Depuis janvier 2021, la dynamique des Soulèvements de la Terre ne cesse de grandir. Au fil des épisodes, nous sommes parvenu.e.s à construire un calendrier national d’actions de blocages, de désarmements et d’occupations de terres pour établir sur le terrain un véritable rapport de force à la croisée d’enjeux écologiques, sociaux et paysans.
De nouvelles dynamiques complices
Naturalistes des Terres !
Naturalistes – scientifiques, juristes, débutant.e.s ou confirmé.e.s – nous avons décidé de relancer un réseau de naturalistes en lutte sur tout le territoire : Les Naturalistes des Terres ! Chaque année, nous sommes aux premières loges de la diminution des espèces autrefois communes. Nous n’en pouvons plus. En deux mois, nous sommes déjà plus de 400 inscrit.e.s sur notre annuaire cartographique et prêt.e.s à nous rendre disponibles pour venir soutenir les luttes locales qui ont besoin de ces formes de savoirs, et heureux-ses de pouvoir s’enrichir de la culture des luttes2.
Des Naturalistes des terres seront aux côtés des Soulèvements de la Terre la prochaine saison du printemps 2023 : actions, occupations, prises de paroles, tables de presse… Il faudra compter sur nous pour les prochaines mobilisations pour le vivant !
« L’appel des naturalistes des terres » est en ligne dans la revue Terrestres.
Une coalition de cantines des Terres
Septembre 2021 marque non seulement un temps fort de la lutte contre les méga-bassines dans les Deux-Sèvres, mais aussi la première rencontre de plusieurs cantines du Grand Ouest. En mutualisant nos forces et notre matériel, nous avons assuré un grand banquet paysan. La réussite de cette première coopération inter-cantines nous a amené à nous retrouver de nouveau à chaque temps fort de la lutte contre les méga-bassines. Lors du printemps maraîchin, en mars 2022, nous avons nourri un camp de 5 000 opposant.e.s.
Cette coopération inter-cantines s’inscrit dorénavant dans la durée et probablement au-delà des mobilisations bassines. Notre approvisionnement provient des invendus de la grande distribution, des récoltes de nos jardins et des achats ou dons des paysan.ne.s camarades. En les communisant, nous organisons le ravitaillement des mobilisations. Mais nous ne voulons pas être de simples prestataires de services ou cantinier.ère.s lors des actions. Nous prenons part aux combats en cours depuis cette identité collective de cantines et réseaux de ravitaillements, mais aussi depuis nos sensibilités et positionnement politiques propres. Nous ne sommes pas des cantines de luttes mais bien des cantines EN luttes !
LE CALENDRIER D’ACTIONS DE LA SAISON 5
25-26 MARS – PAS UNE BASSINE DE PLUS – le retour à SAINTE-SOLINE ET/OU MAUZE-SUR-LE-MIGNON
La date semble déjà être dans toutes les têtes et une loutre parcourt les murs du pays et les blocages du mouvement des retraites en un geste de défi. Ce sera la 5ème manif-action organisée en 1 an et demi – avec Bassines Non Merci, la Confédération Paysanne et désormais des dizaines d’autres organisations – pour mettre fin aux méga-bassines dans les Deux-Sèvres et ailleurs. Des délégations internationales seront cette fois à nos côtés. Vous aussi sans nul doute ! Et si ce mois de mars était celui qui voyait ce gouvernement reculer sur le front social et sur celui de l’accaparement de l’eau ? Nous resterons évidemment mobilisés au cours de cette saison et proposerons d’autres rendez-vous si cela ne suffisait pas. GO !
22-23 AVRIL – CASTRES TOULOUSE – SORTIE DE ROUTE POUR l’A69
Au pied de la Montagne Noire, réservoir d’eau du sud du Tarn, une coulée de goudron menace de se déverser à travers la vallée du Girou. Le projet d’autoroute A69 Castres-Toulouse condamnerait 400 hectares de terres agricoles, de zones humides, de forêts et autres formes de vie. Un désastre environnemental pour un gain de temps dérisoire. Vieux de 40 ans, ce projet archaïque bordant une route nationale est un caprice du géant pharmaceutique Pierre Fabre, porté par des multinationales du BTP comme NGE et Vinci. Il est aujourd’hui soutenu par l’État, la présidente de région Carole Delga et le département du Tarn.
À la veille du début de chantier de ce projet écocidaire, la lutte s’intensifie. Avec l’arrivée du printemps, le réveil des chiroptères laisse planer un air de résistance à quelques battements d’ailes de Sivens, qui a marqué au fer rouge l’histoire du Tarn. De nouveaux collectifs sortent du bois et la population se soulève pour mettre en échec le projet. Des élus locaux, plusieurs experts du GIEC et de nombreuses organisations indépendantes telles que la CNPN se sont prononcés en défaveur du projet. Plus de 130 agriculteurs locaux ont également rejoint le mouvement.
Malgré les nombreuses formes d’actions, de recours juridiques ou de rassemblements festifs déjà mis en oeuvre, les travaux pourraient commencer à la mi-mars.
Mais tant que nous serons là, l’A69 ne passera pas ! Soyons des milliers à nous retrouver le 22 et 23 avril prochain, lors de la manifestation SORTIE DE ROUTE, pour un grand pot de départ du concessionnaire ! Divers événements seront organisés pendant le week-end (manifs, discussions, concerts et spectacles, repas, le tout en présence de nombreux.ses invité.e.s)
06-07-08 MAI – ROUEN – DES BÂTONS DANS LES ROUTES : L’APPEL de la FORET FACE AU BITUME
« Promenons nous dans les bois, tant que l’autoroute n’y est pas, si la route y était, tout serait bétonné ! » Il était une fois, un projet routier vieux de 50 ans que l’État refusait d’abandonner malgré les évidences. Pour vendre son projet, pour imposer ses 516 hectares de saccage d’habitats d’espèces protégées et de terres agricoles, ses 8 viaducs, ses 9 échangeurs, l’État était prêt à tout, même à mentir en faisant croire à la population que cette autoroute aurait un quelconque effet positif pour faciliter leurs déplacements. Heureusement, nous n’étions pas dupes.
Depuis des décennies la lutte s’organise contre le serpent de béton de l’A133-A134 : le « Grand Contournement Est de Rouen ». Il y a quelques années, une petite violette protégée a déjà triomphé de son appétit d’ogre. Mais la bête féroce revient à l’attaque.
Dans la forêt lointaine, on entend les tritons crêtés, scarabées grands capricornes, pics mars et muscardins. Du haut de leurs grands arbres, ils répondent à la menace du béton sur la forêt et vous invitent, en mai, à passer à l’offensive pour défendre le vivant. Le concessionnaire va être désigné en septembre. Dans son monde merveilleux, il imagine déjà s’en mettre plein les poches en abattant les arbres, en asséchant les mares, en détruisant les nids et les terriers.
La forêt euroise nous appelle. Aux côtés de ses habitant-es, nous vous invitons à venir écrire une autre histoire, une histoire de partage, de jeux dans les arbres, de bourdonnements collectifs. Pour que vive la forêt, et pour leur barrer l’autoroute !
10-11 JUIN – SAINT-COLOMBAN – LE CONVOI DU SABLE
Au sud de la Loire, le bocage de Saint-Colomban est en proie à un double péril : l’extractivisme au profit de la métropole et l’accaparement des terres par l’industrie du maraichage, au mépris des habitant.e.s et des paysan.ne.s qui font vivre ce territoire.
Deux carrières de sable (Lafarge et GSM) alimentent les chantiers de construction de la région. Les carriers ont déjà extrait plus de 12 millions de tonnes, anéantissant le bocage et affectant profondément les nappes phréatiques. Ils projettent de s’étendre dès 2023 sur 70 ha supplémentaires. À terme, c’est plusieurs centaines d’hectares qui sont concernées. Le sable de Saint-Colomban est principalement destiné à l’industrie du BTP. Loin de constituer un problème strictement local, les carrières sont une cible de choix pour rassembler toutes celles et ceux qui luttent contre l’artificialisation des terres, en Loire-Atlantique et ailleurs.
Mais ce sable n’est pas destiné qu’à la construction. Environ un tiers des volumes extraits sont engloutis par une forme industrielle et intensive de « maraîchage ». Au fil des ans, c’est une véritable mer de plastique qui a déferlé. Aux antipodes du maraîchage paysan, respectueux de l’environnement et destiné aux habitants du territoire, nous avons affaire à un consortium capitaliste qui détruit et empoisonne les terres agricoles pour exporter mondialement de la mâche et du muguet. C’est l’incarnation de l’agro-industrie que l’on refuse : usage intensif de pesticides, pompage de l’eau dans les nappes et stockage en bassines, exploitation de la main d’oeuvre immigrée.
Dans la lignée des saisons précédentes, nous appelons le 10 juin prochain, avec le collectif local « La tête dans le sable » à un convoi en tracteurs et vélos depuis Saint-Colomban jusqu’au centre de Nantes pour une déambulation festive et instructive qui retracera le trajet d’un grain de sable et d’une cagette de mâche. En vélo, en tracteur, en voiture ou en bateau, toustes à Saint-Colomban pour deux jours de résistance contre la bétonisation du monde et l’accaparement des terres !
17 JUIN – MAURIENNE – MANIFESTATION MONTAGNARDE POUR L’ARRÊT DU CHANTIER DU LYON-TURIN
Pour que ce projet ne voit jamais la lumière au bout du Tunnel ! Depuis plus de 30 ans, un projet de chantier ferroviaire titanesque, impliquant le forage de 260 km de galeries à travers les Massifs Alpins, anime l’imaginaire mégalo et détraqué du consortium TELT, «Tunnel Euralpin Lyon Turin» allié de décisionnaires politiques « visionnaires » et de groupes tels que Vinci, Bouygues ou Eiffage. Bien que le transport de marchandises stagne depuis 1994, que la ligne existante ne soit utilisée qu’à 20% de sa capacité de fret, TELT envisage de creuser 11 tunnels, dont le plus grand d’Europe, le « Tunnel de Base » de 57 km. Et tout cela pour faire gagner aux voyageur.se.s et aux marchandises seulement 1h25 entre Paris et Milan. Une façon simple de s’assurer des décennies de chantiers juteux, propulsés par plus de 30 milliards d’argent public.
Un programme de destruction massif (Alpin). Aujourd’hui, dans la vallée de la Maurienne et en Val de Suse, les travaux préparatoires du tunnel de base ont débuté. Déjà, des dizaines de sources drainées par les machines ont tari ou perdu du débit, des nappes phréatiques ont été percées, 1500 hectares de terres agricoles seront artificialisés. Tout ça pour mettre en place les zones de chantiers, entreposer les millions de mètres cubes de gravats arrachés à la montagne, ouvrir les centrales à béton et les carrières nécessaires à l’extraction des matériaux et à la construction des tunnels.
Contre le Lyon-Turin, une mobilisation franco-italienne. Depuis une dizaine d’années, en France, collectifs et associations se mobilisent pour montrer le non-sens absolu de ce projet. Mais cette lutte dépasse les frontières ! En Italie, le mouvement populaire NoTAV se bat depuis 30 ans pour préserver sa vallée, ses montagnes et la vie qui y foisonne et ce malgré une violente répression et une drastique militarisation des territoires. Mobilisations à 70 000 personnes, blocages de chantiers, construction de lieux de vie communs sur ou à proximité des chantiers, le mouvement italien a réussi à ralentir la course effrénée de ce projet archaïque ! Avant le début du forage du tunnel de base, mettons un coup d’arrêt à ce projet, avant que travaux et dégâts engendrés ne soient irrémédiables !
Retrouvons-nous en masse le week-end du 17/18 juin dans la vallée de la Maurienne, pour une manifestation internationale déterminée !
27 – 30 JUILLET – LARZAC
Nous seront présent.e.s et interviendront avec les Soulèvements de la Terre lors du grand rassemblement organisé par nos camarades de Terres de Luttes sur les terres historiques du plateau Larzac.
EN COURS DE SAISON – AGRÉGER CONTRE L’AGRICULTURE NUMÉRIQUE
Le cauchemar budgétisé à plusieurs milliards d’euros par nos gouvernants pour nous faire rentrer dans la 3e révolution agricole devient réalité, bienvenue dans l’agriculture numérique : une agriculture sans paysan.nes où le vivant se plierait à la technologie. Drones pollinisateurs, tracteurs « intelligents », recours à l’Intelligence Artificielle (IA) pour soigner plantes ou animaux et éviter aux agriculteurs et agricultrices de « mal faire », nouveaux OGM pour finir de breveter le vivant aux mains de quelques multinationales. Tout ça pensé par des ingénieurs aveuglés par leur foi en l’innovation technologique et soutenu par des investissements massifs de l’État au nom de la croissance et du progrès.
Repeinte en vert, l’agriculture numérique déroule sa sémantique : agroécologie, agriculture décarbonée, respecter et faire revivre les sols, réduire, cibler ou supprimer les intrants grâce aux robots, etc. Nous n’y voyons que la diminution du nombre de paysan.ne.s et de leurs savoir-faire terrestres au profit d’autres déjà trop gros qui doivent s’endetter encore plus pour acheter ce matériel et mettre à jour l’IA embarquée dans leurs pulvérisateurs. Mais quiconque s’est déjà penché sur les coûts environnementaux de la mise en œuvre de ces technologies à grande échelle se rend compte de l’absurdité d’un tel programme. Cette pseudo révolution s’inscrit bien dans la continuité des logiques productivistes, destructrices des sols et de la biodiversité. Refusons cette agriculture de perdition toujours plus aliénante. Notre alimentation sera produite par la paysannerie sur des sols vivants. Nous voulons des fermes, pas des firmes.