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Introduction et traduction de Simon Verdier et d’Anton Ortolan du texte initialement paru sous le titre The SHAC Model, A Critical Assessment, numéro 6, été 2008, revue Rolling Thunder.

L’article ci-dessous est une version abrégée de la version initiale. Le texte intégral est disponible en livret à imprimer ici.


La méthode SHAC est une stratégie dont l’objectif initial était de pousser une entreprise à la faillite en provoquant un dilemme chez ses partenaires commerciaux : maintenir une relation avec elle au risque de perdre d’autres contrats. Plus tard, son usage sera étendu au fait de stopper des projets d’aménagement. Il a été élaboré au cours de la seconde moitié des années 1990 et son application la plus connue est la campagne dont il tire son nom : Stop Huntingdon Animal Cruelty (SHAC) menée contre un laboratoire d’expérimentation animale : Huntingdon Life Sciences (HLS). Cette campagne d’ampleur internationale impliqua, tout au long de son existence, plusieurs milliers de personnes dans des dizaines de pays qui ont réussi à faire renoncer 286 entreprises à leurs contrats avec ce laboratoire. Parmi elles, des institutions et des banques de premier plan comme HSBC ou Bank of America. « Avec des entreprises abandonnant HLS chaque semaine, nous avions le sentiment d’être en train de gagner. » Ce sentiment, c’est celui de toute une époque pour un mouvement écologiste britannique alors en pleine effervescence.

La campagne internationale SHAC impliqua plusieurs milliers de personnes dans des dizaines de pays et a réussi à faire renoncer 286 entreprises à leurs contrats avec ce laboratoire.

Preuve du niveau de panique qui saisit alors le monde financier, au moment où la campagne était à son zénith, le Financial Times écrit en avril 2003 : « Un petit groupe de personnes a réussi là où Karl Marx, les Brigades rouges et la bande de Baader-Meinhof ont échoué. » Certes, vingt ans plus tard, le commentaire journalistique a mal vieilli, d’autant que le laboratoire HLS existe toujours malgré les nombreuses pressions auquel il a du faire face… A partir de 2004, des arrestations puis le procès des SHAC fragilisent la dynamique d’actions. L’année suivante, des lois répressives viennent à la rescousse des acteurs économique et protègent les entreprises qui utilisent des animaux.

Si la campagne SHAC a elle-même été bâtie sur une succession de campagnes animalistes victorieuses, les années 90 auront également vu l’échec du projet de réseau autoroutier du gouvernement britannique qui dut abandonner 500 chantiers de route sur les 600 initialement prévus. Pourtant, malgré ces victoires, cette période et ses résistances sont aujourd’hui absentes de nos imaginaires collectifs : à la fois trop vieilles pour être dans les mémoires d’une bonne partie des militant·es actuel·les et trop récentes pour être correctement documentées en langue française1.


Sur Terrestres, lire Earth First, « Une décennie de ZAD en Angleterre », juin 2020.

Pour autant, nombre de campagnes se sont depuis inspirées de cette méthode. Quelques cas états-uniens sont mentionnés dans le texte, mais il a également eu ses répliques et ses adaptations en France. La campagne « Adopte un sous-traitant » au sein de la lutte contre la construction de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes est lancée en 2014. Elle prend pour cible les bureaux d’études en environnement chargés d’évaluer les compensations écologiques nécessaires à la réalisation du projet. L’un d’entre eux, Aquabio, abandonnera au bout de quelques mois. En 2018, c’est au tour de l’opposition à la construction du site d’enfouissement de déchets radioactifs à Bure de lancer sa campagne « Les monstres de Cigéo ». Sa cible, le bureau d’études Ingérop – maître d’œuvre du projet, sera rapidement victime d’un vol de données sur ses serveurs, néanmoins la campagne peinera à décoller. Il reste à dresser les bilans de ces deux expériences françaises. Aujourd’hui, c’est de l’autre côté de l’Atlantique que cette méthode est éprouvée : dans le cadre de la lutte pour la défense de la forêt Weelaunee à Atlanta contre la construction de « Cop City », un immense centre d’entraînement pour policiers. Sa campagne « Stop Reeves-Young » aura eu raison de sa cible seulement neuf jours après l’annonce de son lancement. Et ce probablement en raison des attaques que l’entreprise et l’un de ses sous-traitants ont subies pendant plusieurs mois. Forte de cette première victoire, la campagne s’oriente maintenant vers le maître d’œuvre du projet.


Cette réappropriation par des mouvements de résistance à des projets d’aménagement territoriaux, d’une méthode initialement forgée dans le but de faire fermer définitivement des entreprises n’est pas anodine. Si, comme des observateurs l’ont fait remarquer, le marché n’étant que compétition, il y aura probablement toujours une entreprise pour prendre les parts de marché de celle qui est ciblée. L’opération serait alors à somme nulle. Il en est tout autre lorsque l’objectif est de ralentir un projet d’aménagement, le temps que des décisions juridiques ou politiques viennent y mettre un terme. La méthode SHAC n’est alors plus considérée comme une fin en soi, mais comme un moyen pour poursuivre d’autres objectifs. Une autre différence majeure caractérise cette réappropriation. La campagne SHAC n’avait « pas l’impression d’avoir besoin d’une couverture de presse positive » puisque son « objectif était de terrifier les entreprises pour qu’elles cessent de faire des affaires avec HLS, et non de gagner des converti·es au mouvement de défense des animaux ». D’une part, cette posture n’a pas aidé à populariser sa cause au sein de l’opinion publique. Le gouvernement britannique n’eut alors pas de scrupules pour intervenir et ressusciter HLS quand celle-ci était au bord du gouffre. D’autre part, SHAC était difficilement défendable par toute organisation qui aurait souhaité lui apporter publiquement son soutien. Elle était, de fait, facilement isolable et donc plus vulnérable aux représailles gouvernementales. Les campagnes mentionnées précédemment, elles, ont toutes été adossées à des mouvements sociaux qui, pour certains, englobent une fraction importante du spectre politique2. Cela les a rendus plus robustes face à la répression. Pour le dire avec l’auteur·e : « une fois que le gouvernement est impliqué dans un conflit, il faut plus qu’un réseau resserré de militant·es pour gagner. Il faut tout un mouvement social à grande échelle ».


La traduction de cet examen critique intervient donc avec un double objectif. Participer à mettre en lumière cet angle mort de l’histoire des luttes afin que ces événements soient une source d’inspiration pour les prochaines mobilisations. Et dans le même temps, avoir une discussion sur les avantages et les inconvénients de cette méthode pour mieux en évaluer les applications récentes et à venir. En espérant que ce témoignage permette de consolider les résistances et offensives en cours.

Ce n’est pas le chat qui a besoin de se faire examiner la tête.

« Nous étions conscients de l’existence des militants, mais je ne pense pas que nous comprenions exactement jusqu’où ils iraient. »

– Warren Stevens, à propos de l’abandon d’un prêt de 33 millions de dollars à Huntingdon Life Sciences (bien qu’il eût juré qu’il ne le ferait jamais), après des émeutes dans ses bureaux de Little Rock et des actes de vandalisme sur sa propriété.

« Le nombre de militants n’est pas énorme, mais leur impact a été incroyable… Il faut comprendre qu’il s’agit d’une menace pour toutes les industries. Ces tactiques pourraient être étendues à tous les autres secteurs de l’économie. »

– Brian Cass, directeur général de HLS

« Alors que tous les groupes de protection des animaux et la plupart des groupes de défense des droits des animaux insistent pour travailler dans le respect du cadre légal, les défenseur·es de la libération animale affirment que l’État est irrévocablement corrompu et que les approches juridiques seules ne permettront jamais d’obtenir justice pour les animaux. »

– Service de presse d’ALF

Au cours de la décennie 2000-2010, Stop Huntingdon Animal Cruelty (SHAC) a mené une campagne internationale d’action directe contre Huntingdon Life Sciences (HLS), la plus grande société d’expérimentation animale d’Europe. En ciblant les investisseurs et les partenaires commerciaux de HLS, SHAC a amené à plusieurs reprises HLS au bord de la faillite. Il a fallu l’aide directe du gouvernement britannique et une violente contre-offensive judiciaire internationale pour maintenir l’entreprise à flot. Plus récemment, il a été question d’appliquer la méthode de SHAC dans d’autres contextes, comme la défense de l’environnement et le mouvement anti-guerre. Mais qu’est-ce que la méthode SHAC, précisément ? Quelles sont ses forces et ses limites ? S’agit-il, en fait, d’une méthode efficace ? Et si oui, pour quoi faire ?

La diversité du mouvement des droits des animaux

Vu de l’extérieur, le milieu des droits des animaux peut être déroutant, même pour d’autres radicaux. D’une part, l’accent mis sur cette seule question peut contribuer à un état d’esprit insulaire, voire de myopie pure et simple. D’autre part, il existe d’innombrables militant·es de la libération animale qui considèrent leurs efforts comme faisant partie d’une lutte plus large contre toutes les formes d’oppression.

De nombreux groupes axés sur le bien-être et les droits des animaux ont déjà critiqué celles et ceux qui s’engagent dans des actions directes, en faisant valoir que de telles actions nuisent à l’image des défenseur·es des animaux et leur aliènent de potentiel·les sympathisant·es. Il est également possible d’interpréter cette critique comme étant motivée par l’incitation économique à construire une base de membres riches et la peur de s’attirer la répression du gouvernement. En plus de dénoncer l’action directe, en interdisant à leurs employé·es d’interagir avec celles et ceux qui l’approuvent ou en se retirant de conférences incluant des intervenant·es plus militant·es, des organisations comme la Humane Society of the United States (HSUS) sont allées jusqu’à féliciter le FBI pour sa répression contre les actions de libération des animaux. En 2008, la HSUS a ouvertement offert une récompense de 2500 dollars à toute personne fournissant des informations menant à la condamnation de personnes impliquées dans un incendie criminel que le FBI soupçonnait d’être l’œuvre de défenseur·es des droits des animaux.

Animaux ayant ou allant faire l’objet d’expérimentations, libérés par des activistes.

L’histoire de SHAC : les débuts en Grande-Bretagne

La campagne SHAC voit le jour en Grande-Bretagne, après avoir réussi à faire fermer successivement plusieurs élevages d’animaux de laboratoire en usant de diverses tactiques, allant de la tenue de piquets aux raids de l’ALF en passant par des affrontements avec la police. Des séquences vidéo tournées secrètement à l’intérieur de HLS en 1997 avaient été diffusées à la télévision britannique, montrant des employés secouant, frappant et criant sur des beagles dans un de ses laboratoires. L’organisation People for the Ethical Treatment of Animals (PETA) avait cessé d’organiser des protestations contre HLS après avoir été menacé de poursuites judiciaires. SHAC se forme alors pour reprendre la campagne en novembre 1999.

La campagne SHAC marque une intensification du militantisme pour les droits des animaux en Grande-Bretagne.

Huntingdon Life Sciences est une cible plus redoutable qu’un simple élevage d’animaux. La campagne SHAC marque une intensification du militantisme pour les droits des animaux en Grande-Bretagne. L’idée est de se concentrer spécifiquement sur les finances de l’entreprise, en utilisant les tactiques qui avaient permis que de petites entreprises mettent la clé sous la porte, mais cette fois-ci afin de fermer une multinationale. Les militant·es entreprennent d’isoler HLS en harcelant toute personne liée à une entreprise travaillant avec eux. Le rôle de SHAC en tant qu’organisation est simplement de diffuser des informations sur les cibles potentielles et de rendre compte des actions au fur et à mesure qu’elles se produisent.

En janvier 2000, des militant·es britanniques rendent publique une liste des principaux actionnaires de HLS, y compris ceux qui détiennent des actions par l’intermédiaire de tiers pour des raisons d’anonymat, comme le Parti travailliste britannique. Après deux semaines de manifestations intenses, de nombreux actionnaires vendent leurs parts. 32 millions d’actions sont placées à la Bourse de Londres pour un penny chacune et la valeur de HLS s’effondra. Dans le chaos qui suit, la Royal Bank of Scotland annule un prêt de 11,6 millions de livres sterling contre le paiement d’une seule livre afin de marquer ses distances avec la société. Le gouvernement britannique s’arrange alors pour que la Banque d’Angleterre, propriété de l’État, lui ouvre un compte, aucune autre banque ne voulant avoir affaire à elle. Le prix de l’action de la société, qui valait environ 300 £ dans les années 1990, tombe à 1,75 £ en janvier 2001, pour se stabiliser à 0,03 £ à la mi-2001.

En janvier 2000, des militant·es rendent publique une liste des actionnaires de HLS. Après deux semaines de manifestations intenses, de nombreux actionnaires vendent leurs parts : l’action qui valait environ 300 £ dans les années 1990, tombe à 1,75 £ en janvier 2001.

Le 21 décembre 2000, HLS est retirée de la Bourse de New York. Trois mois plus tard, elle perd sa place sur la plate-forme principale de la Bourse de Londres. HLS n’est sauvée de la faillite que lorsque son principal actionnaire restant, la banque d’investissement américaine Stephens, lui accorde un prêt de 15 millions de dollars. Ce chapitre de l’histoire se termine par le déménagement du centre financier de HLS aux États-Unis pour profiter des lois américaines permettant un plus grand anonymat aux actionnaires.

Aux États-Unis

Ayant atteint une ampleur et une efficacité inégalées, la campagne SHAC décolle rapidement aux États-Unis. Grâce en partie à un financement important3, la propagande est colorée et enthousiasmante, tout comme les vidéos promotionnelles qui juxtaposent des séquences déchirantes de cruauté envers les animaux et des images de manifestations inspirantes sur une bande-son techno. La campagne offre aux participants un large éventail d’options, telles que la désobéissance civile, la perturbation d’activités en faisant irruption dans des bureaux, la destruction de biens, les appels téléphoniques, les farces, la tenue de stands, et des manifestations à domicile4. Contrairement à l’époque des sommets altermondialistes, les cibles sont disponibles partout dans le pays, limitées seulement par les capacités d’imagination et de recherche des militant·es. Les objectifs intermédiaires consistant à forcer certains investisseurs et partenaires commerciaux à se désolidariser de HLS sont souvent facilement atteints, apportant une gratification immédiate pour les participant·es.

La campagne offre aux participants un large éventail d’options : désobéissance civile, perturbation d’activités en faisant irruption dans des bureaux, destruction de biens, appels téléphoniques, farces, tenue de stands et manifestations à domicile.

Maintenir l’élan

Les militant·es de la campagne SHAC différaient des participant·es de la plupart des autres mouvements sociaux, en ce qu’iels n’avaient pas l’impression d’avoir besoin d’une couverture de presse positive et ne considéraient pas non plus une couverture négative comme une mauvaise chose. Leur objectif était de terrifier les entreprises pour qu’elles cessent de faire des affaires avec HLS, et non de gagner des converti·es au mouvement de défense des animaux.

Manifestations à domicile en 2002.

Tout cela s’est retourné contre eux à la fin, lorsque les organisateur·ices les plus influent·es ont été jugé·es et qu’il était facile pour l’accusation de les présenter comme les représentant·es d’un mouvement clandestin ouvertement terroriste. À cet égard, les plus grands atouts de la campagne SHAC (la relation entre activités publiques et clandestines, leur réputation terrifiante) se sont révélés être également ses points faibles. La leçon à tirer semble être que cette approche peut être efficace à petite échelle, tant que les organisateur·ices ne provoquent pas de confrontation avec des forces beaucoup plus puissantes qu’eux.

Répression

Tous ces succès ont eu un prix. Plus les entreprises rompaient leurs relations avec HLS, plus la campagne attirait l’attention des forces de l’ordre et des think tanks de droite.

Les gouvernements américain et britannique ont intensifié la répression au fil des années, plaçant les militant·es sous surveillance, les assommant à coups de poursuites judiciaires, bloquant leurs efforts de collecte de fonds, intimidant des organisations comme PETA pour qu’elles n’interagissent pas avec elleux, adoptant de nouvelles lois contre les manifestations dans les quartiers résidentiels, et fermant leurs sites web. Cette situation a culminé aux États-Unis avec le procès des « SHAC 7 » : six organisateur·ices et l’organisation SHAC USA elle-même.

Iels ont été reconnu·es coupables le 2 mars 2006 et condamné·es à purger des peines de prison allant de un à six ans et à payer des sommes énormes à HLS.

Six organisateur·ices e ont été reconnu·es coupables en 2006 et condamné·es à des peines de prison allant de 1 à 6 ans et à payer des sommes énormes à HLS.

Le procès des SHAC 7 avait clairement pour but de créer un précédent en ciblant les organisateur·ices publics·ques de campagnes comprenant des activités clandestines. Les répercussions se sont fait ressentir jusqu’en Angleterre. En 2005, le gouvernement britannique a en effet adopté la Serious Organized Crime and Police Act (loi sur la lutte contre la grande criminalité organisée) visant spécifiquement à protéger les organisations qui utilisent des animaux dans des procédures scientifiques. Le 1er mai 2007, lors d’une série de raids impliquant 700 policiers en Angleterre, en Hollande et en Belgique, 32 personnes liées à SHAC ont été arrêtées, dont Heather Nicholson et Greg et Natasha Avery, qui comptent parmi ses fondateur·ices en Grande-Bretagne. En janvier 2009, sept d’entre elles ont été condamnées à des peines de prison allant de quatre à onze ans.

L’avenir de la campagne SHAC

Malgré tous ces revers, la campagne continue à ce jour, bien qu’elle doive faire face à de sérieux défis aux États-Unis. Certaines organisations régionales sont toujours actives, et des actions autonomes continuent d’avoir lieu, mais il n’y a pas d’organisation à l’échelle nationale, pas de bulletin d’information, pas de site web fiable pour publier les cibles et les rapports d’action.

Marche à San Francisco, 2002.

Par conséquent, il y a moins de ciblage stratégique, moins de sensibilisation et de mise en réseau, et un manque d’événements nationaux. Le bon côté des choses est qu’il est devenu plus difficile pour les entreprises de savoir qui poursuivre en justice ou contre qui demander des mesures – mais ce n’est qu’un maigre avantage.

L’un des atouts majeurs de la campagne SHAC était la combinaison d’approches publiques et clandestines.

Ce ralentissement de la campagne peut être attribué à la répression gouvernementale en général et au procès des SHAC 7 en particulier. La peur des répercussions judiciaires a augmenté en même temps que les organisateur·ices clés ont été mis·es hors d’état de nuire. Maintenant que les formes les plus publiques d’organisation sont davantage punies, il semble possible que la prochaine génération de militant·es de la libération animale se concentre d’autant plus sur les tactiques clandestines, ce qui n’est pas forcément une bonne nouvelle pour le mouvement, car l’un des atouts majeurs de la campagne SHAC était la combinaison d’approches publiques et clandestines.

Il est en fait assez surprenant que HLS existe toujours5. En 2003, les organisateur·ices de SHAC estimaient probablement qu’ils avaient déjà gagné à ce stade. Lorsque Stephens Inc. a cédé, ses prêts étaient tout ce qui permettait à HLS de fonctionner. Ce n’est que grâce à une nouvelle intervention du gouvernement britannique que HLS a pu négocier un refinancement et continuer. En fait, SHAC a gagné, mais on lui a volé sa victoire.

Les caractéristiques de la méthode SHAC

Lorsque les gens pensent à SHAC, iels imaginent des manifestations au domicile des employé·es et des investisseur·es. Certain·es anarchistes se réfèrent seulement à ça lorsqu’iels parlent de la « méthode SHAC ». Mais les manifestations à domicile ne sont qu’un détail de la formule qui a permis à SHAC d’infliger de tels dégâts à HLS. Pour comprendre ce qui a rendu la campagne efficace, nous devons examiner l’ensemble de ses principales caractéristiques.

– Ciblage secondaire et tertiaire6 : La campagne SHAC a entrepris de priver HLS de sa structure de soutien. Tout comme un organisme vivant dépend de tout un écosystème de ressources et de relations pour survivre, une entreprise ne peut fonctionner sans investisseurs et partenaires commerciaux. À cet égard, plus encore que de boycott, de destruction de propriété ou de campagne publicitaire, SHAC a confronté HLS sur ce qu’il y a de plus menaçant pour une entreprise. Starbucks pouvait facilement se permettre mille fois le coût des vitres brisées par le black bloc lors des manifestations contre l’OMC à Seattle, mais si personne ne voulait remplacer ces fenêtres – ou si les fenêtres avaient été brisées chez les investisseurs, de sorte que personne n’investirait dans la société – ce serait une autre histoire. Les organisateur·ices de SHAC se sont efforcés d’apprendre les rouages de l’économie capitaliste, afin de pouvoir frapper de la manière la plus stratégique possible.

Starbucks pouvait facilement se permettre mille fois le coût des vitres brisées par le black bloc lors des manifestations contre l’OMC à Seattle, mais si personne ne voulait remplacer ces fenêtres – ou si les fenêtres avaient été brisées chez les investisseurs, de sorte que personne n’investirait dans la société – ce serait une autre histoire.

Le ciblage secondaire et tertiaire fonctionne parce que ces cibles n’ont pas d’intérêt direct à poursuivre leur engagement avec la cible primaire. Elles peuvent faire des affaires ailleurs, et elles n’ont aucune raison de ne pas le faire. C’est un aspect essentiel de la méthode SHAC. Si une entreprise est acculée, elle se battra jusqu’à la mort et, dans le conflit, rien d’autre n’aura d’importance que la force brute que chaque partie est capable d’exercer sur l’autre. Ce qui n’est généralement pas à l’avantage des militant·es, car les sociétés peuvent faire intervenir la police et le gouvernement. C’est pourquoi dans la campagne si peu d’efforts ont été dirigés contre HLS elle-même. Quelque part entre la cible principale et les sociétés associées qui fournissent la structure de soutien, il semble y avoir un centre névralgique où l’action est la plus efficace. Il peut sembler étrange de s’en prendre à des cibles tertiaires qui n’ont aucun lien avec la cible primaire, mais d’innombrables clients de HLS ont abandonné leurs relations après qu’un de leurs clients a été mis dans l’embarras.

– La complémentarité entre organisation publique et organisation clandestine : Plus que toute autre campagne d’action directe dans l’histoire récente, la campagne SHAC a réalisé une symbiose parfaite entre les activités publiques et l’action souterraine. La campagne s’est caractérisée par une utilisation extrêmement judicieuse de la technologie et des réseaux modernes. Ses sites web diffusaient des informations sur les cibles et ont mis à disposition un forum pour rendre compte des actions (ce qui renforçait le moral), permettant à n’importe quel·le sympathisant·e de la campagne de jouer un rôle sans attirer l’attention.

– Diversité des tactiques : Plutôt que d’opposer les partisan·es de différentes tactiques les un·es aux autres, SHAC a intégré toutes les tactiques possibles dans une seule campagne, où chaque approche était complémentaire des autres. Cela signifie que les participant·es pouvaient choisir au sein d’un éventail d’options pratiquement illimitées, ce qui a ouvert la campagne à une grande diversité de profils et a évité des conflits inutiles.

– Des cibles concrètes, des motivations concrètes : Puisqu’il y avait des animaux souffrants, dont la vie pouvait être sauvée par une action directe spécifique, les enjeux étaient concrets et cela a apporté à la campagne un caractère urgent, qui s’est traduit par une disposition de la part des participant·es à sortir de leur zone de confort. De même, à chaque étape de la campagne, il y a eu des objectifs intermédiaires qui pouvaient facilement être atteints, de sorte que la tâche monumentale consistant à ruiner une entreprise entière n’a jamais semblé impossible.

Cela contraste fortement avec la façon dont l’élan s’était éteint au début du siècle dans certains cercles d’écologistes libertaires, lorsque les objectifs et les cibles étaient devenus trop vastes et abstraits. Autant il était facile pour des personnes de s’engager à défendre des arbres et des zones naturelles spécifiques, autant lorsque certain·es participant·es ont décrété que le but était de « détruire la civilisation » et que tout le reste n’était que du réformisme, il est devenu impossible de déterminer ce qui constituait une action significative.

Lorsque les objectifs deviennent trop vastes et abstraits, par exemple quand certains décrétent que le but est de « détruire la civilisation » et que tout le reste n’est que du réformisme, il est devenu impossible de déterminer ce qui constituait une action significative.

Les avantages de la méthode SHAC

Lorsque la méthode mise au point par SHAC est appliquée correctement, ses avantages sont évidents. Elle frappe les entreprises là où elles sont le plus vulnérables : les entreprises ne font pas ce qu’elles font en raison d’engagements éthiques ou pour obtenir une certaine image publique, mais pour la seule recherche du profit. Cette méthode se concentre donc exclusivement sur le fait de rendre les méfaits des entreprises non rentables. En termes de construction et de maintien d’une campagne d’action directe sur le long terme, cette méthode offre une direction et une motivation aux participant·es, en fournissant un cadre pour des actions concrètes plutôt que symboliques. Cette méthode permet d’éviter les conflits tactiques et offre la possibilité de travailler ensemble à des militant·es de différents degrés d’aisance et de capacité. En établissant une large gamme de cibles, elle leur donne la possibilité de choisir le moment, le lieu et la nature de leurs actions, plutôt que de réagir constamment à leurs adversaires. Par-dessus tout, cette méthode est efficace : SHAC USA n’a jamais compté plus de quelques centaines de participant·es actif·ves à un moment donné.

Schéma des parties prenantes (« Les parties prenantes dans une organisation sont les individus ou groupes qui dépendent de l’entreprise pour la réalisation de leurs buts personnels et dont l’entreprise dépend pour son existence. »), Eric Rhenman, Industrial democracy and industrial management : a critical essay on the possible meanings and implications of industrial democracy, 1968.

Contrairement à la plupart des stratégies d’organisation actuelles, la méthode SHAC est une approche offensive. Elle offre un moyen d’attaquer et de vaincre les projets capitalistes établis, de prendre l’initiative plutôt que de simplement réagir à l’avancée du pouvoir des entreprises. SHAC n’a pas cherché à bloquer la construction d’un nouveau centre d’expérimentation animale ou l’adoption d’une nouvelle législation, mais à vaincre et à détruire une société d’expérimentation animale qui existait depuis des décennies.

La méthode SHAC est une approche offensive : elle offre un moyen d’attaquer et de vaincre les projets capitalistes établis, de prendre l’initiative plutôt que de simplement réagir à l’avancée du pouvoir des entreprises.

Une force plus subtile de l’approche SHAC est qu’elle s’appuie sur les tensions de classe, qui sont généralement invisibilisées aux États-Unis. Les militant·es issu·es de la classe moyenne inférieure et de la classe ouvrière peuvent trouver gratifiant d’affronter des dirigeants fortunés sur leur propre terrain. Cela permet également aux militant·es d’une cause unique de découvrir les interconnexions de la classe dirigeante. En visitant les maisons des hauts cadres, on découvre que toutes les sociétés pharmaceutiques et d’investissement sont entrelacées : chacun·e possède des actions de l’autre, siège aux conseils d’administration de l’autre et tous·tes vivent dans des maisons de banlieue identiques dans des quartiers résidentiels sécurisés et tentaculaires.

Accusations fallacieuses

Certains anarchistes ont injustement accusé SHAC de réformisme. Cette accusation est absurde : son objectif n’est pas de changer la façon dont HLS se conduit, mais de la faire disparaître. Il serait plus précis de décrire SHAC comme une campagne abolitionniste : vu qu’il n’est pas possible de mettre fin à l’exploitation animale d’un seul coup, elle cherche à accomplir la démarche la plus ambitieuse réalisable. De la même manière, certain·es critiques désœuvré·es tournent en dérision les efforts de libération des animaux sous prétexte qu’il s’agit « d’activisme », sous-entendant que ce serait une mauvaise chose en soi. Celles et ceux qui adoptent cette position devraient carrément reconnaître qu’iels sont insensibles à l’oppression des autres êtres vivants et qu’iels ne voient pas l’intérêt de tenter d’y mettre fin – c’est-à-dire qu’iels ne sont guère anarchistes.

Inconvénients et limites

Au-delà des critiques fallacieuses, la méthode SHAC présente des limites réelles qui méritent d’être examinées.

Tout d’abord, il existe certaines conditions préalables sans lesquelles elle échouera. Par exemple, elle ne peut fonctionner que dans un contexte où l’on recourt régulièrement à l’action directe. Toute réflexion stratégique est inutile si personne n’est prêt·e à agir. Dans le milieu militant des droits des animaux, les questions en jeu sont ressenties comme suffisamment concrètes et poignantes pour que les participant·es soient motivé·es à prendre régulièrement des risques. Sans cette motivation, la campagne SHAC n’aurait pas vu le jour. De la même manière, la méthode SHAC est impuissante face à une cible qui ne dépend pas de cibles secondaires et tertiaires, ou qui en a un nombre infini parmi lesquelles choisir. Avant tout, les cibles secondaires et tertiaires doivent pouvoir faire leurs affaires ailleurs. La méthode SHAC compte sur le reste du marché capitaliste pour offrir de meilleures options. En ce sens, bien qu’elle ne soit pas réformiste, elle ne fournit pas non plus de stratégie pour s’attaquer au capitalisme lui-même.

Deuxièmement, aussi efficace qu’il puisse être en termes purement économiques, le ciblage secondaire et tertiaire situe le lieu de la confrontation loin de la cause pour laquelle les participant·es se battent. De manière générale, plus l’objet d’une campagne semble abstrait, plus c’est difficile pour le moral. Une grande partie de la vitalité des luttes d’éco-défense dans les années 80 et 90 provenait du lien immédiat et viscéral que les défenseur·es de la forêt ressentaient avec la parcelle qu’iels occupaient. Lorsque le militantisme environnemental a commencé à se déplacer vers un terrain plus urbain il y a dix ans, il a perdu une partie de son élan. Ce qui est peut-être spécifique à la campagne SHAC, c’est que les participant·es ont réussi à conserver leur indignation et leur audace malgré la distance de l’objet de leur préoccupation. On ne saurait se risquer à penser que ce sera toujours le cas dans d’autres contextes.

Une grande partie de la vitalité des luttes d’éco-défense dans les années 80 et 90 provenait du lien immédiat et viscéral que les défenseur·es de la forêt ressentaient avec la parcelle qu’iels occupaient. Lorsque le militantisme environnemental a commencé à se déplacer vers un terrain plus urbain, il a perdu une partie de son élan.

En dehors de ces défis, la méthode SHAC pourrait être inefficace précisément en raison de son efficacité. Est-il réaliste de vouloir faire taire de puissantes entreprises ? Ou le gouvernement interviendra-t-il toujours ? Il se peut qu’en constituant une menace pour les entreprises sur le plan économique, c’est-à-dire celui qu’elles prennent le plus au sérieux, la méthode SHAC se lance dans un combat qu’elle ne peut pas gagner. Une fois que le gouvernement est impliqué dans un conflit, il faut plus qu’un réseau resserré de militant·es pour gagner. Il faut tout un mouvement social à grande échelle, et l’approche SHAC ne peut à elle seule donner naissance à un tel mouvement. À cet égard, la plus grande force de cette méthode est aussi son plus grand point faible.

Cela ne veut pas dire que la méthode SHAC est inutile si elle n’aboutit pas à la fermeture de la cible. Parfois, il vaut la peine de mener une bataille perdue afin de décourager l’adversaire d’entamer une autre bataille ; d’autres fois, même en perdant, on peut acquérir une expérience et des allié·es précieux. Paradoxalement, la méthode pourrait s’avérer plus efficace pour faire naître de nouveaux partisans de l’anarchisme et de l’action directe que pour son objectif déclaré. Précisément parce qu’en court-circuitant l’étape du recrutement pour se concentrer sur d’autres objectifs, elle attire des participant·es sérieux·ses et engagé·es.

En substance, la méthode SHAC peut servir dans une campagne où il n’y a pas d’autre solution que la contrainte pour que l’oppresseur rende des comptes. Cela n’entre pas en conflit avec les valeurs anarchistes : lorsqu’un oppresseur refuse d’assumer les conséquences de ses actes, il est nécessaire de le contraindre à cesser, et cela s’étend à celles et ceux qui l’aident et le soutiennent. Mais cibler des personnes qui ne sont pas elles-mêmes impliquées dans l’oppression brouille les pistes. Lorsqu’un·e organisateur·ice rend publique une cible, on ne peut pas savoir quelles actions seront menées par les autres. Peut-être la fin de l’exploitation animale vaut-elle ces risques et ces coûts, mais les anarchistes devraient se méfier de telles justifications.

Autres applications de la méthode SHAC

On a beaucoup parlé de l’application de cette méthode dans d’autres contextes, mais peu d’efforts de ce type ont produit quelque chose de comparable à la campagne SHAC. Cela mérite réflexion. Il se peut que, parce que la campagne SHAC a maintenu son élan alors que d’autres formes d’organisation perdaient en intensité, elle a exercé une influence disproportionnée sur l’imaginaire des anarchistes actuels, à tel point que beaucoup d’entre elles et eux ont maintenant tendance à imiter cette méthode dans leur organisation, même lorsqu’elle n’est pas stratégiquement pertinente. Les échecs peuvent être plus instructifs que les succès. Malheureusement, comme ils sont plus facilement oubliés, ils sont souvent répétés à l’infini. C’est pourquoi toute réflexion autour de la méthode SHAC devrait commencer par l’exemple de Root Force.

Root Force a surgi des cercles d’Earth First!7 en 2006 avec l’intention de promouvoir une campagne de type SHAC ciblant l’infrastructure du capitalisme mondial (un objectif bien plus ambitieux que la fermeture de HLS). Les organisateur·ices ont fait des recherches sur les entreprises impliquées dans des projets d’infrastructure essentiels tels que les autoroutes transcontinentales et les centrales électriques. Un site web a été créé pour publier ces informations et tenir le grand public au courant de chaque action. Il y a eu des tournées de présentation à travers les États-Unis pour faire passer le message. Il semblait que tout était en place, et pourtant rien ne s’est passé.

Au début de l’année 2008, Root Force a publié une déclaration intitulée « Révision de la stratégie » dans laquelle elle reconnaissait que ses efforts n’avaient pas abouti à une campagne d’action directe efficace et décrivait les difficultés rencontrées dans sa tentative d’inspirer une action contre des projets d’infrastructure situés si loin qu’ils semblent totalement abstraits. Les organisateur·ices de Root Force se sont mépris·es sur la manière dont les campagnes d’action directe décollent. L’action et l’inaction sont toutes deux contagieuses. Si certaines personnes s’investissent suffisamment dans une cause pour risquer leur liberté, cela peut encourager d’autres à faire de même. Mais comme personne ne souhaite s’aventurer tout seul, une bonne stratégie ne suffit pas pour pousser à l’action. Correctement médiatisée, une seule action directe importante dans le cadre de la campagne Root Force aurait été plus efficace qu’un millier de tournées de présentation.

Voir trop grand est l’erreur numéro 1 des mouvements de résistance à petite échelle : au lieu de se fixer des objectifs réalisables et de construire patiemment des succès modestes, les organisateurs s’exposent à la défaite en essayant de passer directement à l’épreuve de force finale avec le capitalisme mondial.

La campagne Root Force avait également d’autres défauts. Si les organisateur·ices espéraient bloquer la construction des autoroutes et des centrales électriques les plus essentielles à l’expansion du marché capitaliste, iels auraient dû mobiliser beaucoup plus de force que la campagne SHAC. Voir trop grand est l’erreur numéro 1 des mouvements de résistance à petite échelle : au lieu de se fixer des objectifs réalisables et de construire patiemment des succès modestes, les organisateurs s’exposent à la défaite en essayant de passer directement à l’épreuve de force finale avec le capitalisme mondial. Nous pouvons mener et gagner des batailles ambitieuses, mais pour ce faire, nous devons évaluer nos capacités de manière réaliste.

Tout ceci ne veut pas dire que la méthode SHAC ne peut pas être appliquée efficacement à d’autres luttes, mais simplement que les militant·es doivent avoir une visée et une stratégie précises quant à l’endroit et à la manière dont iels tentent de la mettre en œuvre. Il y a probablement des situations dans lesquelles la méthode pourrait réussir encore mieux que pour SHAC. Mais il existe sans aucun doute d’autres contextes dans lesquels elle peut se révéler contre-productive.

La campagne SHAC aux États-Unis n’a impliqué que quelques centaines de participant·es à un moment donné. Quelques milliers pourraient éventuellement s’attaquer à une cible plus importante. Même en forçant le gouvernement à renflouer une entreprise, le fait que la cible ait été mise en faillite, avec succès ou non, pourrait quand même constituer une victoire importante. L’avenir nous dira si la méthode SHAC se révélera efficace ailleurs que dans la lutte qui l’a inventée.


Le présent article est une version raccourcie de l’original, la  version intégrale de ce texte est disponible ici en pdf.


Notes

  1. Alors que la production littéraire sur cette période est foisonnante en langue anglaise, il n’existe que quelques références en français. Le texte qui a fait date sur le sujet est l’article « SHAC Attack ! En campagne contre l’expérimentation animale : la lutte contre HLS (1999-2003). Historique et perspectives » traduit en 2013, il avait originellement été publié dans le dixième et dernier numéro du journal Do or Die. Le film The Animal People, sur la répression de l’organisation états-unienne SHAC US, est sortie en 2019. La lutte contre le projet autoroutier est quant à elle contée dans À bas l’empire, vive le printemps ! traduit en 2020 aux éditions Divergences.[]
  2. De la coordination contre l’aéroport de NDDL et ses sympathisant·es au soutien massif dont bénéficie la campagne de défense de la forêt d’Atlanta depuis l’assassinat d’un militant par la police.[]
  3. Contrairement à de nombreux mouvements sociaux, le mouvement de défense des droits des animaux est soutenu par de riches donateurs, et l’on peut supposer que certains d’entre elleux ont contribué à SHAC.[]
  4. NdT : Comme l’indique son nom, une manifestation à domicile (home demonstration) est une manifestation devant l’habitation d’un·e individu·e en particulier, ciblé pour son lien direct ou indirect avec HLS.[]
  5. NdT : La campagne SHAC est officiellement clôturée en août 2014.[]
  6. Le ciblage secondaire consiste à s’en prendre à une personne ou une entité qui fait des affaires avec la cible principale d’une campagne. Le ciblage tertiaire consiste à s’en prendre à une personne ou à une entité qui fait elle-même affaire avec une cible secondaire.[]
  7. NdT : Earth First! a été fondé en 1980 dans le sud-ouest des États-Unis. Avec son slogan « No compromise in defense of Mother Earth » (« Pas de compromis pour la défense de la Terre Mère »), il a mis en avant une idéologie anti-anthropocentrique. Il a promu une axiologie « biocentrique » qui insiste sur le fait que chaque forme de vie, et en fait chaque écosystème, a une valeur intrinsèque et a le droit de vivre et de s’épanouir, que les êtres humains le trouvent utile ou non. Leur objectif était de préserver l’environnement à tout prix par l’action directe, que ce soit par le biais de la politique ou de la désobéissance civile et de la lutte contre le gaspillage. Les militant·es envisageaient un mouvement révolutionnaire, dont la stratégie était notamment de mettre en place des réserves écologiques de plusieurs millions d’hectares dans tous les États-Unis.[]