Face à la technopolice
Les cortèges sont fournis en ce 28 novembre 2020 : 500 000 manifestants selon les organisateurs, 133 000 selon le gouvernement, répartis dans plus de 70 villes. Si l’on marche partout dans l’Hexagone en cette journée d’automne, ce n’est pas pour résister à une énième réforme des retraites, revendiquer une hausse du smic ou s’insurger contre la baisse du pouvoir d’achat, mais pour s’opposer à la loi dite « de sécurité globale », un texte qui vise notamment à autoriser l’utilisation de drones par la police, à banaliser les caméras-piétons portées par les policiers et à empêcher de filmer les forces de l’ordre. Sur les pancartes et dans les slogans, çà et là, on peut lire « Loi sécurité globale : Surveiller et punir », hommage à l’opus le plus célèbre du philosophe Michel Foucault, ouvrage majeur sur les sociétés disciplinaires et les raisons de s’y opposer. En ce mois de novembre 2020, la question de la surveillance des citoyens et de l’inflation sécuritaire est dans l’arène politique et médiatique.
Il faut dire que, depuis plusieurs années, les motifs d’inquiétude se sont multipliés au gré des scandales, tels que les révélations en 2013 de l’ancien employé de la NSA (National Security Agency) Edward Snowden sur l’étendue de la surveillance menée par les services secrets américains, avec la complicité des géants du numérique. Surtout, cette surveillance a changé de visage : plus diffuse et insidieuse, elle mobilise tous les moyens offerts par la numérisation de nos sociétés. Face à elle, la contestation s’organise.
Pour avoir un premier aperçu du visage de cette surveillance généralisée qui se dessine, il faut prendre le train pour Nice. On y retrouve Henri Busquet, l’ancien président de la branche locale de la Ligue des droits de l’homme, à la sortie de la gare, casquette vissée sur la tête pour se protéger du soleil qui tape en cette fin d’été. « Nice est une ville de vieux conservateurs, mais le climat la rend agréable malgré tout ! » lance-t-il en nous accueillant. En chemin, le néoretraité nous signale les caméras disposées un peu partout le long des rues : des caméras fixes, des caméras panoramiques, d’autres qui pivotent, sans compter celles qui peuvent être déplacées de site en site. D’étranges poteaux attirent notre attention : de grandes bornes bleues, ornées d’un logo « SOS », grâce auxquelles les Niçois peuvent émettre des appels vidéo d’urgence. Henri Busquet hausse les épaules avec indifférence quand on s’en étonne : il s’y est habitué.
Depuis une vingtaine d’années, le maire de la ville, Christian Estrosi (Les Républicains), assoit sa popularité sur le développement de technologies en tous genres, en mettant particulièrement l’accent sur la vidéosurveillance. Lui préfère parler de « vidéoprotection », c’est plus positif. Revendiquant plus de 3 500 caméras pour 346 000 habitants, Nice est la ville la plus vidéosurveillée de France. Surtout, Christian Estrosi a multiplié les innovations dans le domaine, allant jusqu’à nouer en 2018 un partenariat avec l’entreprise d’armement Thalès, lui laissant carte blanche pour créer une Safe City, sorte de petite utopie sécuritaire. Autant d’éléments qui font dire à Henri Busquet que sa ville d’adoption est devenue un « appartement témoin de la vidéosurveillance ». Il parle parfois aussi de « showroom de la surveillance », et l’expression n’est pas neutre : si ces technologies se déploient aussi vite dans l’espace public, c’est parce qu’il s’agit en premier lieu d’un business.
Le marché de la sécurité privée en France représente près de 7 milliards d’euros chaque année1, dont près d’un tiers investis dans des systèmes électroniques (caméras, alarmes, contrôles d’accès…). Qu’ils soient siglés Hikvision, Bosch, Dahua ou Samsung, les dispositifs de surveillance sont de petits bijoux que les mairies acquièrent à grands frais, d’autant que les tarifs d’installation, maintenus dans une relative opacité, peuvent varier du simple au quintuple2. Attirées par cette manne, les entreprises sollicitent directement les mairies pour leur proposer des installations clefs en main. Mais le développement est aussi fortement encouragé par l’État, avec une ambition : « Accélérer l’émergence et l’expérimentation de nouveaux usages grâce aux ruptures technologiques » et prendre pour exemple le projet de Safe City de Nice3. Ces investissements permettent-ils de réduire la criminalité ? Les sociologues qui se sont penchés sur le sujet répondent par la négative4. L’effet principal des caméras serait avant tout dissuasif. Il matérialise une présence policière physique dans l’espace public. En somme, savoir que l’on est potentiellement dans le viseur suffirait à changer les comportements. Mais quand bien même la vidéosurveillance serait-elle efficace, serait-elle pour autant souhaitable ? Aspirons-nous à vivre constamment sous l’œil des caméras ?
« Je ne suis pas contre les caméras par principe », commente pour sa part Henri Busquet. « En avoir une dans un parking souterrain, où on sait qu’il y a plus d’agressions qu’ailleurs, pourquoi pas. Le problème, c’est quand ça devient, comme à Nice, une surveillance généralisée. » Pour s’y opposer, la Ligue des droits de l’homme a multiplié les actions, organisé des manifestations, déposé des recours pour contester la légitimité des dispositifs. Avec un certain succès : grâce aux actions menées avec d’autres associations, la Ligue des droits de l’homme a attiré l’attention de la CNIL5, l’institution en charge de la protection des données et des libertés individuelles. Grâce à son appui, elle a réussi à contrarier les élans de Christian Estrosi. La liste est longue : Reporty, une application qui devait permettre aux Niçois de signaler directement à la police des situations anormales (interdite par la CNIL) ; une tentative d’implanter la reconnaissance faciale à l’entrée du lycée des Eucalyptus (retoquée par la CNIL), après l’avoir déployée à titre expérimental pendant le carnaval de Nice en 2019 (vertement critiquée par la CNIL) ; plus récemment, la ville a lancé un essai pour déployer un système de reconnaissance des émotions dans le tram, que les opposants ont également réussi à court-circuiter. Après avoir énuméré ces victoires, Christian Braquet, le successeur d’Henri Busquet à la tête de la LDH à Nice, réfléchit un moment puis ajoute : « L’exemple de pays comme la Chine montre bien qu’à partir du moment où le pouvoir dispose de ce genre d’outils, la tentation de les utiliser est trop forte, et il ne sait pas en faire un usage raisonnable. »
Impossible de parler de surveillance sans convoquer l’épouvantail de la Chine. Le système de crédit social mis en place par l’empire du Milieu est dans tous les esprits. Concrètement, il s’agit d’un score qui reflète le niveau de civisme des citoyens, lequel augmente ou diminue en fonction de leur comportement ; une « bonne note » donne accès à des prestations ; une note « dégradée » prive de certains droits. Naturellement, il est alimenté par une surveillance étroite de la vie de chacun. Il faut toutefois ici rappeler que la présentation qui est faite du crédit social chinois est parfois caricaturale : il ne s’agit pas d’un score unique fixé par l’État, mais d’une multitude d’évaluations établies à un niveau local, par des villes ou des entreprises comme les supermarchés, à la manière d’un super-programme de fidélité.
Si l’on a tendance à imaginer le pire, c’est que la Chine communique allègrement sur l’efficacité de ses « prouesses technologiques » en matière de surveillance, tel son système de reconnaissance faciale, montrant par exemple comment sa police est capable d’appréhender un reporter étranger en moins de 7 minutes dans une foule au milieu d’un concert6. Ce sont ces mêmes technologies, qui exploitent la reconnaissance faciale et les données biométriques (ADN, empreinte digitale, rétine…), qui lui permettent depuis 2017 d’identifier et de persécuter les Ouïghours, minorité ethnique musulmane, dans la région du Xinjiang7. Si de tels dispositifs ne se sont pas encore déployés en France, c’est grâce à la lutte acharnée, depuis plusieurs années, d’un petit groupe d’individus, résistant pied à pied face au développement de ces technologies.
Le vrai visage de la « Smart City »
En première ligne de ce combat se trouve l’association de défense des droits et libertés sur Internet, La Quadrature du Net, fondée en 2008. Ses premiers engagements visaient à défendre la liberté de circulation des contenus sur le Net, en s’opposant notamment à la loi Hadopi qui sanctionnait le partage illégal de fichiers de pair à pair et, pour ce faire, initiait une logique de surveillance des internautes. Elle a aussi fourbi ses armes dans la défense de la neutralité du Net8. Depuis le début de la décennie 2010, l’association s’est engagée dans un bras de fer de longue haleine avec l’État français pour l’empêcher d’utiliser tout un panel de technologies sécuritaires. C’est grâce à l’expertise juridique de La Quadrature du Net que la Ligue des droits de l’homme a réussi à faire annuler l’implantation de portiques de reconnaissance faciale à l’entrée de lycées à Nice et Marseille. « Si nous avions perdu, cela aurait été dramatique », commente Noémie Levain, chargée d’analyses juridiques et politiques au sein du groupe, qui imagine un scénario où l’ensemble des lycéens français auraient été soumis au fichage. L’enjeu, pour l’association, est d’éviter l’accoutumance des citoyens à toute forme de surveillance, ce qu’elle appelle « l’effet cliquet ». Cette image illustre un constat : chaque pas que l’on fait vers une société plus sécuritaire est définitif, il n’y a pas de retour en arrière. De même que l’on s’est déjà habitué à être constamment sous l’œil des caméras, pourtant encore rares il y a une trentaine d’années, considérera-t-on bientôt comme normal de présenter son plus beau sourire à un algorithme de reconnaissance faciale pour se voir autoriser l’accès à un bâtiment public ? L’association redoute la perspective des Jeux olympiques de 2024, organisés à Paris, qui seront « l’occasion de faire une campagne de communication sur la surveillance, souligne Noémie Levain. C’est un objectif affiché de ces Jeux olympiques que d’en faire un laboratoire des technologies sécuritaires, avec des drones et compagnie ».
Pour éviter ces dérives, La Quadrature du Net fait feu de tout bois et s’est associée avec des associations partout en Europe pour mener une campagne contre la reconnaissance faciale, baptisée Reclaim your face. Une pétition diffusée en ligne a déjà recueilli plus de 70 000 signatures, accompagnée d’une lettre ouverte cosignée par plus de 170 associations. Un intense travail de lobbying et d’information est aussi réalisé auprès des députés européens. La Quadrature anime également un observatoire citoyen de la surveillance dans les villes, baptisé Technopolice. On trouve sur son site des tutoriels pour s’opposer à l’implantation de caméras dans sa commune, des informations sur l’avancée des dispositifs sécuritaires, ou encore des invitations à rejoindre des « carto-parties », des déambulations urbaines qui ont pour but de recenser tous les dispositifs sécuritaires repérables. Dans son manifeste, l’association pointe les dérives de la Smart City, cette ville intégralement connectée, bardée de capteurs, de mobilier « intelligent », de véhicules autonomes, de caméras et autres artefacts numériques, modèle de développement partout dans le monde. Une Smart City, souvent vendue comme plus efficace et écologique, dont le vrai visage serait celui de la « mise sous surveillance totale de l’espace urbain à des fins policières » et qui, à terme, conduirait à un « renforcement des formes de discrimination et de ségrégation, un musellement des mouvements sociaux et une dépolitisation de l’espace public, une automatisation de la police et du déni de justice, une déshumanisation toujours plus poussée des rapports sociaux ». En mai 2022, l’association a initié une plainte collective « Technopolice » contre l’État français, visant le déploiement de la reconnaissance faciale, de la détection automatisée des comportements et, plus largement, le fichage des citoyens. Une initiative similaire avait déjà été conduite en 2018 contre les Gafam (Facebook, Google, Apple, Amazon et LinkedIn) pour non-respect de la protection des données personnelles et avait conduit notamment à infliger à Amazon une amende record de 746 millions d’euros. La Quadrature du Net s’est aussi opposée à l’utilisation des données de connexion9 à des fins de surveillance et porté l’affaire jusqu’à la Cour de justice de l’Union européenne. « Il y a désormais un arrêt qui s’appelle Arrêt de La Quadrature du Net, se réjouit Noémie Levain. La Cour de justice de l’Union européenne nous a donné raison et a dit que ce régime de surveillance était complètement disproportionné, qu’il s’agissait d’une surveillance de masse. » Malgré cet arrêt, le Conseil d’État, la plus haute autorité administrative française, continue d’autoriser les services de renseignement nationaux à les utiliser. Sur la question de la biométrie, La Quadrature conquiert peu à peu les esprits. La Défenseure des droits s’est ainsi alarmée dans un rapport du « potentiel inégalé de discrimination » de ces technologies10.
De Big Brother à Big Mother
Il y a une image que tout le monde a en tête quand on pense à la surveillance : celle d’un Big Brother, aux yeux inquisiteurs, inspiré du roman dystopique de George Orwell, 1984. Une allégorie efficace de l’État totalitaire et policier mais qui est aujourd’hui dépassée. Le journaliste Olivier Tesquet, auteur de À la trace, enquête sur les nouveaux territoires de la surveillance (Premier Parallèle, 2020), met en garde contre ce qu’il qualifie de « pollution orwellienne ». Pour lui, comme pour beaucoup d’observateurs, la surveillance à laquelle nous sommes exposés aujourd’hui n’est pas d’essence totalitaire mais elle est néanmoins omniprésente. Elle s’exerce par la captation d’un nombre incalculable de données, de traces, que nous produisons quotidiennement par le truchement de nos smartphones, ordinateurs ou tablettes : combien de pas nous avons parcourus en marchant, combien de vidéos nous avons regardées sur YouTube, quel est notre parfum de yaourt préféré. Pour l’écrivain de science-fiction Alain Damasio, qui imagine dans son roman Les Furtifs11 ce à quoi ressemblerait une société de captation de traces poussée à l’extrême, il faut moins parler de Big Brother que de « Big Mother ». Big Mother ne veut pas contrôler, mais vendre. Et pour ce faire, les nouveaux professionnels de la surveillance utilisent les informations qu’ils ont collectées pour orienter les comportements.
Ces données intéressent moins les États que les entreprises privées, pour qui elles sont la matière première de ce que la chercheuse américaine Shoshana Zuboff a qualifié de « capitalisme de surveillance12 ». Car ce sont elles qui permettent d’établir un profil publicitaire pour les annonceurs. On soupçonne mal l’étendue de ce que nos données de navigation disent de nous : l’exemple le plus frappant est peut-être celui de l’entreprise américaine de grande distribution Target, qui a mis au point un dispositif pour détecter, à partir des habitudes d’achat, si une femme est enceinte, afin de lui proposer avant son accouchement des produits pour bébé et de transformer les jeunes mères en clientes fidèles. C’est ainsi qu’un père a appris, par une lettre de Target, que sa fille (mineure) était enceinte, avant même que celle-ci ne l’en informe13.
Et si nous n’avons pas, pour l’instant, à craindre qu’un mauvais score à la chinoise nous interdise l’accès à un bâtiment public, ce sont comme souvent les plus précaires qui font déjà les frais du système de notation auquel Google, Uber ou TripAdvisor nous ont habitués. Un chauffeur de VTC qui écope d’une mauvaise note par un client sera mis de côté par l’algorithme, au risque de voir son activité péricliter14. Surveillés, nous endossons aussi le rôle de surveillant en notant nos pairs, en utilisant les bornes « SOS » de la ville de Nice, ou en nous conformant aux annonces diffusées dans le métro parisien, qui incitent à être « attentifs ensemble ».
Là encore, cette dérive technologique a suscité son lot d’oppositions. Aux quatre coins du monde, des programmeurs rivalisent d’ingéniosité pour aider les utilisateurs à brouiller leurs traces. Les créateurs de l’extension pour navigateur Privacy Badger permettent ainsi de bloquer les trackers qui cherchent à connaître les pages que vous avez visitées. D’autres proposent d’aller encore plus loin, et de se mettre au « data poisoning », ou l’art d’empoisonner ses données15. L’extension de navigateur AdNauseam simule des clics sur toutes les publicités qui s’affichent, pour fausser le profil publicitaire établi par les annonceurs. TrackMeNot, quant à elle, simule de fausses recherches à chaque fois que vous entrez une requête sur Google, pour que l’entreprise ne puisse pas deviner vos centres d’intérêt. Le recours à des navigateurs web plus respectueux de la vie privée, comme Firefox, est aussi fréquent.
Le moment de panique lié à la pandémie de Covid-19 donne une idée de la vitesse avec laquelle un glissement peut s’opérer vers une utilisation détournée de nos données. Il ne fait plus de doute qu’États et entreprises privées savent s’entendre en matière de surveillance quand leurs intérêts convergent. Aux premières semaines de la pandémie, Orange a communiqué les données de localisation de ses utilisateurs pour évaluer les déplacements de population en période de confinement16. En Allemagne, la police a utilisé de manière illégale l’application de contact tracing (l’équivalent de TousAntiCovid) pour retrouver les témoins d’une rixe dans un bar17. Toujours outre-Rhin, au pic de la pandémie, le site Doctolib a revendu à Facebook et à la régie publicitaire Outbrain une partie de ses données utilisateurs18. Christian Estrosi, lui, a continué d’explorer les limites de sa Safe City : il a demandé à l’État d’utiliser les compteurs connectés Linky pour vérifier que le confinement était bien respecté19 (cela ne lui a pas été accordé), tandis que des drones survolaient la promenade des Anglais pour s’assurer que les promeneurs ne dépassaient pas leur heure de sortie quotidienne.
Mais il n’a pas fallu attendre une pandémie pour constater ces dérives. L’exemple des militants anti-nucléaires opposés au projet d’enfouissement des déchets de Cigéo, à Bure (Meuse), se suffit à lui-même. Un rapport d’instruction20 a révélé l’appareil de surveillance mis en place pour les épier : quelque 85 000 messages interceptés, des dizaines de personnes placées sur écoute et près de seize ans de temps cumulé de surveillance téléphonique. Le spectre de la surveillance plane dans les esprits. En 2019, selon un sondage réalisé par YouGov pour Amnesty International, 70 % des personnes interrogées s’inquiétaient pour leur vie privée et l’utilisation de leurs données personnelles21. L’année suivante, des milliers de personnes battaient le pavé contre la loi dite de « sécurité globale ». La surveillance est déjà devenue un objet de lutte.
Notes
- Selon les données de l’INSEE présentées dans GALLOT (Philippe), « La sécurité privée modérément affectée par la crise, des taux de marge toujours faibles », INSEE, 26 octobre 2021.[↩]
- D’après un rapport de la Cour des comptes, « Les polices municipales », octobre 2020.[↩]
- « Contrat stratégique de la filière Industries de sécurité », Conseil national de l’industrie, 29 janvier 2020.[↩]
- Le recours à la vidéoprotection n’aurait été utile que dans 1,5 % des cas d’incidents sur la voie publique commis à Marseille, et 1,6 % à Lyon. Surtout, elle n’empêche presque jamais qu’un crime ou un délit soient commis : les agents ne peuvent contrôler qu’environ 4 % du flux d’images captées par les caméras. D’après une observation au centre de supervision de la gare du Nord (Paris) in CASTAGNINO (Florent), Les Chemins de faire de la surveillance : une sociologie des dispositifs de sécurité et de sûreté ferroviaires en France, thèse soutenue le 17 novembre 2017 à Paris-Est. Cf. également MUCCHIELLI (Laurent), Vous êtes filmés ! Enquête sur le bluff de la vidéosurveillance, Paris, Dunod, 2018.[↩]
- La Commission nationale informatique et libertés, créée en 1978.[↩]
- « In your face : China’s all-seeing state », John Sudworth, BBC News, 10 décembre 2017.[↩]
- « Twelve days in Xinjiang : How China’s surveillance state overwhelms daily life », Josh Chin, Wall Street Journal, 19 décembre 2017.[↩]
- L’égalité de traitement et d’acheminement de tous les flux d’information sur Internet, quels que soient leur émetteur ou leur destinataire. Un des principes fondateurs d’Internet.[↩]
- Ces données, nécessaires aux opérateurs et hébergeurs de sites Internet pour faire fonctionner leur service, indiquent entre autres la localisation des utilisateurs, les pages consultées, et l’heure à laquelle sont effectuées les actions.[↩]
- « Technologies biométriques : l’impératif respect des droits fondamentaux », Claire Hédon, 19 juillet 2021.[↩]
- DAMASIO (Alain), Les Furtifs, La Volte, Paris, 2018.[↩]
- ZUBOFF (Shoshana), L’Âge du capitalisme de surveillance, Paris, Zulma, 2020.[↩]
- HILL (Kashmir), « How Target figured out a teen girl was pregnant before her father did », Forbes, 16 février 2012.[↩]
- COQUAZ (Vincent) et HALISSAT (Ismaël), La Nouvelle Guerre des étoiles, Paris, Kero, 2020.[↩]
- « Comment empoisonner ses données pour déboussoler les GAFA », Nicolas Celnik, Libération, 25 août 2021.[↩]
- « Comment Orange utilise les données de géolocalisation pour évaluer l’effet du confinement », L’Express, d’après une dépêche de l’AFP, le 26 mars 2020.[↩]
- « Mainzer Polizei nutzte illegal Daten von Restaurantgästen aus Luca-App », Online Focus, 8 janvier 2022.[↩]
- « Doctolib a transmis des données à Facebook et Outbrain en Allemagne », Les Échos, 28 juin 2021.[↩]
- « J’ai sensibilisé les autorités de l’État afin qu’elles puissent solliciter Enedis pour vérifier que les résidences secondaires ne soient pas occupées pendant la période des vacances, afin de faire respecter la période de confinement », Christian Estrosi sur Twitter, le 3 avril 2020.[↩]
- Qu’ont pu consulter Libération, Reporterre et Médiapart. Lire « La justice a massivement surveillé les militants antinucléaires de Bure », Marie Barbier et Jade Lindgaard, Reporterre et Médiapart, 27 avril 2020.[↩]
- « Big tech privacy polls shows people worried », Amnesty International, 4 décembre 2019.[↩]