Nous sommes en plein mois de juillet, et il fait quelque chose comme trente-cinq degrés. Je m’apprête, comme beaucoup, à passer deux semaines au soleil, afin d’oublier un tout petit peu cette terrible année 2020. Dans le train, l’été est partout : ça sent la crème solaire, tou·tes ont leurs lunettes sur le nez, les grands sacs de plage couleur fluo occupent les espaces bagages, et les enfants insupportables sont déjà drogué·es de sucre. Pourtant, je ne me rends ni sur les plages connues de la Méditerranée ni dans un camping du sud de la France. En fait, mes vacances ont lieu, depuis deux ans, sur des terres inconnues de la majorité des Français·es. Elles sont un mystère pour mes ami·es et ma famille, et, bien que ce lieu m’ait marquée jusque dans la chair, je n’ai toujours pas le droit de révéler sa localisation exacte. Cela fait d’ailleurs partie de son charme, et ça m’excite, je crois, l’idée que son existence soit entourée d’un secret. Je me sens dépositaire de quelque chose d’important, comme une sorte de responsabilité de protéger ces terres, même lorsque je n’y suis pas. Dans ce train qui traverse la France de haut en bas, je me sens comme une aventurière qui va rejoindre un endroit magique, caché du monde visible.
Sur place, c’est si escarpé qu’il faut connaître les alentours sur le bout des doigts pour y parvenir. Ça grimpe, c’est cahoteux, caillouteux même, on traverse des bois, des champs, on passe devant un puits, et, une fois en haut, on s’aperçoit qu’on est perché·es dans les montagnes ; finalement, le trajet en valait largement la peine. Ce que l’on remarque en premier quand on aborde cette terre, ce sont les cabanes qui, de façon extraordinairement inexplicable, ont survécu à des décennies et des intempéries qui auraient dû les ratatiner depuis un bout de temps. C’est d’ailleurs dans l’une d’entre elles que je vais dormir pendant dix jours. La première fois que je l’ai vue, c’est Celeste1 qui y habitait de façon permanente ; et, bien que la cabane lui préexistât, je n’ai cessé, pendant des semaines, de l’appeler « la cabane de Celeste ». Aujourd’hui, iel est parti·e, mais j’ai choisi de la nommer La Céleste, comme pour lui rendre hommage. La Céleste, donc, est petite, il y a le strict minimum, mais c’est douillet. Tout y est minuscule, comme dans une maison de poupées : petit réchaud, petits meubles, petit miroir. Tout sent le bois, le fait-main, tout sent le temps, le temps passé à vivre, la lenteur de l’ordinaire, la fabrication soignée de la vie quotidienne, dans cet espace sans eau qui jaillisse d’un robinet sur commande, sans électricité qui fasse tourner un ordinateur toute la journée. Toutes les énergies se font par, et non pour moi. Au-dehors, La Céleste est entourée d’arbres qui la protègent, comme des bras immenses au-dessus d’elle, et les feuilles qui s’agitent aux premiers rayons du soleil le matin font danser leurs ombres à travers la fenêtre. Ça, ma mémoire souvent défaillante s’en souvient très bien : la danse des feuilles sur le drap blanc, tous les matins, première image imprimée dans mon cerveau en début de journée.
À mon arrivée sur la terre cet été-là (appelons-la la terre de B.), nous sommes trois : M., mon amante et moi. La vie au quotidien est délicieusement lente et se concentre principalement autour du soin : on coupe des herbes, on défriche, on range, on nettoie, on fait de la place pour l’arrivée des autres dans quelques jours. Je ne dirais pas que cette vie est simple, en tout cas pas pour moi : je dois cohabiter avec beaucoup plus d’animaux que d’habitude, me fais dévorer vivante par les moustiques, dois aller à la rivière pour me laver et utiliser des produits qui ne contiennent absolument rien de nocif pour elle. Tout devient une tâche à part entière : se nourrir, cuisiner, allumer un feu. Tout se fait dans un espace restreint, dans lequel je dois trouver la totalité de ce dont j’ai besoin. Et, dès que le soleil se couche, plus de lumière. Enfin, je dois vivre constamment avec les mêmes personnes, sans possibilité de fuir dans un « extérieur ». Ainsi, à aucun moment je ne ressens mon expérience à B. comme un retour à la pureté écologique, mais plutôt comme un réajustement, un ancrage dans un lieu donné, qui amène son lot de difficultés. Et, évidemment, il s’agit d’un espace d’expérimentation collective, puisque nous sommes réunies ici à plusieurs, pour une semaine au moins.
Quelques jours plus tard, voilà justement I. qui arrive, toujours pétillante, avec cette énergie débordante à laquelle je m’identifie si fort. Je me retrouve ensuite dans les bras d’Em, pour un câlin profond, de ceux qui durent des minutes entières, qui vous apaisent et vous amarrent, les deux pieds au sol, les mains dans la chair de l’autre. Et enfin je croise le regard de M., la doyenne du lieu, la conteuse d’histoires, à la fois rieur et jamais innocent. L’écrasante majorité sont des femmes cisgenres, blanches, bien plus vieilles que moi. C’est important de le mentionner parce que ça m’avait marquée, la première fois que j’avais pénétré sur cette terre : j’étais quasiment la plus jeune. Cela ne m’arrive jamais dans les milieux militants que je fréquente, où de petites fournées de jeunes fraîchement sorti·es de l’université nous arrivent tous les mois, prêt·es à en découdre avec le monde. Ici, ces femmes sont d’une autre génération ; elles me parlent de leurs enfants, de leurs carrières, de leurs réflexions. Et discuter de militantisme, d’engagement, de féminisme, avec des personnes de vingt ans de plus que vous, ça vous élargit les termes de la lutte. « La lutte », « le militantisme », ce sont mes mots, d’ailleurs, qu’elles n’emploient pas du tout. Alors on invente un langage, avec plein de ponts et de contorsions, afin de créer un terrain commun pour nous toutes.
Je les retrouve donc, une fois par an, comme on fait un pèlerinage. Je retrouve La Céleste, les feuilles qui dansent sur le drap, les câlins d’Em, le ralentissement de la vie et l’aiguisement de certains sens, ceux qui écoutent les plantes, regardent le vent, ces sens qui ne sont jamais sollicités dans mon existence menée à la baguette par le capitalisme. Je retrouve cette terre, qu’elles appellent « terre de femmes », qui historiquement est nommée women’s lands, et même womyn’s lands, mais plutôt, ici, « terres lesbiennes ». Moi, je préfère cette dernière appellation, parce que ça met l’accent sur autre chose que cette catégorie difficile de « femme » ; ça ne l’évite pas, ça ne la cache pas, ça décentre simplement. Et, de toute façon, c’est le lesbianisme qui a été historiquement déterminant dans la construction de ces terres. Celles qui se sont rassemblées ici l’ont davantage fait contre la société hétérosexuelle qu’en tant que « femmes ». Il m’est difficile de refaire toute l’histoire de la création de ces terres, et il existe déjà de belles références sur le sujet2. Mais je peux tout de même parler de ce que représente la terre de B. dans ma vie : je la considère comme la grande sœur de Folleterre (dont je parlerai au chapitre suivant), peut-être moins délurée et plus anticapitaliste, économiquement plus fragile, moins queer aussi. Elles sont d’ailleurs toutes les deux apparues dans les mêmes années, dans le même pays : les Fées radicales sont nées en Californie, tandis que les terres lesbiennes ont émergé du côté de l’Oregon.
Voilà donc le décor : Oregon, États-Unis, années 1970. Là, des lesbiennes s’en vont investir la ruralité et s’autonomiser en s’affranchissant du système hétéropatriarcal, en décidant de s’autosuffire en matière de production et de subsistance. Le mouvement se répand, arrive jusqu’en Europe, d’abord aux Pays-Bas, puis au Danemark, en Allemagne, jusqu’à l’endroit d’où j’écris aujourd’hui, pieds nus dans l’herbe. C’est la seule terre lesbienne de cette filiation qui demeure en France. Mais ce que je vous dis là, c’est l’histoire officielle3, alors que celles que je préfère, ce sont celles de M., qui nous raconte l’aventure que c’était, il y a trente ans, d’arriver là avec son amoureuse, pour faire émerger un monde différent, dans les montagnes. Constituer des assemblées pour savoir si on utilise ou non un tracteur. Vivre dans une communauté qui se forme, se sentir excitée jusqu’au fond du ventre, puis les drames, les départs, puis vivre seule, pendant des années, à B. Et, depuis quelque temps, voir cette terre lesbienne s’épanouir à nouveau. Je me rappelle avoir un jour trouvé des photos un peu jaunies dans la cuisine, sur lesquelles on voit ces femmes sourire, des outils à la main, bras dessus, bras dessous, cheveux courts, looks de butchs des champs ; elles m’apparaissaient comme des échappées, des héroïnes, parvenues à créer leur propre terre promise. Les valeurs qu’elles portaient, et qu’elles portent encore, me parlent. L’anticapitalisme, la défiance envers le gouvernement, l’écologie, la spiritualité, tout cela faisait partie de l’ADN politique du lesbianisme rural « séparatiste4 ». C’est drôle, car je n’ai jamais entendu le terme « gay séparatiste » pour désigner les Fées. Forcément, être une femme qui se désolidarise du système hétéro méritait un qualificatif dangereux, qui suscite la méfiance. Pourtant, de la même manière que les mecs gay constataient que la ville restait aux mains des hétéros, au point de devoir fréquenter des bars spéciaux ouverts certains soirs seulement, les lesbiennes ont elles-aussi compris que l’espace public, les clubs, les restaurants, les entreprises, la rue, étaient des espaces aux dynamiques hétéropatriarcales, et dangereux pour elles. Alors, elles « se lèvent et elles se cassent », elles créent autre chose. Elles disent, on ne va pas se débattre et s’épuiser plus longtemps, récupérer vos miettes. Plutôt, on va prendre les perceuses, les scies, et on va construire notre propre maison. C’est un moment que je considère comme essentiel dans les histoires des luttes écoféministes. C’est une volonté politique d’assumer une séparation nette et franche, non pas pour vivre dans un éden innocent, mais pour faire émerger autre chose, au nom des principes de liberté, d’anticapitalisme, de féminisme et d’écologie.
Une dizaine de personnes arrivent sur la terre de B. Quelques heures plus tard, on coupe des poivrons sous une chaleur torride. Les corps transpirent, soufflent, rient, et on se raconte nos histoires. Les terres de B. ont été l’endroit où j’ai pour la première fois sexualisé, érotisé, des femmes plus vieilles que moi. Elles étaient belles à mes yeux, mais pas belles comme je pouvais le dire avant. Une beauté des sens, des mains qui tiennent le couteau qui transperce le poivron vert dont la peau transpire au soleil, les perles de sueur sur les poils des aisselles, les hurlements qui viennent du ventre autour du feu. D’ailleurs, ce feu est un rituel chaque année. Au moment de l’allumer, je mets toujours mille fois trop de bûches, on essaie pourtant de me raisonner, mais c’est plus fort que moi, et je finis chaque fois béate devant les flammes, hypnotisée. Quand je l’allume, c’est comme si j’allumais quelque chose à l’intérieur de moi, quelque chose d’incontrôlable qui s’embrase. Et c’est exactement ce que fait cette terre : elle libère des choses que je ne soupçonne pas. Dans cet espace en mixité choisie, les corps se confondent, les seins, les poils, les vergetures croisent les cheveux grisonnants et les rides. Les chairs tombent, se font lourdes, et je reste allongée pendant des heures sur l’herbe grasse pendant que ma cellulite se fait cuire amoureusement par le soleil. On est loin des cabines d’esthéticienne et de mes séances d’épilation.
À B., chacune occupe une place particulière dans l’écosystème : il y a celle qui connaît les plantes et vit pour elles, celle qui raconte les histoires, celle qui dirige les chantiers, celle qui sait cuisiner, celle qui prend soin, celle qui écoute… Toutes, nous avons notre rôle, et chaque année on y apporte de nouvelles couches de complexité, de critique aussi. Je suis consciente que ces lieux représentent des enclaves, et on m’a d’ailleurs beaucoup objecté qu’il s’agissait d’espaces d’exception, qui n’ont pas assez de courage pour affronter la « vraie » société. Je rétorque en général que mon expérience de « vraie » société s’est davantage faite dans des lieux autonomes que dans l’éternel métro-boulot-dodo, si fade et artificiel, de la vie en métropole. Ensuite, le but des terres lesbiennes était, et demeure, d’accueillir d’autres lesbiennes, d’autres marginales qui ont besoin de cet espace, non comme d’une oasis fantasmée, mais comme d’une bulle d’oxygène dans l’asphyxie hétéropatriarcale.
Mais qu’est-ce que ça veut dire, concrètement ? Peut-être qu’une histoire pourra aider à mieux saisir ce dont je parle. Depuis toujours, je déteste la construction. Dans la binarité existentielle qui opposait enfants Playmobil et enfants Lego, j’appartenais sans hésitation à la première catégorie. S’il y a le moindre travail manuel à effectuer, même planter un simple clou, je le laisse volontiers aux autres, et particulièrement aux hommes cisgenres hétérosexuels. Aujourd’hui encore, même dans les milieux autonomes, ce sont des tâches que je n’investis pas du tout. Pas parce que je crois intrinsèquement que ces mecs sont meilleurs, mais parce que j’ai honte d’être à cette place, comme si mes mouvements étaient trop maladroits, mes connaissances trop pauvres, mes ongles trop longs. J’ai tellement intériorisé le rôle de genre qu’on m’a assigné que la simple présence d’hommes cis hétéros suffit à réagencer l’ordre patriarcal en un claquement de doigts. B. a été le premier endroit de ma vie où j’ai mesuré, coupé, scié, encastré, percé, vissé, érigé des murs entiers d’une maison que nous avons bâtie collectivement. J’ai adoré chaque seconde de ce processus. J’étais à l’écoute de celles qui m’apprenaient, elles ne m’humiliaient pas, ne faisaient pas en sorte que je me sente ignorante. Au contraire, je me trouvais si compétente, on s’adressait à moi comme à une égale. La non-mixité, en ce sens, sauve littéralement ; elle donne des outils concrets pour être plus confiant·es, pour éviter de réactiver ces mécanismes internes qui, aujourd’hui encore, ne me permettent pas d’être complètement à l’aise avec un outil s’il n’y a ne serait-ce qu’un seul mec cis hétéro aux alentours, même s’il est le plus bienveillant du monde avec moi. Il ne s’agit pas d’une petite anecdote sur ma vie personnelle, mais bien d’une idée politique beaucoup plus large : la non-mixité permet ce déblocage, cette évidence. Mais je suis loin de dire que la non-mixité de genre est la seule valable ; le fait d’être entourée de femmes blanches m’a par exemple confrontée à des propos, attitudes et clichés racistes dont j’ai dû me protéger en rejetant une part de moi-même. Cette non-mixité dans ces terres représente une manière spécifique de retrouver des compétences essentielles pour se sentir fort·e, résistant·e, puissant·e, pour mieux se connaître, se lier, s’allier. Pour lutter, finalement. Je pourrais écrire des pages entières sur la façon dont les terres lesbiennes représentent un projet écoféministe excitant et solide ; elles m’ont permis de réfléchir à ce que cela signifiait de vivre collectivement dans la campagne ; elles sont un espace hautement éropolitique, où je parle de sexe, de BDSM, de clitoris, de dicklit, d’écosexualité, avec des femmes de cinquante ans5. Elles abritent des histoires d’amour en tout genre, des impossibles, des sensuelles, des muettes, tout cela partagé dans l’immensité des montagnes, l’intimité des branches, le confort rudimentaire des cabanes.
Aujourd’hui, ces terres valent en ce qu’elles abritent une mémoire de près de cinquante ans de passages et de récits6. Comment se saisir de cette histoire immense des terres lesbiennes, comment les faire vivre, les retranscrire, pour celleux qui les rejoignent aujourd’hui ? À la difficulté de la transmission s’ajoute le renouvellement des personnes qui composent la communauté. Ainsi, le problème majeur a été, on s’en doute, celui de la possibilité de queeriser un tel lieu : certaines femmes ont considéré la remise en question de leur catégorie de genre comme une véritable menace pour les terres. De profonds clivages, de la violence aussi, ont marqué ces terres lesbiennes, et, disons-le, la cisnormativité et la transphobie n’a pas épargné ces milieux. Par ailleurs, le profil des habitant·es de la terre de B. est souvent homogène : bourgeois ou de classe moyenne, hippie, anti-tech, et évidemment, blanc. À ce propos, je me souviens de cette fois où M. m’a raconté le passage d’une femme noire à B. Elle a conclu, en écarquillant les yeux : « C’était incroyable, nous l’avons traitée comme une reine. » J’aimerais que les personnes non blanches ne soient pas vues « comme des reines » et fétichisées à cause de leur rareté dans ces espaces. Aujourd’hui, cela change progressivement, et toutes sortes de minorités se réapproprient désormais ces espaces. Selon moi, le prolongement, l’héritage ou la critique des terres lesbiennes se font dans tous les mouvements queers qui s’installent en ruralité, qui se réapproprient ces savoirs et ces techniques liées à la paysannerie, que l’on a longtemps considérée comme traditionnelle, peu féministe et rigide. La queerisation rurale est un phénomène réel en France. Loin du projet de « management » dont elles ont fait l’objet, notamment par leur stigmatisation dans une culture artificielle de la fête et du sexe sans réflexion politique, les communautés LGBTQIA+ montrent qu’elles savent se constituer en vraie force anticapitaliste, tournée vers la subsistance. Ces migrations rurales sont en train de redéfinir la géographie des écolos radicaux·ales et des milieux autonomes, de défier la définition de la « nature » comme pureté écologique, et amènent des discussions concrètes sur les enjeux d’agriculture, d’élevage, de véganisme, bref, des possibilités de dessiner du nouveau sur des terres non pas vierges, mais héritières de mémoires. Les terres lesbiennes font partie de ces mémoires et ont ouvert des champs énormes pour penser la lutte comme autonomie et comme expérience communautaire liée à un territoire. Les chantiers en non-mixité dans les événements militants, les terres queers qui ont émergé à partir des événements violents à l’égard des personnes non binaires et trans au sein des terres lesbiennes, les projets communautaires qui visent à retaper des maisons et imaginer des écoquartiers, et, s’il faut mentionner des noms, Sylvestres, les Lentillères, Bure et toutes sortes d’autres lieux, sont porteurs de renouveaux queers ruraux et d’autres possibles écoféministes fertiles.
DANS MES BAGAGES
À lire
Yaëlle Amsellem-Mainguy, Les filles du coin. Vivre et grandir en milieu rural, Paris, Presses de sciences po, 2021.
Françoise Flamant, Women’s lands. Construction d’une utopie : Oregon, USA, 1970-2010, Donnemarie-Dontilly, iXe éditions, 2015.
Colin Giraud, « La vie homosexuelle à l’écart de la visibilité urbaine. Ethnographie d’une minorité sexuelle masculine dans la Drôme », Tracés. Revue de sciences humaines, n° 30, 2016.
Sand Hall, Amazon Acres. Your Beauty. Stories of Women’s Lands, Australia, Wollongong, Shall Publishing, 2016.
Constance Rimlinger, « Travailler la terre et déconstruire l’hétérosexisme : expérimentations écoféministes », Travail, genre et sociétés, vol. 42, no 2, 2019.
Catriona Sandilands, « Lesbian Separatist Communities and the Experience of Nature », Organization & Environment, vol. 15, no 2, juin 2022, p. 131-163.
À écouter
Clémence Allezard, « Sortir les lesbiennes du placard », ép. 3 : « Une terre à soi », LSD, la sériedocumentaire, France Culture, novembre 2019.
Charlotte Bienaimé, « Écoféminismes #2. Les terres de femmes », Un podcast à soi, Arte radio, 2019.
« Les gouines battent les campagnes », Gouinement lundi, 2021.
« Le féminisme est dans le pré », épisode 168 du podcast Quoi de meuf.
À regarder
Myriam Fougère, Lesbiana. Une révolution parallèle, 2012.
Francis Lee, Ammonite, 2020.
Spinstervale : Womyn’s Land on Vancouver Island, 2020.
Notes
- Prononcer « Tché-les-té ».[↩]
- Outre les travaux de Constance Rimlinger (« Travailler la terre et déconstruire l’hétérosexisme : expérimentations écoféministes », Travail, genre et sociétés, 2019/42), écouter le podcast « Une terre à soi », épisode de la série « Sortir les lesbiennes du placard », réalisée par Clémence Allezard, dans LSD, la série documentaire, France Culture, novembre 2019, ainsi que celui de Charlotte Bienaimé : « Écoféminismes, deuxième volet : retrouver la terre », Un podcast à soi, Arte radio, décembre 2019.[↩]
- Évidemment, cela est très simplifié, et l’histoire des lesbiennes séparatistes peut se retrouver depuis le xixe siècle au Texas, et dans plusieurs coins des États-Unis. C’est la politique de l’Oregon (qui permet de créer une ville quasiment ex nihilo) qui a favorisé la présence accrue des women’s lands. Pour plus d’informations, on peut se reporter au livre de Françoise Flamant, Women’s lands. Construction d’une utopie : Oregon, USA, 1970-2010, Donnemarie-Dontilly, iXe éditions, 2015.[↩]
- Le terme de « séparatisme » a une histoire toujours très houleuse ; il n’a jamais été revendiqué par les personnes concernées elles-mêmes, des lesbiennes radicales des années 1980 aux « lois séparatistes » de 2021. Les séparatistes lesbiennes l’ont donc été par rapport à une norme de féminisme hétéro, auprès duquel elles réclamaient une non-mixité, des espaces autonomes et une prise en compte réelle de l’hétérosexualité comme régime oppressif. « Ainsi, à l’inverse du MLF, dont la non-mixité (de femmes) est décrite comme un “principe révolutionnaire de base”, le “ghetto lesbien” est perçu comme “toujours enfermé dans une singularité, une ségrégation” », écrit Ilana Eloit. « Quand les lesbiennes étaient séparatistes. Non-mixité lesbienne et résistances féministes (1970-1980) », Metropolitiques, mars 2022 [consultable sur urlz.fr/iLLz].[↩]
- Plus j’écris, et plus je me dis qu’il n’y a que la morale cis hétéro et bourgeoise pour faire comme si le sexe ne devait pas faire partie de notre militantisme, comme s’il était juste lié à la fête et au superficiel (c’est d’ailleurs une accusation homophobe récurrente : pourquoi y’a-t-il besoin d’exhiber le sexe et la sexualité ? c’est quelque chose de privé, de sérieux, il ne peut pas être collectivisé de la sorte), comme s’il représentait un danger pour les lieux collectifs.[↩]
- Un projet de livre existe, mais il est au stade embryonnaire. Des données ont été accumulées depuis des décennies sur les parcours de femmes de passage sur la terre de B., et il y a la volonté d’en faire un recueil écrit de témoignages.[↩]