui correspond à ce qu’on appelle l’atténuation naturelle, et qui consiste à laisser le milieu restaurer la qualité des eaux, par exemple grâce à des bactéries ou des processus minéralo-chimiques naturellement actifs. Bien qu’il ne s’agisse pas vraiment d’une technique à proprement parler, l’atténuation naturelle est souvent invoquée comme telle car elle implique un travail de caractérisation, de modélisation et de suivi, donc un certain budget.

Site contaminé de Kærgård sur la côte ouest du Danemark. Photo prise en 2019. Installations pour le traitement in-situ (Léa Lévy).

L’excavation et le pump & treat sont les techniques de dépollution les plus couramment utilisées. Les techniques de traitement in situ et l’atténuation naturelle sont quant à elles de plus en plus mises en avant pour leurs moindres coût et empreinte environnementale24.

Voyons ce que l’on peut concrètement attendre de ces quatre types de solutions techniques.

Excavation des sédiments contaminés. Lorsque plusieurs millions de tonnes de sédiments contaminés sont excavés, cela donne l’impression que le problème est pris au sérieux. Pour autant, il reste généralement de la pollution sous le volume excavé, notamment car les contaminants tendent à être plus denses que l’eau et donc à s’écouler vers les profondeurs du fait de la gravité25.

Mais qu’advient-il des sédiments excavés ? Leur traitement dans une usine a un coût écologique et économique élevé24, d’une part car les volumes à transporter et à traiter sont importants et d’autre part car les méthodes de destruction consomment de l’eau, de l’énergie et des produits chimiques. C’est pourquoi, dans de nombreux cas, les sédiments contaminés sont simplement transportés d’un site à un autre.

Parfois, la présence d’une couche imperméable « protectrice » sur le nouveau site constitue un argument en faveur du déplacement, mais ce n’est même pas toujours le cas. Par exemple, sur le site de Moab dans l’Utah (États-Unis) contaminé par les résidus d’une ancienne usine de traitement de minerai uranifère, 4 millions de tonnes de sédiments contaminés sont en train d’être déplacées vers un nouveau site (entre 2022 et 2034)26, sans que celui-ci ne soit doté d’une meilleure imperméabilité27.

Lorsque plusieurs millions de tonnes de sédiments contaminés sont excavés, cela donne l’impression que le problème est pris au sérieux.

Pompage des fluides contaminés. Pour comprendre ce qu’il se passe lors du pompage, il faut garder à l’esprit que les fluides souterrains circulent principalement dans des drains perméables*. On appelle à l’inverse matrice* la partie des aquifères où les fluides circulent peu, du fait d’une perméabilité beaucoup plus faible. Il peut s’agir de roche indurée (par exemple le granite) ou de couches argileuses très compactes. En fonction du type d’aquifère, le volume occupé par les drains varie. Par exemple, dans les aquifères bretons ou du sud de la Suède, composés principalement de roche granitique, un très faible volume de l’aquifère concentre l’essentiel de l’écoulement souterrain (réseau de fractures d’une épaisseur de quelques millimètres). Dans les aquifères composés de sédiments non consolidés (fréquents par exemple sur la côte ouest du Danemark), l’essentiel du volume de l’aquifère est perméable mais des lentilles composées d’argiles forment des zones moins perméables ici et là.

À cause du contraste de perméabilité entre drains et matrice, il existe un obstacle difficilement surmontable à l’extraction des contaminants par pompage : la lente diffusion* des contaminants depuis les drains vers la matrice peu perméable*, d’autant plus prononcée que les pollutions sont anciennes (Figure 1a). En effet, si la perméabilité régit l’écoulement des fluides souterrains aux temps « courts », la différence de concentration régit la diffusion, qui affecte la trajectoire des particules de contaminants aux temps longs. Lors du pompage (temps courts), seules les zones perméables sont accessibles (Figure 1b). Par conséquent, l’accès aux contaminants diffusés dans la matrice est limité et, une fois l’opération terminée, ces contaminants vont se rétrodiffuser* vers les zones perméables qui venaient d’être nettoyées (Figure 1c).

Ce mécanisme, qui joue un rôle important quelle que soit la géologie du milieu28, maintient durablement des concentrations élevées en contaminants dans les eaux souterraines.

Figure 1. Mécanisme de diffusion vers la matrice peu perméable (beige), depuis les drains où l’essentiel de l’écoulement souterrain a lieu (rouge). Ces illustrations sont adaptées d’une vidéo réalisée par l’entreprise de dépollution Regenesis. La vidéo complète et l’article associé sont disponibles à l’adresse suivante : https://regenesis.com/eur/back-diffusion-animation-explanation/?utm_source=social&utm_medium=social

On comprend donc pourquoi une dépollution pensée sur le temps court est certes avantageuse économiquement, mais globalement impuissante. En fait, plusieurs articles soulignent que l’effet long-terme du pump & treat sur la qualité des eaux souterraines est souvent insignifiant, voire négatif, à cause du relargage progressif de contaminants par rétrodiffusion depuis la matrice peu perméable29.

Traitement in situ par injection d’un agent actif. Une condition essentielle pour que le traitement in situ fonctionne, est que l’agent actif injecté entre en contact avec les contaminants. Or, de même que seuls les fluides des zones perméables peuvent être pompés (Figure 1), seules les zones perméables sont accessibles aux agents chimiques injectés pour le traitement. Par conséquent, le contact avec les contaminants diffusés dans la matrice peu perméable est difficile à assurer. Bien que les experts redoublent d’ingéniosité pour proposer des solutions innovantes, telles que les surfactants* qui permettent en théorie de favoriser la mise en solution les contaminants retenus dans la matrice, le spectre de l’effet rebond* associé au mécanisme de rétrodiffusion hante les experts du traitement in situ au moins autant que ceux du pump & treat.

Lorsque la source de pollution s’est vidée avec le temps ou bien lorsqu’elle se trouve dans une zone très urbanisée inaccessible au traitement, il peut être décidé de traiter non pas la source, mais le panache de pollution qui découle de la source. Le traitement in situ peut alors se faire par la technique dite de barrière réactive. Cette technique consiste à positionner un agent actif assez visqueux (par exemple des nanoparticules de fer ou du charbon actif), pour former une barrière souterraine qui va persister dans le temps. Son rôle est de laisser passer l’eau mais d’empêcher les contaminants de se propager en aval de la barrière, grâce à une réaction chimique de dégradation, d’immobilisation ou de rétention (Figure 2).

La mise en place de l’agent actif est coûteuse, invasive et incertaine30, comme le rappellent plusieurs articles au sujet des nanoparticules de fer31.

Figure 2. Illustration du concept de barrière réactive (en vert) injectée pour traiter un panache de pollution souterraine (en rouge).

Un savant équilibre doit être trouvé : la barrière doit contenir suffisamment d’agent actif bien distribué spatialement pour assurer le contact avec tout le flux de contaminants, tout en évitant de trop boucher les zones perméables car cela aurait pour conséquence de rediriger le panache, qui pourrait alors contourner la barrière.

Deux problèmes majeurs se posent avec le traitement in situ, qu’il s’agisse de traiter la source ou le panache. Premièrement, des effets secondaires indésirables, encore mal compris, peuvent découler du traitement. Par exemple, la transformation des solvants chlorés tels que le PCE en molécules inoffensives d’éthène passe par plusieurs molécules intermédiaires, dont les chlorures de vinyle qui sont plus toxiques que le PCE. Si, pour une raison ou une autre, la dégradation du PCE s’arrête à l’étape du chlorure de vinyle, le problème est aggravé. Deuxièmement, l’efficacité du traitement in situ est difficilement vérifiable puisque le souterrain est invisible et hétérogène32. Une incertitude importante pèse donc à la fois sur le contact entre l’agent actif et les contaminants et sur l’avancement des réactions chimiques de traitement.

Une dépollution pensée sur le temps court est certes avantageuse économiquement, mais globalement impuissante.

L’atténuation naturelle par immobilisation. L’incorporation des métaux, métalloïdes et radionucléides dans une phase solide, par exemple par précipitation dans des sulfures métalliques33, peut soit être stimulée par l’injection d’un agent actif (comme on l’a vu plus haut) soit s’effectuer naturellement. Dans le second cas, ce mécanisme compte comme atténuation naturelle de la pollution, puisque le passage des contaminants dans la phase solide empêche – en théorie – leur transport et leur biodisponibilité, contrairement à un état soluble, dans la phase aqueuse.

En réalité, phase solide ne signifie pas nécessairement immobilité, puisque les colloïdes, particules solides de petite taille en suspension, sont souvent aussi mobiles voire davantage que les éléments dissous34. Par ailleurs, le transfert de la phase aqueuse vers la phase solide n’est en aucun cas irréversible.

L’incorporation dans la phase solide, et donc l’immobilisation potentielle, dépend en réalité des conditions physico-chimiques locales, qui peuvent évoluer au cours du temps ou du cycle hydrologique35. C’est là toute l’ambiguïté du terme immobilisation, qu’il s’agisse d’un processus naturel ou stimulé : puisqu’il y a réversibilité des réactions, peut-on vraiment parler de stockage permanent ?

L’atténuation naturelle par dégradation. Certaines bactéries naturellement présentes dans les sols ont la faculté de dégrader, si les conditions sont réunies (température, niveaux d’oxygène, nutriments), des composés organiques tels que les solvants chlorés ou les BTEX. Des minéraux, comme les sulfures et les oxydes métalliques, peuvent également favoriser la dégradation de composés organiques. Cependant, ces processus restent actuellement difficiles à documenter dans les systèmes naturels souterrains36, ils sont assez lents et ils permettent rarement de descendre les concentrations de contaminants en-dessous des seuils réglementaires37.

La maîtrise technique mise en avant suggère une apparente maîtrise des processus souterrains alors que, dans les faits, il est impossible de contrôler des milieux souterrains pollués.

La plupart du temps, la (bio)dégradation implique en réalité l’injection d’un amendement qui favorise l’activité des bactéries que l’on exploite, voire l’inoculation de ces bactéries. Mais, bien que ces injections puissent influencer les conditions in situ, elles ne permettent en aucun cas de les contrôler, et les mêmes problèmes que ceux explicités ci-dessus pour l’injection d’agents actifs se posent. Prédire et documenter l’impact d’une action de ce type reste très incertain, du fait à nouveau de l’invisibilité, de l’hétérogénéité et du caractère dynamique des systèmes naturels souterrains.

Le cas des PFAS. Il n’existe à l’heure actuelle aucun mécanisme de dégradation ou d’immobilisation documenté pour les PFAS. L’essentiel des techniques de dépollution envisagées impliquent des mécanismes de rétention, incluant par exemple l’adsorption* à la surface de la matière organique ou à l’interface eau-air (Figure 3). Comparée à l’immobilisation, la rétention correspond à des échelles de temps plus courtes avant un relargage probable, même s’il règne un certain flou sur la terminologie.

Figure 3. Différentes méthodes pour la « rétention » des PFAS dans les milieux souterrains. Tiré de Newell et al. (2022).

En dépit de discours marketing du secteur privé donnant l’impression du contraire (Figure 4), l’efficacité de la dépollution reste très limitée et ne se démontre pas sans une grande dose d’incertitude. La maîtrise technique mise en avant suggère une apparente maîtrise des processus souterrains alors que, dans les faits, il est impossible de contrôler des milieux souterrains pollués.

Les acteurs académiques, industriels et politiques impliqués dans la gestion des sites et sols pollués pourraient alors s’interroger sur l’attitude à adopter. Prendre le parti de l’humilité et de l’observation ? Remplacer le business-dépollution par une délibération démocratique et transparente sur la gestion des milieux pollués ? Réclamer l’arrêt pur et simple des activités polluantes ? Aucunement. Au contraire, à travers mon immersion dans le milieu académique et industriel de la dépollution, j’ai observé plusieurs techniques consistant à euphémiser la pollution souterraine et à disqualifier les voix qui s’en inquiètent. Ces techniques rhétoriques marchent tragiquement mieux que les techniques de dépollution.

Découvrons-les en situation : direction les colloques scientifiques.

Figure 4. Stand Regenesis à un colloque européen sur la pollution souterraine. Voir plus : https://regenesis.com/en/forever-chemicals/

Episode 2 – Figures rhétoriques de la dépollution

La toxicité relative

Scène 1. Colloque n°1, Danemark, 2022. Birgitte, une chercheuse danoise, déroule sa présentation, qu’elle a conçue sous la forme d’un quiz. La question : « À votre avis, qu’est-ce qui est le plus toxique entre votre tasse quotidienne de café et 3 nanogrammes quotidiens de PCE ? » est déclinée à l’envi pour différents contaminants, mis en balance avec la même tasse de café quotidienne. La réponse est toujours la même : la tasse de café.

Je suis convaincue que le café, ou le chocolat Kinder, mériteraient d’être des sujets de santé publique traités avec sérieux, au même titre que la cigarette. Mais cette rhétorique, omniprésente dans les discours technocrates condescendants, qui consiste à dire « arrêtez de vous faire peur avec X car Y est plus grave » et fonctionne sur le principe de la relativisation, relève de la mauvaise foi.

Ces techniques rhétoriques marchent tragiquement mieux que les techniques de dépollution.

Tout est toxique au-delà d’une certaine dose : café, sucre, métaux, et qui sait, peut-être même les lentilles. Est-ce là une bonne raison pour continuer à boire de l’eau contaminée aux PFAS? Une chose est sûre : outre que la tasse de café m’apporte un plaisir que les 3 nanogrammes de PCE ou de PFAS ne m’apportent pas – du moins pas directement – c’est surtout moi qui choisis de la boire ou de ne pas la boire.

Par ailleurs, dans le quiz de Birgitte, les contaminants étaient comparés séparément au café alors que l’eau est généralement contaminée par plusieurs composés toxiques à la fois – le fameux effet cocktail*, encore peu documenté.

Le relativisme est une des manifestations de cette culture du doute sur la toxicité, très prégnante en conférence. Une autre de ses manifestations est la critique des limites sanitaires, les seuils.

Site contaminé de Kærgård sur la côte ouest du Danemark (ancienne fosse à déchets pharmaceutiques). Photo prise en 2019 lors de l’installation de l’infrastructure pour la dépollution des eaux souterraines par traitement biologique et chimique in-situ (Léa Lévy).

L’imperfection des seuils

Scène 2. Colloque n°2, République Tchèque, 2023. Paavo, un chercheur finlandais, pointe du doigt l’incohérence des différents seuils mis en place par l’Union Européenne pour les PFAS. Je l’écoute avec attention, convaincue de l’utilité d’explorer les contradictions des textes officiels. Mais au fur et à mesure que la présentation avance, ma perplexité grandit. Paavo focalise en effet ses critiques sur le fait que la toxicité des PFOA et PFNA est « prouvée » de différentes manières : l’une repose sur le constat de la baisse de réaction à la vaccination pour des bébés de 12 mois après que leur mère a été exposée aux PFAS, l’autre sur des résultats d’expériences menées sur des rats. Selon lui, « on ne peut pas fixer le seuil pour tous les PFAS en mélangeant les approches ». Certes, la méthode est imparfaite. Mais critiquer la méthode pour revendiquer que « les valeurs seuils dans les sols et les nappes sont trop strictes » me semble problématique.

Scène 3. Colloque n°3, États-Unis, 2023. Chuck, un consultant étasunien, relève les très fortes disparités de seuils pour l’eau potable dans différents pays : les États-Unis (4 ng/L pour les PFOA), le Danemark (2 ng/L pour la somme de 4 PFAS incluant les PFOA) et l’Australie (560 ng/L pour les PFOA). Il insiste d’abord sur le fait que le panel d’experts du gouvernement australien avait conclu à une absence de preuves claires liant l’exposition aux PFAS et les maladies humaines38. Il critique ensuite le fait que les différents PFAS sont comptabilisés ensemble pour déterminer la limite sanitaire danoise.

Une participante à la session renchérit alors depuis la salle : « Les différents PFAS affectent différents organes, donc on ne peut pas simplement considérer que leurs effets sont additifs. La réalité est plus compliquée. Pour être rigoureux, il faudrait modéliser la toxicité de chaque type de PFAS et regarder l’effet de l’ensemble sur la santé. C’est un manque de rigueur de simplement les additionner dans la mise en place des seuils. » On retrouve ici le procédé rhétorique fallacieux de l’indignation de Paavo (scène 2). Ce à quoi Chuck répond avec un grand sourire : « cela va créer plein de nouveaux marchés pour les experts en toxicologie39 ». Oui, la complexité de l’analyse de la toxicité est, elle aussi, un moteur pour le business.

Au fond, ces experts n’ont pas tort dans les arguments avancés. Mais il faudrait que l’on s’entende sur le but. Cherche-t-on à disposer de modèles hyper-complexes qui permettent de doser à tout moment nos activités polluantes pour éviter un dépassement de seuils ultra-ajustés au contexte ? Étant donné l’incertitude qui pèse, et qui pèsera toujours, sur notre compréhension des interactions entre vivants et contaminants, la prétention des expert·es est manifeste.

Par ailleurs, il est difficile de nier aujourd’hui que la pollution rend malade et tue, les humains comme les non-humains. De plus en plus de maladies chroniques sont observées chez des personnes de plus en plus jeunes et le lien avec la pollution ne fait pas de doute.

Rechercher des seuils irréprochables dans ce contexte est une insulte aux victimes de la pollution et présuppose que quand on ne sait pas, on doit non pas arrêter de polluer, mais mieux savoir comment polluer.

Site contaminé de Kærgård sur la côte ouest du Danemark. Photo prise en 2019. Vue des dunes à l’aplomb de l’ancienne fosse à déchets pharmaceutiques (Léa Lévy).

L’acceptabilité de la médiocrité

À première vue, on pourrait penser que le doute sur la toxicité et la critique des seuils profite surtout à l’industrie qui pollue, comme dans le cas de Dupont avec les PFAS – et je recommande à ce sujet l’excellent film Dark Waters40. Mais comment expliquer que même les consultants du business-dépollution participent à cette fabrique du doute ? N’auraient-ils pas plutôt intérêt à ce que les seuils restent très bas pour justifier la nécessité de dépolluer et donc les investissements ? D’un côté oui, d’un autre non. C’est là qu’intervient une première contorsion rhétorique, qui, lorsqu’on juxtapose les différents morceaux du discours, prend la forme suivante :

« Les PFAS présentent un défi inédit à cause de leur persistance, leur mobilité et leur solubilité – et non pas de leur toxicité car au fond on n’est pas vraiment sûr – donc c’est important de financer la recherche de solutions techniques14. Nos méthodes de dépollution actuelles ne permettent cependant pas de descendre en dessous des seuils, et ne le permettront jamais41. Mais ne nous embêtez pas si on atteint des taux insignifiants de dépollution42, car de toutes façons les seuils sont trop stricts et le risque est surestimé. »

Ce type de discours rappelle d’un côté qu’il y a un défi inédit sur lequel il faut investir, et nie de l’autre le danger, afin de rester crédible face à l’incapacité manifeste des solutions techniques à répondre au défi de manière significative sans aggraver le problème. Cela illustre la déconnexion du business-dépollution par rapport aux enjeux réels de la pollution, en s’appuyant notamment sur un déni de légitimité de la peur des citoyens : l’irrationalité des riverain·es est toujours bonne à prendre quand on essuie des échecs sur la dépollution.

Rechercher des seuils irréprochables dans ce contexte est une insulte aux victimes de la pollution et présuppose que quand on ne sait pas, on ne doit pas arrêter de polluer, mais mieux savoir comment polluer.

L’irrationalité des inquiétudes des non-experts

Commençons par mentionner une différence entre les États-Unis et les pays européens dans leur gestion de la pollution souterraine. Comparés à l’Europe, les États-Unis semblent bien davantage impliquer les populations locales dans les prises de décision concernant la gestion des pollutions, notamment par ce qu’ils appellent le local community engagement. C’est lié au fait que de très nombreux sites contaminés se trouvent sur les territoires de peuples autochtones, qui ont obtenu que leurs revendications soient prises en compte. Cela n’empêche pas pour autant les experts de mépriser les inquiétudes des populations autochtones.

Scène 4. Colloque n°3, États-Unis, 2023. Une intervenante évoque les conséquences budgétaires du local community engagement sur le plateau de Hanford, dans l’état de Washington (pollution souterraine massive liée à l’extraction de plutonium pour la fabrication d’ogives nucléaires dans les années 1940-1950, dans le cadre du projet Manhattan) : « À cause de leurs revendications, nous avons dû dépolluer, cela a coûté 2 milliards de dollars et n’a pas changé grand-chose. Les gens doivent comprendre que dépolluer n’est pas toujours une bonne idée43 ».

Si on reprend les étapes de l’histoire une par une, ça donne la chose suivante : 1) les pouvoirs publics sont responsables de la pollution, issue du projet Manhattan, 2) la dépollution coûte cher et ne résout rien – mais finance quand même le business-dépollution impuissant et 3) le fond du problème c’est que les riverains ne comprennent pas que la dépollution ne marche pas et est très couteuse, et qu’il leur faut accepter le dommage.

Ce schéma, qui consiste à disqualifier en irrationalité des personnes touchées par la pollution, pour légitimer soit l’absence de moyens mis en œuvre pour la réhabilitation des sites contaminés, soit l’échec de la réhabilitation, je l’ai retrouvé lors du colloque européen.

Scène 5. Colloque n°2, République Tchèque, 2023. Face à une question sur la possibilité de gérer démocratiquement les problèmes de pollution sur des sites désormais abandonnés par les entreprises responsables de la pollution, un entrepreneur allemand du business-dépollution répond : « ce serait impossible [d’impliquer des non-experts concernés par le territoire dans une délibération démocratique sur la question des pollutions]. Mieux vaut ne pas impliquer ma belle-mère dans ce débat, elle ne comprend rien à la chimie mais elle a quand même un avis44 ».

Scène 6. 2023, colloque n°2, République Tchèque. De manière similaire, un entrepreneur belge partage son ressenti lors de sa présentation sur l’impossible dépollution des PFAS: « la situation des PFAS devient hors de contrôle, même ma belle-mère s’en inquiète, les gens deviennent irrationnels, ma belle-mère ne devrait pas s’en inquiéter45 ».

Visiblement, dans la course à l’irrationalité, les belles-mères européennes sont au coude à coude avec les autochtones américains.

Pour résumer, les profanes sont idiots et font preuve d’anxiété irrationnelle. Mais ces profanes, contrairement aux experts, vivent sur place.

Scène 7. Colloque n°2, République Tchèque, 2023. Le coordinateur d’un grand projet Européen sur la dépollution des sols signale une étude qui « montre que les gens se rendent malades à cause de l’anxiété créée lorsqu’ils apprennent que les valeurs mesurées dépassent les seuils ». « Il faut être conscient qu’on rend les gens malades46 », dit-il. La boucle est donc bouclée : l’argument de la santé mentale du grand public vient contrecarrer les tentatives de gestion inclusive des enjeux de santé publique.

USGS sur Unsplash

Pour résumer, les profanes sont trop idiots, ils ne peuvent pas comprendre et tombent dans de l’anxiété irrationnelle. Mais pourquoi supposer a priori que les gens ne peuvent pas apprendre ? Pourrait-il y avoir également une anxiété de la part des experts à l’idée que les profanes deviennent suffisamment compétents pour délibérer et tirent des conclusions différentes – car contrairement aux premiers, les profanes vivent sur place ?

Quoiqu’il en soit, les échanges ci-dessus font apparaître la stratégie suggérée par le front des pragmatiques anti-seuil pour pallier l’impuissance et les coûts exorbitants de la dépollution : un rôle encore plus central de l’expertise. Le raisonnement est simple : le problème des pollutions est plus compliqué à gérer que les moyens actuels ne le permettent donc il faut plus d’experts.

Bienvenue dans le monde du risk-based assessment, ou l’évaluation par le risque.

Par-delà la toxicité : l’exposition et le risque

Le discours pragmatique anti-seuil consiste à souligner que dans de nombreux cas, les seuils sont dépassés sans que cela ne pose de risque. Ce discours, qui me semble dominant chez les experts, suggère de (laisser des consultants) faire une analyse de risque, plutôt que de considérer qu’un site où la teneur en polluants dépasse les seuils réglementaires est un site à dépolluer ou à surveiller.

L’analyse de risque est fondée sur une différence importante entre risque et danger, et va de pair avec la notion d’exposition. Comme l’expliquent souvent des expert·es de façon condescendante, un produit peut être dangereux mais si je n’y suis pas (ou peu) exposée, ce n’est pas risqué. Il s’agit d’une substitution pure et simple : là où l’on ne peut gérer les seuils, alors on va gérer l’exposition afin qu’elle n’ait pas lieu. Dès lors qu’il n’est fréquenté par personne, un site hautement contaminé, et donc dangereux, cesse d’être risqué. De même, si les usages prévus d’un site pollué limitent l’exposition des cibles, il n’y a pas de risque.

En termes techniques, un site présente un risque seulement si trois éléments sont réunis : source de pollution + transfert de la pollution + présence d’une cible = RISQUE47. Dans la pratique, l’ajout progressif de critères excluants a pour effet de réduire les actions préconisées à la portion congrue, c’est-à-dire, dans les faits, à ce qui entre dans le budget disponible. Derrière l’apparente objectivité de la démarche, un choix implicite est fait sur les formes de vie à inclure dans la notion de cible, réaffirmant ainsi le constat d’Ulrich Beck dans La Société du rique48. De plus, la science sur laquelle repose l’évaluation de l’exposition, c’est-à-dire du transfert de la pollution vers les cibles, est truffée d’hypothèses simplistes et incertaines, comme l’illustrent les deux scènes contradictoires ci-dessous.

Scène 8. Colloque n°2, République Tchèque, 2023. Exemple de démonstration par Paavo : « sur le site X, il y a des hydrocarbures qui sont là depuis 50 ans, on voit qu’ils ne sont toujours pas descendus dans la nappe, ils sont toujours dans le sol, donc ils ne s’écoulent pas, c’est la preuve qu’il n’y a pas de risque. De même, s’il y a beaucoup de solvants chlorés sous une maison mais qu’on montre que ça ne remonte pas vers la maison, ce n’est pas la peine de dépolluer. » 

Scène 9. Au même colloque. Un industriel néerlandais souligne pourtant l’incertitude des estimations actuelles de l’exposition aux intrusions de vapeur dans les bâtiments construits au-dessus de sols contaminés par des solvants chlorés, très volatiles. Il montre en effet que les intrusions de vapeur sont cycliques49 et qu’en conséquence, une mesure unique a de fortes chances de mésestimer l’exposition réelle50.

Cristaux de pyrite (minéraux étudiés notamment pour leurs propriétés de rétention ou d’immobilisation de certains contaminants).

Il existe bien sûr quelques garde-fous à l’opacité et au côté arbitraire des hypothèses derrière l’analyse de risque. En France, l’inspection des installations classées des Directions régionales de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DREAL) a la charge de la prévention des risques associés aux installations industrielles, y compris après leur fermeture. Elle instruit ainsi des demandes de mise en sécurité et réhabilitation de sites industriels.

Un ancien responsable de l’inspection des installations classées en DREAL m’a expliqué que certaines règles sont fixées à l’avance par la direction générale de prévention des risques, via une méthodologie nationale51. « La DREAL a en charge de s’assurer du respect de cette méthodologie, afin de garantir la maîtrise des risques, en fonction de l’usage prévu pour le site ». Il souligne à ce titre la centralité du concept d’exposition, évoquée plus haut, dans la gestion des sites pollués « le risque est analysé en fonction des usages : il y a de nombreux cas où on ne dépollue pas mais où l’on prend des mesures de gestion – dalle en béton, retrait de 30cm de terre ou encore interdiction de faire des potagers. Ce n’est pas toujours compris. » 

En dépit du contrôle par les DREAL, il n’y a pas de contre-expertise à proprement parler car « refaire toutes les études nécessiterait des moyens considérables ». Le fonctionnement est d’ailleurs similaire en Suède : les collectivités territoriales vérifient la cohérence des conclusions du bureau d’étude, mais avec des moyens limités. Un agent territorial en charge de l’urbanisation pour la ville de Malmö (Suède) m’a expliqué que dans certains cas délicats, une contre-expertise peut être mandatée, et il s’agit alors de faire appel à un autre bureau d’étude qui vérifie les résultats du premier.

Les pollutions diffuses liées à d’anciens sites industriels, comme les fonderies, sont souvent mal connues et cela arrange beaucoup de monde.

Par ailleurs, les pouvoirs publics ne déploient généralement pas d’opération de diagnostic pour repérer la pollution diffuse – ne serait-ce que pour vérifier que les usages sont compatibles – issue d’anciennes exploitations industrielles sur les sites où aucun nouveau promoteur ne cherche à construire, même si quelques exceptions sont à noter52. Pourquoi ? « Par manque de moyens, par peur de trouver des usages incompatibles, et par peur que le public ne comprenne pas qu’on ne dépollue pas massivement », selon l’ancien responsable de DREAL.

Les pollutions diffuses liées à d’anciens sites industriels, comme les fonderies, sont donc souvent mal connues et cela arrange beaucoup de monde. En effet, lorsqu’une pollution est découverte sans exploitant à qui imputer les frais de dépollution, les moyens d’action des pouvoirs publics sont limités53. Cette peur du diagnostic rejoint le sujet des métabolites de pesticides : alors que l’on sait depuis des années que l’eau contient des métabolites toxiques, on ne fait pas les analyses54, notamment car on ne sait pas comment payer la dépollution, ni même comment dépolluer.

De nombreux cas attestent par ailleurs que le risque d’exposition, suites aux mesures de gestion prises ou non, a été sous-estimé. En France, le cas de l’école Oasis-Aygalades, à Marseille, illustre à un point frôlant le ridicule le contraste entre les technologies pseudo-sophistiquées, mises en avant dans les modèles et les tests en laboratoire, et les techniques de bras cassé sur le terrain : « L’entreprise avait mis des bâches pour retenir la terre polluée, mais au bout de quelques mois, avec le mistral, elles s’envolaient », raconte un élu de la mairie à une journaliste de Reporterre55.

Modèle conceptuel de la zonation géochimique sous une décharge et du transfert souterrain de pollution vers les eaux de surface.

Cet exemple réfute à lui seul l’argument du confinement de la pollution. La contamination des rivières, et du littoral, par des décharges anciennes56 ou récentes57 permet également de se rendre compte de la facilité avec laquelle le risque peut être sous-estimé. À Nonant-le-Pin (Orne), une entreprise de recyclage a réussi à implanter une décharge sur un territoire précédemment jugé à risque, en expliquant simplement qu’une couche d’argile allait protéger les eaux souterraines. Quelques temps après la mise activité, un expert mandaté par les riverains met en évidence une contamination évidente de la rivière à l’aval de la décharge par rapport à l’amont58.

Plusieurs raisons expliquent à mon sens que l’évaluation par le risque soit plébiscitée malgré ses écueils évidents. Tout d’abord, elle ouvre un marché gigantesque – le marché des industriels et des pouvoirs publics qui souhaitent « connaître le risque » – aux bureaux d’études qui vendent de la connaissance, les positionnant ainsi comme experts incontournables des questions de pollution. De plus, la possibilité de minimiser le risque par une simple opération arithmétique, voire rhétorique, est un outil puissant pour certains payeurs, plus soucieux de l’obtention d’un permis bon marché et de la paix sociale que des impacts réels de la pollution, car ne vivant pas eux-mêmes sur les sites concernés.

Finissons par une visite dans les bureaux d’études qui vendent de la technologie de dépollution59.

Effet placebo et cynisme assumé

Les marchands de technologie de dépollution sont parfaitement conscients du problème de diffusion dans la matrice qui rend l’essentiel de leurs technologies impuissantes. Pour preuve, ils écrivent eux-mêmes des articles de modélisation montrant à quel point la diffusion dans la matrice rend le pompage et le traitement in situ obsolètes60. Ils réalisent également des vidéos de vulgarisation pour démontrer et expliquer le problème en détail61.

Scène 10. Retour aux États-Unis. Colloque n°3, 2023. Durant sa présentation, Chuck emploie l’expression the horse has already left the barn62 (Figure 5) pour parler de la pollution diffusée dans la matrice, autrement dit « le mal est fait et on n’y peut plus grand-chose ». Je lui demande : « si la diffusion dans la matrice empêche la dépollution, pourquoi est-ce que ça ne porte pas un coup d’arrêt au marché de la dépollution ? ». Sa réponse : « La loi stipule que l’on doit dépolluer. La nature nous dit que ce n’est pas possible. Mais vous savez… les gens aiment l’effet placebo63. »

Figure 5. Métaphore de l’oiseau qui a quitté la cage (en anglais : du cheval qui a quitté la grange) pour présenter le problème de diffusion dans la matrice qui empêche de pomper la source de pollution souterraine et maintient durablement la pollution, dépollution ou pas. Autrement dit, pas la peine d’essayer de rattraper l’oiseau. Le graphique, présenté au colloque, est tiré de la publication Kulkarni et al. (2022), précédemment citée64.


Des enquêtes poussées sur certaines affaires de pollution montrent que le cynisme du business-dépollution va bien plus loin.

Exemple en France : en Mayenne, une société de conseil en environnement a sciemment organisé la manipulation de mesures de particules toxiques de PCB (polychlorobiphényle) dans l’usine de l’entreprise Approchim « spécialiste de la décontamination et du recyclage ». En témoigne cet extrait d’un message électronique, divulgué par France 365 : « Je te propose d’informer la DRIRE [nda : Direction Régionale de l’Industrie, de la Recherche et de l’Environnement] de ces résultats en mettant en doute les valeurs obtenues sur les PCB et proposer à la DRIRE de réaliser une mesure de confirmation. Il faudra nettoyer les émissaires au préalable et faire la mesure le lundi matin par pur hasard !!! […] Il faudra dédramatiser en effectuant un calcul de dispersion afin de déterminer les concentrations au droit des habitations les plus proches. » Il est intéressant de noter que cet expert, dont le nom est divulgué dans le reportage, avait au préalable travaillé dans une DREAL.

Le constat est clair : les technologies de dépollution du milieu souterrain sont globalement impuissantes, elles coûtent cher à mettre en place et elles provoquent des effets secondaires indésirables.

L’impasse de la dépollution

Le contraste entre, d’un côté, l’enthousiasme que l’on peut ressentir en travaillant sur les questions de pollution-dépollution – des questions à la fois passionnantes scientifiquement et utiles socialement – et d’un autre côté, la désillusion face aux contradictions, à l’incompétence et au cynisme de ce milieu, est un classique des trajectoires de nombreux ingénieurs66. Cette trajectoire me semble inéluctable quand on perçoit les problèmes de société comme des opportunités – opportunités de faire du profit, de briller ou simplement de se poser comme utile socialement. L’urgence tient davantage à se poser comme indispensable, à se positionner sur le marché, qu’à œuvrer à une résolution pleine et entière.

Le constat actuel est clair : les technologies de dépollution du milieu souterrain sont globalement impuissantes, elles coûtent cher à mettre en place et elles provoquent des effets secondaires indésirables. Les seuils environnementaux, fixés alors que la pollution est déjà répandue dans les sols, ont le mérite de faire apparaître le problème mais ils ne permettent pas de le résoudre. L’évaluation par le risque, quant à elle, ouvre de nouveaux marchés mais elle ne dépollue pas plus – elle sert essentiellement à trouver des raisons de ne pas agir.

Face à cette impasse, pourquoi ne pas, dès lors, empêcher tout simplement la pollution ?

Site contaminé de Kærgård sur la côte ouest du Danemark. Photo prise en 2019. Vue des dunes à sur l’ancienne fosse à déchets pharmaceutiques où a eu lieu l’opération de traitement in-situ. Photo prise en 2019 (Léa Lévy).

Scène 11. États-Unis, colloque n°3, 2023.  Je pose cette question « naïve » à une représentante du Department of Energy américain. « Face à toutes les incertitudes sur la toxicité et la migration des polluants, mieux vaut être prudent. », avait-elle souligné dans une de ses interventions, semblant ainsi soutenir l’instauration de seuils stricts sur les PFAS aux Etats-Unis. Elle me répond d’un ton détaché : « On pourrait interdire la production des PFAS, mais certaines applications des PFAS touchent à la sécurité nationale. Et si on mettait en place une exception seulement pour les usages militaires, le marché deviendrait insuffisant pour maintenir une chaîne de production adéquate67. »

En d’autres termes, on laisse la pollution proliférer, pour l’industrie de défense, pour la compétitivité, pour le pouvoir géopolitique. Cela résonne étonnamment fort avec les pratiques en vigueur sous le règne de Napoléon Bonaparte, telles que décrites par François Jarrige et Thomas Le Roux : « lorsque Napoléon Bonaparte arrive au pouvoir en 1799, […] la grandeur et la puissance de la nation imposent de lever les obstacles qui freinent l’essor économique porté notamment par l’industrie chimique68. »

Bien que glaçante, cette réponse a le mérite de poser le vrai problème69. En tant que barrières ultimes s’opposant à la perspective de vivre dans un milieu sain, les questions de défense et de compétitivité économique devraient être au centre du débat public. Or, ce sont précisément les questions sur lesquelles les citoyen·nes des démocraties occidentales n’ont aucune prise.

Face à cette impasse, pourquoi ne pas, dès lors, empêcher tout simplement la pollution ?

Je ne nie bien évidemment pas que la gestion des pollutions souterraines nécessite une certaine expertise. Mais face à l’incertitude qui pèse sur la compréhension du milieu souterrain par les experts, conjuguée à l’ampleur des enjeux, les décisions concernant les règlementations, les mesures à prendre et les financements à attribuer ne devraient pas incomber aux seuls experts. Ce sont des décisions éminemment politiques.

À l’inverse, l’évaluation par le risque, plébiscitée par les expert·es, aggrave la dépossession des victimes de la question des pollutions. Comment justifier cette approche anti-démocratique à propos d’un problème majeur, sur les deux continents où l’on se vante en permanence d’être dans le camp de la démocratie ? Eh bien, ma foi… c’est que les belles-mères et les autochtones qui s’inquiètent de la pollution sont irrationnels ; si ces belles-mères et ces autochtones veulent être accepté·es à la table des discussions, il leur faut au préalable accepter de vivre dans un territoire pollué. Et accepter qu’au fond, ce n’est pas si grave.

Il existe pourtant des exemples, localisés, où les populations sont impliquées dès le début (et non par une simple réunion d’information pour expliquer les décisions déjà prises) dans les discussions sur la gestion de pollutions héritées. Ces procédés existent, mais ils sont rares. Ils exigent en effet de s’ouvrir à l’idée d’impliquer les non-expert·es, qui sont aussi les premier·ères concerné·es, dans le débat démocratique. Une disposition qui fait manifestement défaut dans les milieux experts.

Site contaminé de Farum, dans la banlieue de Copenhague. Photos prises en 2019 et 2020 pendant l’imagerie géophysique des processus de dépollution par traitement in-situ (Léa Lévy).

Sigles et concepts techniques

🔄 👾 Adsorption = interaction de surface entre un composé solide (souvent un minéral ou de la matière organique) et une molécule (souvent ionique), qui lie de manière plus ou moins forte la molécule à la surface.

🚱 🩴 BTEX = Benzène-Toluène-Ethylbenzène-Xylène, des hydrocarbures aromatiques issus notamment de la fabrication de plastique, qui comptent parmi les principaux polluants souterrains aujourd’hui. Ils sont à la fois cancérigènes et assez solubles dans l’eau, ce dernier point les différenciant de la plupart des autres hydrocarbures.

🤢 Diffusion = migration d’éléments chimiques non pas par le mouvement de l’eau elle-même, mais par une différence de concentration, allant généralement du milieu perméable (les fractures) vers la matrice peu perméable (la roche).

🤮 Rétrodiffusion = migration en sens inverse, suite au pompage ou au traitement chimique des polluants dans le milieu perméable (accessible par pompage ou injection), allant de la matrice polluée vers le milieu perméable qui vient d’être dépollué.

🍹 ☠️ Effet cocktail = terme utilisé pour définir la toxicité qui résulte de la combinaison de plusieurs polluants.

💫 🪃 Effet rebond = phénomène naturel de relargage de contaminants stockés dans la matrice après traitement.

🪨 Matrice = la roche, solide entourant les pores, les fractures et tous les chemins d’écoulement préférentiels de l’eau.

☔️ Matrice peu perméable = lorsque la matrice laisse peu passer l’eau, par exemple, lorsqu’elle est composée d’argile ou de granite.

💦 Perméabilité = capacité d’un matériau (géologique en l’occurrence) à laisser circuler l’eau rapidement. Une plus grande perméabilité implique une circulation plus rapide. Une couche imperméable empêche (en théorie) l’eau de s’infiltrer vers le bas.

🚱 🧺 PCE = perchloroéthylène (également appelé tétrachloroéthylène), dérivé chloré d’hydrocarbure, de la famille des solvants chlorés, utilisés notamment dans le nettoyage à sec et le dégraissage industriel. Certaines blanchisseries affichent fièrement sur leur devanture « nettoyage à sec sans perchloroéthylène ». Les solvants chlorés sont non-solubles dans l’eau au-delà d’une certaine concentration.

🚱🥤 PFAS = poly- and per-fluoroalkaline substances, qui sont des polluants dits « émergents » même si leur toxicité est documentée depuis les années 1990. Ils sont présents dans une large gamme de produits allant des extincteurs à feu, avions et chars militaires aux revêtements gore-tex et tefal, gobelets-en-carton-qui-remplacent-magiquement-le-plastique-mais-on-se-demande-bien-comment-le-carton-résiste-à-l’eau-et-à-la-chaleur et autres boîtes à popcorn. Pour plus de détails, voir les articles du Monde, de Terrestres et l’excellent film Dark Waters.

🚱 🤔 PFOS, PFOA, PFNA = différentes molécules de la famille des PFAS. Le O indique huit (-octa) carbones dans la chaîne contre neuf (-nona) pour le N, et le S indique un groupe acide sulfonique en fin de chaîne alors que le A indique un groupe acide carboxylique.

🪠🛁 Pump & treat = méthode de remédiation qui consiste à pomper l’eau souterraine contaminée pour la traiter dans une usine.


Image de couverture: Evgenii Pliusnin sur Unsplash.

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Notes

  1. Parmi ceux que j’ai pu rencontrer au cours de mes travaux, il y a par exemple le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) pour la France ; au Danemark, les représentants des cinq régions sont très présents ; aux États-Unis le Department of Energy – Office of Environmental Management est impliqué dans certaines contaminations relevant de la filière énergétique ; au Royaume-Uni, le groupe Sellafield Ltd appartenant à l’autorité nucléaire de démantèlement s’occupe de la dépollution de sites relevant de la filière nucléaire ; etc. Cette liste, très partielle, est donnée à titre indicatif et ne préjuge pas à priori des discours rapportés dans le reste de l’article, sauf indication contraire.[]
  2. Cet épisode est notamment construit autour de scènes de dialogues entendues lors de trois conférences qui ont eu lieu en Europe et aux États-Unis, entre 2022 et 2023. Bien que j’aie tenu à anonymiser les experts ainsi que les colloques, les propos sont ceux de personnes réelles, rapportés le plus fidèlement possible. Je précise au passage que je ne remets en question ni la qualité scientifique de ces conférences, ni l’intégrité intellectuelle de tous les participants.[]
  3. Intergovernmental Panel on Biodiversity and Ecosystem Services. L’équivalent du GIEC pour la biodiversité.[]
  4. Sigmund, G.;  Ågerstrand, M.;  Antonelli, A.;  Backhaus, T.;  Brodin, T.;  Diamond, M. L.;  Erdelen, W. R.;  Evers, D. C.;  Hofmann, T.; Hueffer, T., Addressing chemical pollution in biodiversity research. Global Change Biology 2023, 29 (12), 3240-3255. / Jaureguiberry, P.;  Titeux, N.;  Wiemers, M.;  Bowler, D. E.;  Coscieme, L.;  Golden, A. S.;  Guerra, C. A.;  Jacob, U.;  Takahashi, Y.; Settele, J., The direct drivers of recent global anthropogenic biodiversity loss. Science advances 2022, 8 (45), eabm9982.[]
  5. Mitra, S.; Roy, P., BTEX: A serious ground-water contaminant. Research Journal of Environmental Sciences 2011, 5 (5), 394.[]
  6. Lesueur-Jannoyer, M.;  Cattan, P.;  Monti, D.;  Saison, C.;  Voltz, M.;  Woignier, T.; Cabidoche, Y.-M., Chlordécone aux Antilles: évolution des systèmes de culture et leur incidence sur la dispersion de la pollution. Agronomie, Environnement & Sociétés 2012, 2 (1), 45-58. / Turusov, V.;  Rakitsky, V.; Tomatis, L., Dichlorodiphenyltrichloroethane (DDT): ubiquity, persistence, and risks. Environmental health perspectives 2002, 110 (2), 125-128.[]
  7. Vogel, T. M.;  Criddle, C. S.; McCarty, P. L., ES&T critical reviews: transformations of halogenated aliphatic compounds. Environmental science & technology 1987, 21 (8), 722-736.[]
  8. Darlington, R.;  Barth, E.; McKernan, J., The challenges of PFAS remediation. The Military Engineer 2018, 110 (712), 58.[]
  9. Boyd, R. S., Heavy Metal Pollutants and Chemical Ecology: Exploring New Frontiers. Journal of Chemical Ecology 2010, 36 (1), 46-58 / Borch, T.;  Kretzschmar, R.;  Kappler, A.;  Cappellen, P. V.;  Ginder-Vogel, M.;  Voegelin, A.; Campbell, K., Biogeochemical redox processes and their impact on contaminant dynamics. Environmental science & technology 2010, 44 (1), 15-23 / Morse, J. W.; Luther Iii, G. W., Chemical influences on trace metal-sulfide interactions in anoxic sediments. Geochimica et Cosmochimica Acta 1999, 63 (19-20), 3373-3378.[]
  10. Smedley, P. L.; Kinniburgh, D. G., A review of the source, behaviour and distribution of arsenic in natural waters. Applied geochemistry 2002, 17 (5), 517-568. / Casiot, C.;  Lebrun, S.;  Morin, G.;  Bruneel, O.;  Personné, J. C.; Elbaz-Poulichet, F., Sorption and redox processes controlling arsenic fate and transport in a stream impacted by acid mine drainage. Science of The Total Environment 2005, 347 (1), 122-130.[]
  11. Riley, R. G., Chemical contaminants on DOE lands and selection of contaminant mixtures for subsurface science research. US Department of Energy, Office of Energy Research, Subsurface Science Program: 1992.[][]
  12. Antoni, V., BASOL: un panorama des sites et sols pollués, ou potentiellement pollués, nécessitant une action des pouvoirs publics. Études & documents-Commissariat Général au développement durable-Observations et statistiques 2013, 97.[]
  13. Dagorn, G.;  Aubert, R.;  Horel, S.;  Martinon, L.; Steffen, T., « Polluants éternels » : explorez la carte d’Europe de la contamination par les PFAS. Le Monde 2023[]
  14. Newell, C. J.;  Adamson, D. T.;  Kulkarni, P. R.;  Nzeribe, B. N.; Stroo, H., Comparing PFAS to other groundwater contaminants: Implications for remediation. Remediation Journal 2020, 30 (3), 7-26.[][]
  15. Jayaraj, R.;  Megha, P.; Sreedev, P., Organochlorine pesticides, their toxic effects on living organisms and their fate in the environment. Interdisciplinary toxicology 2016, 9 (3-4), 90. / Lucassen, E.;  Smolders, A. J. P.;  van der Salm, A. L.; Roelofs, J. G. M., High groundwater nitrate concentrations inhibit eutrophication of sulphate-rich freshwater wetlands. Biogeochemistry 2004, 67 (2), 249-267. / Selosse, M. A., L’Origine du monde. Une histoire naturelle du sol à l’attention de ceux qui le piétinent, Actes Sud 2021. / Kass, A.;  Gavrieli, I.;  Yechieli, Y.;  Vengosh, A.; Starinsky, A., The impact of freshwater and wastewater irrigation on the chemistry of shallow groundwater: a case study from the Israeli Coastal Aquifer. Journal of Hydrology 2005, 300 (1-4), 314-331.[]
  16. Schwarzenbach, R. P.;  Gschwend, P. M.; Imboden, D. M., Environmental organic chemistry. John Wiley & Sons: 2016. / Pankow, J. F.; Cherry, J. A., Dense chlorinated solvents and other DNAPLs in groundwater: History, behavior, and remediation. Waterloo Press Portland, OR: 1996; Vol. 362.[]
  17. Dagorn, G.;  Aubert, R.;  Horel, S.;  Martinon, L.; Steffen, T., « Polluants éternels » : explorez la carte d’Europe de la contamination par les PFAS. Le Monde 2023.[]
  18. Smedley, P. L.; Kinniburgh, D. G., A review of the source, behaviour and distribution of arsenic in natural waters. Applied geochemistry 2002, 17 (5), 517-568.[]
  19. Boyd, R. S., Heavy Metal Pollutants and Chemical Ecology: Exploring New Frontiers. Journal of Chemical Ecology 2010, 36 (1), 46-58. / Borch, T.;  Kretzschmar, R.;  Kappler, A.;  Cappellen, P. V.;  Ginder-Vogel, M.;  Voegelin, A.; Campbell, K., Biogeochemical redox processes and their impact on contaminant dynamics. Environmental science & technology 2010, 44 (1), 15-23.[]
  20. Cette liste de contaminants et d’activités polluantes n’est bien sûr pas exhaustive mais elle reflète une bonne partie des sujets sur lesquels sont missionnés les acteurs du business-dépollution.[]
  21. Antoni, V., BASOL: un panorama des sites et sols pollués, ou potentiellement pollués, nécessitant une action des pouvoirs publics. Études & documents-Commissariat Général au développement durable-Observations et statistiques 2013, 97.[]
  22. L’épandage de pesticides et d’engrais est considéré comme une source diffuse de pollution, plutôt qu’une source ponctuelle comme dans les exemples cités. Les fluides contaminés seront donc moins concentrés et plus éparses.[]
  23. Bjerg, P. L.;  Ruegge, K.;  Pedersen, J. K.; Christensen, T. H., Distribution of redox-sensitive groundwater quality parameters downgradient of a landfill (Grindsted, Denmark). Environmental Science & Technology 1995, 29 (5), 1387-1394. / Huang, J.;  Nkrumah, P. N.;  Anim, D. O.; Mensah, E., E-waste disposal effects on the aquatic environment: Accra, Ghana. Reviews of environmental contamination and toxicology 2014, 19-34. / Cousin, C.;  Michel, P.; Monfort, D. Guide méthodologique de gestion des anciennes décharges situées sur ou à proximité du littoral. Rapport final V1.; BRGM: 2022.[]
  24. Søndergaard, G. L.;  Binning, P. J.;  Bondgaard, M.; Bjerg, P. L., Multi-criteria assessment tool for sustainability appraisal of remediation alternatives for a contaminated site. Journal of Soils and Sediments 2018, 18 (11), 3334-3348.[][]
  25. Certains hydrocarbures, appartenant à la famille des light non-aqueous phase liquids, sont moins denses que l’eau et ont donc tendance à rester proche de la surface en formant une phase huileuse qui ne se mélange pas à l’eau ; ils sont par conséquent plus simples à traiter. Cependant, une partie de ces contaminants passe malgré tout dans la phase aqueuse et est donc entraînée par l’écoulement souterrain de l’eau.[]
  26. Office of Environmental Management Moab By the Numbers. https://www.energy.gov/em/moab-numbers. / Department of Eneergy – Office of Environmental Management Overview of the MOAB UMTRA Project https://www.energy.gov/em/moab/overview-moab-umtra-project.[]
  27. Selon un agent du Department of Energy américain qui présentait ce cas d’étude à un colloque aux Etats-Unis, en dépit de l’absence de couche imperméable sur le nouveau site, le déplacement réduit (i) le risque de contaminer certaines ressources aux alentours du site originel (la rivière du Colorado et son « habitat critique »), considérées importantes par un groupe autochtone dont la voix a réussi à porter politiquement et (ii) le risque que des résidus contaminés soient transportés vers la Californie, en aval du bassin versant, avec les eaux de ruissellement. Les nouveaux risques que cela va poser ne semblent pas les inquiéter.[]
  28. Kulkarni, P. R.;  Adamson, D. T.;  Popovic, J.; Newell, C. J., Modeling a well-characterized perfluorooctane sulfonate (PFOS) source and plume using the REMChlor-MD model to account for matrix diffusion. Journal of Contaminant Hydrology 2022, 247, 103986. / Carroll, K. C.;  Brusseau, M. L.;  Tick, G. R.; Soltanian, M. R., Rethinking pump-and-treat remediation as maximizing contaminated groundwater. Elsevier: 2024; p 170600.[]
  29. Kulkarni, P. R.;  Adamson, D. T.;  Popovic, J.; Newell, C. J., Modeling a well-characterized perfluorooctane sulfonate (PFOS) source and plume using the REMChlor-MD model to account for matrix diffusion. Journal of Contaminant Hydrology 2022, 247, 103986. / Carroll, K. C.; Brusseau, M. L.; Tick, G. R.; Soltanian, M. R., Rethinking pump-and-treat remediation as maximizing contaminated groundwater. Elsevier: 2024; p 170600. / Farhat, S. K.; Newell, C. J.; Lee, S. A.; Looney, B. B.; Falta, R. W., Impact of matrix diffusion on the migration of groundwater plumes for Perfluoroalkyl acids (PFAAs) and other non-degradable compounds. Journal of Contaminant Hydrology 2022, 247, 103987.[]
  30. En fonction de la géologie et de la profondeur visée, il peut être décidé soit de creuser des tranchées soit d’injecter le produit par des puits.[]
  31. Phenrat, T.;  Saleh, N.;  Sirk, K.;  Tilton, R. D.; Lowry, G. V., Aggregation and sedimentation of aqueous nanoscale zerovalent iron dispersions. Environmental Science & Technology 2007, 41 (1), 284-290. / Grieger, K. D.;  Fjordbøge, A.;  Hartmann, N. B.;  Eriksson, E.;  Bjerg, P. L.; Baun, A., Environmental benefits and risks of zero-valent iron nanoparticles (nZVI) for in situ remediation: risk mitigation or trade-off? Journal of Contaminant Hydrology 2010, 118 (3-4), 165-183. / Shi, Z.; Fan, D.; Johnson, R. L.; Tratnyek, P. G.; Nurmi, J. T.; Wu, Y.; Williams, K. H., Methods for characterizing the fate and effects of nano zerovalent iron during groundwater remediation. Journal of Contaminant Hydrology 2015, 181, 17-35.[]
  32. Søndergaard, G. L.;  Binning, P. J.;  Bondgaard, M.; Bjerg, P. L., Multi-criteria assessment tool for sustainability appraisal of remediation alternatives for a contaminated site. Journal of Soils and Sediments 2018, 18 (11), 3334-3348. / Lévy, L.;  Thalund-Hansen, R.;  Bording, T.;  Fiandaca, G.;  Christiansen, A. V.;  Rügge, K.;  Tuxen, N.;  Hag, M.; Bjerg, P. L., Quantifying Reagent Spreading by Cross-Borehole Electrical Tomography to Assess Performance of Groundwater Remediation. Water Resources Research 2022, 58 (9), e2022WR032218. : Lévy, L.;  Bording, T. S.;  Fiandaca, G.;  Christiansen, A. V.;  Madsen, L. M.;  Bennedsen, L. F.;  Jørgensen, T. H.;  MacKinnon, L.; Christensen, J. F., Managing the remediation strategy of contaminated megasites using field-scale calibration of geo-electrical imaging with chemical monitoring. Science of The Total Environment 2024, 171013.[]
  33. Gong, Y.;  Tang, J.; Zhao, D., Application of iron sulfide particles for groundwater and soil remediation: A review. Water research 2016, 89, 309-320.[]
  34. Weber, F.-A.;  Voegelin, A.;  Kaegi, R.; Kretzschmar, R., Contaminant mobilization by metallic copper and metal sulphide colloids in flooded soil. Nature Geoscience 2009, 2 (4), 267-271.[]
  35. Robinson, C.;  White-Pettigrew, M.;  Shaw, S.;  Morris, K.;  Graham, J.; Lloyd, J. R., Bioremediation Options for Nuclear Sites a Review of an Emerging Technology. 방사성폐기물학회지 2022, 20 (3), 307-319. / Robinson, C.;  Shaw, S.;  Lloyd, J. R.;  Graham, J.; Morris, K., Phosphate (Bio) mineralization Remediation of 90Sr-Contaminated Groundwaters. ACS Es&t Water 2023, 3 (10), 3223-3234.[]
  36. He, Y.;  Su, C.;  Wilson, J.;  Wilkin, R.;  Adair, C.;  Lee, T.;  Bradley, P.; Ferrey, M. Identification and characterization methods for reactive minerals responsible for natural attenuation of chlorinated organic compounds in ground water; Unites States Environmental Protection Agency: https://www.enviro.wiki/images/8/8d/He-2009-Identification_and_characterization_methods_for_reactive_minerals_.pdf, 2009.[]
  37. Travis McGuire; David Adamson;  Charles Newell; Poonam Kulkarni; GSI Environmental Inc Development of an Expanded, High-Reliability Cost and Performance Database for In-Situ Remediation Technologies; Environmental Security Technology Certification Program (ESTCP): https://serdp-estcp.mil/projects/details/0a45ff73-281c-483f-80ab-416b124a958b/er-201120-project-overview, 2016. Même si on peut lire qu’une réduction médiane de 75% des concentrations a été observée par atténuation naturelle sur les sites étudiés, il faut garder à l’esprit que les concentrations initiales sont généralement supérieures aux seuils de plusieurs ordres de grandeur. Donc une réduction de 75% permet de descendre d’un ou deux ordres de grandeur mais maintient malgré tout des concentrations nettement supérieures aux seuils.[]
  38. « There is mostly limited, or in some cases no evidence, that human exposure to per- and poly-fluoroalkyl substances (PFAS) is linked with human disease. Importantly, the panel concluded there is ‘no current evidence that suggests an increase in overall cancer risk‘ ». Voir : https://www.health.gov.au/resources/publications/expert-health-panel-for-pfas-report?language=en[]
  39. En anglais au colloque : « that means a lot of business opportunities for expert toxicologists. »[]
  40. Haynes, T., Dark Waters. Focus Features, United States, 2019.[]
  41. Kulkarni, P. R.;  Adamson, D. T.;  Popovic, J.; Newell, C. J., Modeling a well-characterized perfluorooctane sulfonate (PFOS) source and plume using the REMChlor-MD model to account for matrix diffusion. Journal of Contaminant Hydrology 2022, 247, 103986. / Carroll, K. C.;  Brusseau, M. L.;  Tick, G. R.; Soltanian, M. R., Rethinking pump-and-treat remediation as maximizing contaminated groundwater. Elsevier: 2024; p 170600. / Farhat, S. K.;  Newell, C. J.;  Lee, S. A.;  Looney, B. B.; Falta, R. W., Impact of matrix diffusion on the migration of groundwater plumes for Perfluoroalkyl acids (PFAAs) and other non-degradable compounds. Journal of Contaminant Hydrology 2022, 247, 103987.[]
  42. Il faut bien se rendre compte qu’on parle ici de plusieurs ordres de grandeurs de différence entre la concentration résiduelle en PFAS post-dépollution et les seuils même les plus souples, voir exemple présenté sur la Figure 5.[]
  43. En anglais : « Because of local community engagement, we had to clean-up, 2 billion dollars and it didn’t change much, people have to understand that it is not always a good idea to clean-up. »[]
  44. En anglais : « Oh no this is impossible, you don’t want to involve my mother-in-law in this debate, she does not understand anything to chemistry but she has an opinion anyway ».[]
  45. En anglais : « The PFAS situation is getting out of control, even my mother-in-law is worried, people are becoming irrational, my mother-in-law shouldn’t worry about it ».[]
  46. En anglais : « There is a study showing that people get ill because of the anxiety created by the information that the measured value has exceeded the thresholds, so we have to be aware that we make people ill ».[]
  47. Cousin, C.;  Michel, P.; Monfort, D. Guide méthodologique de gestion des anciennes décharges situées sur ou à proximité du littoral. Rapport final V1.; BRGM: 2022.[]
  48. Beck, U.; Lafontaine, O., Politik in der risikogesellschaft: essays und analysen. Suhrkamp: 1991.[]
  49. Ce qui s’explique par leur dépendance à la différence de pression entre l’air de la pièce et le sol sous le bâtiment, et donc leur dépendance à l’heure de la journée, à la météo et à l’activité dans la pièce.[]
  50. Après quoi, l’orateur évoque la mise sur le marché, par son entreprise, d’un nouvel appareil de mesures continues des concentrations en PCE dans l’air. Si j’habitais dans cette maison, j’aurais bien envie d’acheter cet appareil – l’argument commercial est percutant. En démontrant l’obsolescence des approches existantes pour développer de nouveaux marchés, ces consultants et industriels apportent un nombre incalculable de preuves au fait que l’incertitude de l’exposition estimée (et donc du risque estimé) est abyssale.[]
  51. Voir plus sur la méthodologie nationale : https://ssp-infoterre.brgm.fr/fr/methodologie/methodologie-nationale-gestion-ssp[]
  52. En voici deux : (i) l’opération de recensement des écoles bâties sur des sites contaminés, même si les moyens déployés pour la diagnostic et pour la gestion semblent clairement insuffisants, voir l’article de Marie Astier dans Reporterre du 22 octobre 2021, « Des centaines d’écoles bâties sur des sites contaminés » ; (ii) l’étude sur la contamination aux PFAS des œufs de poulailler de particuliers en île de France, voir par exemple : https://www.iledefrance.ars.sante.fr/polluants-organiques-persistants-lars-ile-de-france-maintient-et-precise-sa-recommandation-de-ne[]
  53. Encore une exception : le site de Metaleurop Nord, où les coûts très élevés de dépollution ont été pris en charge par l’Etat.[]
  54. Voir par exemple cet épisode de l’émission de France Inter La Terre au Carré (2022) : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-terre-au-carre/la-terre-au-carre-du-jeudi-15-decembre-2022-6212176[]
  55. Astier, M., « Des centaines d’écoles bâties sur des sites contaminés », Reporterre 22 octobre, 2021.[]
  56. Cousin, C.;  Michel, P.; Monfort, D. Guide méthodologique de gestion des anciennes décharges situées sur ou à proximité du littoral. Rapport final V1.; BRGM: 2022 ; Gadd, S., Research reveals massive pollution problems at Grindsted site CPH post 26 Janvier, 2018.[]
  57. Girard, S.; Duplessy, J. Déchets, scandales et gros profits (reportage vidéo France 3). https://www.youtube.com/watch?v=bs8twzduwes.[]
  58. Idem.[]
  59. À noter que certaines entreprises vendent à la fois les analyses de risque et les technologies de dépollution.[]
  60. Kulkarni, P. R.;  Adamson, D. T.;  Popovic, J.; Newell, C. J., Modeling a well-characterized perfluorooctane sulfonate (PFOS) source and plume using the REMChlor-MD model to account for matrix diffusion. Journal of Contaminant Hydrology 2022, 247, 103986 ; Farhat, S. K.;  Newell, C. J.;  Lee, S. A.;  Looney, B. B.; Falta, R. W., Impact of matrix diffusion on the migration of groundwater plumes for Perfluoroalkyl acids (PFAAs) and other non-degradable compounds. Journal of Contaminant Hydrology 2022, 247, 103987.[]
  61. Voir par exemple : https://regenesis.com/eur/back-diffusion-animation-explanation/?utm_source=social&utm_medium=social et https://www.youtube.com/watch?v=iLwsIjkVybU[]
  62. En français on pourrait dire « Ce n’est plus la peine de fermer la cage une fois que l’oiseau s’est envolé. »[]
  63. En anglais : « The law says you have to clean-up. Nature says you can’t. But you know… people like placebo effect. »[]
  64. Kulkarni, P. R.;  Adamson, D. T.;  Popovic, J.; Newell, C. J., Modeling a well-characterized perfluorooctane sulfonate (PFOS) source and plume using the REMChlor-MD model to account for matrix diffusion. Journal of Contaminant Hydrology 2022, 247, 103986.[]
  65. Girard, S.; Duplessy, J., « Déchets, scandales et gros profits » (reportage vidéo France 3). https://www.youtube.com/watch?v=bs8twzduwes[]
  66. Lefebvre, O., Lettre aux ingénieurs qui doutent. L’échappée: 2023.[]
  67. En anglais : « We could put a ban on PFAS production, but some uses of PFAS are for national security. And if we made an exception for it, the market would be insufficient to maintain a decent supply chain. »[]
  68. Jarrige, F. ; Le Roux, T., La Contamination du monde. Une histoire des pollutions à l’âge industriel. Le Seuil : Paris, 2017 ; p 480.[]
  69. Au contraire des réponses classiques d’experts de la dépollution, par ailleurs foncièrement incompétents sur les questions de société, de type : « les gens ne sont pas prêts à abandonner leurs chaussures en gore-tex ».[]