Cette première séance du séminaire Devenirs Terrestres pour cette année réunira plusieurs membres et ami.e.s de la revue Terrestres, pour introduire une discussion collective sur les critiques portées en France contre les humanités environnementales, les « nouvelles philosophies du vivant » et les perspectives plus-qu’humaines, accusées d’être dépolitisantes et de masquer les véritables dominations sociales en monde capitaliste (« Pleurnicher le vivant », brûlot récent de Frédéric Lordon et, avant lui, un texte plus argumenté de Franck Poupeau, « Ce qu’un arbre peut véritablement cacher »).
Ainsi, nous n’aurions le choix qu’entre pleurnicher le vivant en occultant le capitalisme comme agent politique du ravage planétaire, et pleurnicher le néo-léninisme en occultant les altérités plus qu’humaines qui animent les luttes et trament les contours mêmes du « social » et du « politique » ?
Il est essentiel de débattre au-delà des ornières de cette alternative infernale.
Si le brûlot de F. Lordon amuse et vise parfois juste quant à la domestication des « pensées du vivant » par l’industrie culturelle du capitalisme tardif destructeur de l’habitabilité de notre Terre, il constitue une charge aussi inamicale qu’ignare en mettant dans la même poubelle, et sans les nommer (hormis quelques mandarins masculins), une palette d’auteur·rices aux perspectives souvent bien différentes les unes des autres.
Plutôt que de riposter sur le même mode, notre choix sera d’ouvrir le dialogue, entre nous et avec les participant·es, sur les façons de ne pas laisser dépolitiser les pensées des rapports aux vivants et sur les façons d’écologiser la critique anticapitaliste. Il s’agit d’aiguiser notre compréhension des collectifs qui font et défont l’habitabilité de la Terre, de décoloniser nos frontières du « politique » et du « social », et d’écologiser notre appréhension des fonctionnements même du capitalisme (donc de ses contradictions et points de brèche) en intégrant une multiplicité d’autres agents, autres qu’humains – CO2, atmosphère, forêts, microfaunes, rivières…
A bientôt !
Mercredi 8 décembre, 17h30-20h30 à La Parole Errante (9 rue François Debergue 93100 Montreuil) – Entrée libre – Pas de visio-conférence – inscription nécessaire ici
Quelques textes qui pourront être lus ou relus avant la séance :
Une réponse à Frédéric Lordon par Paul Guillibert, « C’est vrai qu’il est agaçant Bruno Latour, mais… » (Paul Guillibert participera à la séance)
Textes parus dans terrestres liés à ces questions :
- Suivre la forêt. Une entente terrestre de l’action politique
- Nous ne sommes pas seuls – Entretien avec Léna Balaud et Antoine Chopot
- Pratiquer des relations multispécifiques – Journée d’étude
- Le débat autour des rencontres « Agir pour le vivant » à Arles et ses entreprises sponsors, qui posait déjà, l’an dernier, les principales questions agitées par F. Lordon :
- Cause Animale, Luttes Sociales
- Val Plumwood – L’humanité comme proie
- Photosynthèse
- Géopoétiser avec Kenneth White
- Penser depuis l’oiseau
- Devenirs terrestres. Quelques enseignements de la ZAD de Notre-Dame des Landes
- Comment notre monde est devenu cheap
- L’écologie du capitalisme ou la grande braderie du monde