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Traduit de l’anglais (Australie) par Paul Fabié, dans le cadre du séminaire Plantations du café librairie Michèle Firk à Montreuil.


Les plantations sont emblématiques d’une époque où les activités humaines, agricoles et industrielles, reconfigurent les paysages à l’échelle planétaire. Les impacts écologiques dévastateurs de ces monocultures vastes et homogènes ont conduit certains chercheurs à qualifier l’époque actuelle comme « Plantationocène ». Cet essai examine comment la plantation a changé de forme à travers le temps et l’espace, et les relations multi-espèces qui ont tour à tour soutenu ou limité leur prolifération.


Patricius, un aîné du peuple autochtone Marind, m’enseigne comment écouter les plantations1. Nous nous tenons dans une concession de palmier à huile de 50 000 hectares située dans la région contrôlée par l’Indonésie de la Papouasie-Occidentale. Avant le palmier à huile, cette terre était le foyer des nombreux compagnons de Patricius — casoars, opossums, oiseaux de paradis ou palmiers sagoutiers. Désormais, un silence inquiétant règne sur la plantation, occasionnellement interrompu par le vrombissement de bulldozers, le fracas des tronçonneuses ou les crachotements du moulin à huile. On chercherait en vain un animal à entendre, un mouvement à détecter. Des rangées toutes identiques de palmiers, alignés à équidistance les uns des autres, s’étendent à l’horizon. De temps à autre, une légère brise anime la canopée. Les branches d’un vieux palmier se mettent à grincer. Une cigale invisible stridule dans les hauteurs. Et sinon, tout n’est que silence et étrangeté. Mon regard suit le bras de Patricius qui se déploie lentement, capturant dans son envergure le paysage enrégimenté devant nous. « Bienvenue dans la plantation, déclare mon compagnon, bienvenue dans les forêts du futur ».

Plantation de palmiers à huile de Korindo dans le district de Jair, Boven Digul Regency, Papouasie.
Plantation de palmiers à huile de Korindo dans le district de Jair, Boven Digul Regency, Papouasie | Photographie — Sophie Chao

En tant que formation matérielle et concept analytique, la plantation offre un terrain fertile pour réexaminer la « nature » comme lieu et sujet de la violence de l’activité anthropique. Établies tout d’abord dans l’Europe féodale du 14e siècle, les plantations ont vite été liées à la diffusion de la modernité coloniale et racialisante des paysages caribéens et sud étatsuniens du sucre, tabac, chanvre et coton2. Aujourd’hui les monocultures de palmiers à huile, les plantations forestières ou la prolifération du soja dans le Sud global sont promues par divers facteurs à de multiples échelles : des impératifs de sécurité alimentaire mondiaux, des prérogatives nationales de développement, des objectifs internationaux en matière d’énergies renouvelables, des certifications de durabilité et des traités exclusifs de libre-échange, des calendriers de modernisations planifiés ou des alliances népotiques entre États, entreprises multinationales et pouvoirs militaires3.

Les plantations sont enracinées dans des logiques de domination, de discipline et de contrôle d’environnements qui ne sont jugés utiles qu’en tant qu’ils servent des finalités humaines singulières.

La mise en évidence des plantations en tant que « natures du capitalisme », selon l’expression d’Arturo Escobar, implique inévitablement le déplacement, la dépossession ou l’exploitation des peuples autochtones et autres communautés rurales au nom du progrès et du développement4. Elles rendent compte des principes de la simplification écologique, de l’homogénéisation et de l’instrumentalisation qui caractérisent le « Plantationocène », cette formation spatio-temporelle décrite depuis longtemps par des universitaires noires comme Sylvia Wynter et Katherine McKittrick et articulée récemment par Donna Haraway, Anna Tsing et d’autres5. En tant que projets de mise à l’échelle et de recherche de profits, les plantations sont enracinées dans des logiques de domination, de discipline et de contrôle d’environnements qui ne sont jugés utiles qu’en tant qu’ils servent des finalités humaines singulières6. Dans les régimes de plantations, les destins déracinés et transplantés des humains et des plantes deviennent étrangement entremêlés. Simultanément positionnés comme sujets et objets du travail extractif, leurs corps et leurs vitalités sont mis au travail sous les diktats de la production capitaliste et de sa singulière courbe du temps-progrès linéaire et illimité7. La plantation du futur contient la plantation du passé ainsi que celle du présent8.

Plantation de palmiers à huile
Photographie — Sophie Chao

Mais il y a bien plus dans la plantation que l’extraction et l’extinction. Les plantations ont toujours été des terrains fertiles pour l’émergence de résistances et de résurgences multi-espèces. Dans les plantations du sud des États-Unis et des Caraïbes, les lopins de terre cultivés par les personnes esclavagisé·e·s sont devenus des refuges bio-culturels inattendus, alimentant les foyers de résistances noires profondément ancrés dans les tissus plus qu’humains de soin et de parenté9. Les graines et les corps fugitifs se sont littéralement et symboliquement liés dans le marronnage à l’image de ces femmes noires qui, avant de prendre la fuite, dissimulaient dans leurs chevelure les graines qui iraient nourrir leurs futurs enfants10. Les jeunes pousses de sorgho, célébrées dans les chants des esclavagisé·e·s africain·e·s de la Jamaïque, sont devenues, aux côtés du thé, de l’eau, de l’igname et des provision grounds11, des participantes actives de scènes de communion plus qu’humaine auprès d’humains, par-delà la « ligne de couleur12 ». Dans les plantations d’indigotiers, la teinture sombre s’infiltrait profondément dans les mains des femmes esclavagisées, se combinant ainsi à ces corps noirs fongibles13 pour produire des êtres poreux mi-humains, mi-végétaux. Ces corps-captifs-fait-chair restèrent continuellement et durablement incorporés dans les compagnonnages et les parentés autres qu’humaines, façonnés au cœur de l’impensable violence de la logique racialisante de la plantation et contre elle.

Sur Terrestres, lire aussi Dénètem Touam Bona, « Cosmo-poétique du refuge », janvier 2019.

Parallèlement aux mouvements populaires de résistance et de lutte, les protagonistes plus qu’humains continuent à revitaliser les plantations en cours. Champignons, rongeurs et reptiles sabotent les rêves de la plantation en parasitant les cultures marchandes. Les plantes modifiées génétiquement deviennent vulnérables aux plantes résistantes aux herbicides ou perdent leur capacité à se reproduire sans l’aide de pollinisateurs humains ou de machines14. D’autres organismes comme la chouette effraie ou le charançon entretiennent des relations mutualistes avec les cultures marchandes. Les potentialités biologiques de ces créatures, connues dans le jargon agronomique comme « espèces auxiliaires », sont exploitées dans les schémas de gestion des ravageurs pour contrebalancer les effets délétères des parasites de la plantation. Les plantations ne sont donc pas exclusivement les domaines morts et mortifères de l’« exterminisme total15 ». Elles permettent à certaines communautés de vie de prospérer aux dépens d’autres16. Il n’y a donc pas « une » plantation unique et intemporelle, mais plutôt des plantations qui chacune produit selon Dale Tomich, « sa propre nature17 ».

Les pratiques multi-espèces de faire-monde perturbent la force homogénéisante de la « logique de la plantation18 », faisant ainsi apparaître les acteurs humains et autres qu’humains qui façonnent ensemble, de manières différentes, la plantation comme un assemblage matériel et sémiotique multiple. Elles nous invitent à considérer la possibilité d’une justice multi-espèces au sein des plantations qui, comme paysages reflétant une puissance dominatrice, et bien qu’indubitablement destructrices, n’ont jamais vraiment réussi à dominer totalement ni les plantes ni les humains19. Dans les mots de Alfred J. Lopez, « il n’y a pas une seule “plantation” centrale, ni même une image de la plantation que l’on puisse privilégier sur toutes les autres »20.

Sur Terrestres, lire également Malcom Ferdinand, « Anthropocènes Noirs. Décoloniser la géologie pour faire monde avec la Terre », juin 2020.

En faisant le récit de la plantation à travers les terminologies « plus qu’humaines », surgissent néanmoins de difficiles considérations éthiques et politiques. Comment s’en sortir avec les redoutables comparaisons entre la violence spectaculaire de l’esclavage humain sous les régimes coloniaux et la mise au travail forcé des plantes, des sols et des écosystèmes dans les plantations passées et actuelles sans « aplatir », dans les mots de Janae Davis et ses collègues, les différences et les hiérarchies entre des communautés de vies humaines et autres qu’humaines ainsi qu’en leur sein20 ? Comment naviguer entre des récits de possibilités politiques inespérées et des récits de finitudes irrémédiables21 ? Qu’est-ce qui est en jeu dans l’élaboration de récits de la plantation et contre la plantation ? A qui sont destinés ces récits ? Par qui sont-ils écrits et qui/à qui servent-ils ?

La logique de la plantation ne façonne pas uniquement la « nature » du monde, mais également la manière avec laquelle le « nous » occidental dominant se le représente à travers ses concepts et théories.

L’importance significative de ces questions s’étend bien au-delà de la matérialité des paysages agro-industriels contemporains. Comme les universitaires critiques de la race le soulignent, les séquelles de la plantation perdurent dans les formes de violence étatique et policière, dans les infrastructures carcérales et dans la normalisation de la mort précoce des noir·es22. Non moins innocente est la présence dominante des institutions et concepts académiques occidentaux, qui président et reflètent dans leur ordonnancement, comme dans leur manière de narrer-historiciser-s’autoriser, le contrôle et la gestion de la plantation elle-même. La production du savoir académique est un processus systématique de ratissage, criblage, élagage, réagencement, classification, organisation, abstraction, généralisation, simplification et extraction. La logique de la plantation ne façonne pas uniquement la « nature » du monde, mais également la manière avec laquelle le « nous » occidental dominant se le représente à travers ses concepts et théories. En effet, transposer la théorie à plusieurs échelles peut brouiller la spécificité et l’incommensurable interdépendance, violence et ambivalence des rencontres plus qu’humaines, toujours situées et incarnées. En tant que formation matérielle, conceptuelle et analytique, la plantation invite à des manières de vivre, de penser et de représenter qui rejettent les hypothèses de domination et de contrôle dans et sur le monde. C’est une invitation à écouter les passés et les présents de la plantation à travers ses absences et ses silences éloquents. En son sein se nichent les graines fugitives d’écologies contre-la-plantation et les récits prometteurs de futurs-forêts ainsi que de forêts futures, imaginées et vécues autrement.


Ce texte a été originellement publié en juillet 2022 dans la revue Environmental Humanities, au sein du « Living Lexicon », https://doi.org/10.1215/22011919-9712423

Photographie de couverture — Nazarizal Mohammad

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Notes

  1. Des pseudonymes ont été utilisés pour les noms de personnes et de lieux, à l’exception des noms de provinces ou de districts.[]
  2. Manjapra, « Plantation Dispossessions: The Global Travel of Agricultural Racial Capitalism » 363 ; Moore, « End of the Road? » ; Benítez-Rojo, La isla que se repite.[]
  3. Pour des exemples depuis l’Inde, voir : Besky, Darjeeling Distinction ; Galvin, Becoming Organic ; Ali, Local History of Global Capital. Depuis l’Amérique Latine, voir : Aráoz, « América Latina » ; Escobar, Territorios de diferencia, 93–138 ; Pérez, « La Mosquitía » ; Leguizamón, Seeds of Power. Depuis l’Asie du Sud-Est, voir : Chao, In the Shadow of the Palms, « (Un)Worlding the Plantationocene » ; Li, Plantation Life. Depuis la Chine, voir Liu, « Forest Sustainability in China » ; Xu, Industrial Tree Plantations. Depuis l’Afrique, voir : von Hellermann, Things Fall Apart? ; Watkins, Palm Oil Diaspora.[]
  4. Escobar, « After Nature, » 6.[]
  5. Voir Davis et al., « Anthropocene » ; McKittrick, « Plantation Futures » ; Trouillot, « Culture on the Edges » ; Wynter, « Novel and History » ; Haraway, « Anthropocene » ; Tsing, Mathews, and Bubandt, “Patchy Anthropocene.”[]
  6. Alimonda, La naturaleza colonizada[]
  7. Thomas, « Time and the Otherwise. »[]
  8. McKittrick, « Plantation Futures. »[]
  9. Davis et al., « Anthropocene. » Voir également : Carney, “Subsistence in the Plantationocene” ; Carney and Rosomoff, In the Shadow of Slavery ; Wynter, « Novel and History. »[]
  10. Keeve, « Fugitive Seeds. »[]
  11. L’expression « provision grounds » désigne l’ensemble des produits issus des lopins de terre cultivables concédés aux esclaves, comme le manioc, le dachine ou la patate douce (NDT).[]
  12. Dillon, ‘Plantationocene,’ 83, 91 ; Du Bois, Souls of Black Folk.[]
  13. King, Black Shoals, 111–40. À partir des travaux de Sadiyah Hartman et d’Hortense Spillers, Tiffany Lethabo King utilise le terme « fungibility » pour désigner la marchandisation, l’accumulation, l’exploitation et l’échange infinie des corps noirs dans le cadre du capitalisme colonial racial définissant de manière extrêmement étroite — humaniste et coloniale — le travail et la vie.[]
  14. Beilin and Suryanarayanan, “War between Amaranth and Soy” ; Taussig, Palma Africana, 75–76.[]
  15. Haraway, cité dans Mitman, “Reflections on the Plantationocene,” 10.[]
  16. Chao, « Beetle or the Bug? »[]
  17. Tomich, “Rethinking the Plantation,” 33–34. Voir également Clukey and Wells, “Introduction: Plantation Modernity.”[]
  18. McKittrick, “Plantation Futures,” 3.[]
  19. Besky, Darjeeling Distinction; Dove, « Plants, Politics, and the Imagination »; Ferdinand, Une écologie décoloniale.[]
  20. Davis et al., « Anthropocene, » 5. Voir également Bennett, Being Property Once Myself ; Jackson, Becoming Human.[]
  21. Casimir, La culture opprimée ; Escobar, Pluriversal Politics ; Thompson, Flight to Freedom ; Woods, Development Arrested.[]
  22. DeLombard, « Dehumanizing Slave Personhood » ; Hartman, Lose Your Mother ; McKittrick, « On Plantations » ; Sharpe, In the Wake ; Thiaw and Mack, “Atlantic Slavery and the Making of the Modern World.”[]